La dune Blanche de Dakhla est imposante, une fois arrivé sur place, lors d’un voyage de presse organisé par l’Office national marocain du tourisme (ONMT), le côté paisible du lieu invite à la balade. Les nombreux 4*4 déposent petit à petit les touristes, en majorité étrangers qui s’engouffrent vers le haut de la dune.
Le sable blanc, les vents forts donnent un côté majestueux à ce haut lieu touristique. Des flamands roses se reposent, au large de la lagune, puis s’envolent une fois que les visiteurs s’approchent pour les prendre en photo. Une fois en haut de la dune Blanche, un panorama de rêve se dessine. Un lagon, à l’eau claire et calme s’étend à perte de vue, immédiatement relié à l’océan atlantique tumultueux. Ce matin-là, la marée est basse, les touristes peuvent se promener à leur guise. Dans certains endroits, le sel laisse une couleur grise qui se mêle à la couleur du sable, d’une blancheur stupéfiante.
«Le site revêt un grand intérêt écologique, touristique, pour la ville de Dakhla. C’est un lieu incontournable dans les excursions de l’arrière pays de Dakhla, situé à 20 kilomètres de la ville des kite-surfers. La dune Blanche est surtout un port d’attache pour plusieurs oiseaux migrateurs», déclare à Yabiladi Daifallah Ndour, délégué régional du tourisme de Dakhla – Oued Eddahab.
La vue qu’offre la dune Blanche, une fois arrivé à son sommet. / Ph. Driss Senoussi
Toutefois, le responsable tire la sonnette d’alarme, puisque la dune blanche «ne bénéficie d’aucune protection». Pourtant, c’est un «site d’intérêt biologique et écologique (SIBE) inscrit à Ramsar (depuis 2003, la baie de Dakhla est inscrite à la convention internationale pour conserver les zones humides, ndlr)», ajoute le délégué régional du tourisme de Dakhla. La délégation régionale du tourisme ne reste pas les bras croisés, avec la direction de la culture, «nous avons amorcé un travail pour classifier le site en tant que patrimoine national, pour éviter tout dérapage éventuel, pour le protéger. Un consensus général existe entre tous les intervenants sur l’importance du site, sa particularité et sa protection», confie le responsable.
«Officieusement, les autorités et surtout le wali de la région interdit tout implantation de structures que ce soit de pêche ou autres. Tout le site est interdit à toute activité, à part les excursions et les balades pour les visiteurs. Bien entendu, les kiteurs, peuvent se promener comme ils le veulent.»
Chaque jour, une quarantaine de personnes viennent visiter la dune Bblanche. «Il faut compter dix 4*4, à raison de quatre personnes par véhicule. Le pic du mouvement touristique interne se situe lors de la période des vacances», précise Daifallah Ndour. Et d’ajouter : «60 à 70 % des touristes sont étrangers, pour la majorité des kiteurs, qui lorsque le vent est calme, profitent de l’aubaine pour des excursions à la dune Blanche.»
Deux touristes se promènent en haut de la dune Blanche. / Ph. Driss Senoussi
«Perte de 40% de la masse critique de sable»
Driss Senoussi, investisseur touristique et entrepreneur à Dakhla s’inquiète également pour l’avenir de la dune blanche. Il avoue à Yabiladi son appréhension d’une posible «disparition du site». Etant donné l’afflux de visiteurs quotidiens qui montent sur la dune, «Il y a une déperdition du sable ce qui fait qu’elle perd sa masse critique. Elle a perdu, depuis trois à quatre ans, 40%», indique Driss Senoussi. La dune Blanche, de part, son écosystème «fragile et important» est unique. «C’est un élément phare à Dakhla, le point le plus visité, plus que l’île du Dragon. C’est une bizarrerie de la nature, statique, qui si elle disparaît va impacter tout un écosystème. En marée haute, elle est complètement entourée d’eau», ajoute l’investisseur touristique.
Avec plusieurs locaux, Driss Senoussi s’engage dans la création d’une association pour «protéger le lagon et les sites comme la dune Blanche, pour pouvoir réguler les visites et demander aux gens de ne pas monter dessus, mais juste la contourner. Sinon, elle perdra son attrait touristique et les locaux l’ont compris depuis longtemps», confie l’entrepreneur.
«Quand je suis arrivé à Dakhla il y a dix ans, on sentait la puissance de la dune, alors qu’aujourd’hui, on a l’impression qu’elle est malade. Il y a trop de monde, vous avez plus de 40 personnes qui montent et descendent dans tous les sens, donc on lui enlève sa masse critique, on lui change sa forme. Avec le vent, le moindre petit grain de sable, dès qu’il est modifié, il y a des impacts qu’on n’imagine même pas.»
La dune Blanche, lors de la marée basse. / Ph. Driss Senoussi
Une zone d’escale et de halte pour des milliers d’oiseaux
Du côté des oiseaux migrateurs, une multitude d’espèces s’arrêtent à la dune Blanche. «C’est une zone d’intéraction entre plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs et des oiseaux locaux, des espèces marocaines», déclare à Yabiladi Sidi Imad Cherkaoui, professeur à l’université Moulay Ismail et docteur en ornithologie.
«C’est un point de rencontre entre des oiseaux paléartiques migrateurs qui viennent du nord pour passer l’hiver dans les zones plus chaudes, notamment les zones côtières du sud du Maroc, et les oiseaux afro-tropicaux qui se dispersent, qui ne sont pas migrateurs, qui viennent de l’Afrique de l’ouest et qui remontent vers le nord, notamment dans la zone de la dune Blanche. C’est une zone de rencontres entre les deux formes, une zone d’escale et de halte de plusieurs espèces migratrices, des milliers et des milliers d’oiseaux.»
Des flamands roses au large de la dune Blanche. / Ph. DR
On peut dénombrer de nombreuses espèces à observer, tels que les mouettes, les goélands, les flamands roses, etc. Mais aussi, la sterne royale qui est une espèce afro-tropicale. «Les flamands roses sont toujours en mouvement. Ils donnent l’impression qu’ils sont toujours là», conclut le scientifique.
La dune Blanche à Dakhla est un site qui marque profondément l’âme des amoureux de la nature. On en repart émerveillés, l’esprit apaisé d’avoir rencontré dans sa vie ce petit coin de paradis.