Après El Guerguarate, le Maroc est décidé à ouvrir un deuxième passage commercial avec la Mauritanie. Le tronçon routier, d’une longueur de 53 km, devant relier les deux pays, commence à prendre forme. Les travaux de réalisation de ce chantier, lancés discrètement en février 2024 par les Forces armées royales (FAR), sont bien avancés sur les photos du projet consultées par Yabiladi. Il ne reste que l’étape du revêtement de la route avec du bitume pour qu’elle soit ouverte à la circulation des voitures et des camions depuis Es-Smara vers la frontière mauritanienne.
Le ministère de l’Équipement travaille sur la réalisation de la route nationale n°17, qui relie Jederia, Farsia et Mahbes, sur 128 km, et sur la construction de la chaussée des routes nationales n°17 et 17B, entre Es-Smara et la frontière mauritanienne, sur 53 km, avec un investissement total de 215 millions de dirhams. Un chiffre officiel donné lors d’une récente visite du ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, dans la région Laayoune-Sakia El Hamra.
La sécurité de la voie est confiée aux FAR
Le projet de la route est permis grâce à l’extension du Mur des Sables, construite au lendemain de l’opération menée le 13 novembre 2020 à El Guerguerate par l’armée marocaine, avec l’approbation de Nouakchott, afin de sécuriser la frontière avec la Mauritanie contre les incursions faites par des éléments du Polisario. «Les Forces armées royales ont également pour mission d’assurer la sécurité contre d’éventuelles attaques du Front. Des drones des FAR devront surveiller les 53 km entre Es-Smara et la Mauritanie», confie à Yabiladi une source sécuritaire marocaine.
Les habitants des trois régions du Sahara attendent avec impatience la réalisation de cette route. En mars dernier, un député sahraoui du PAM, Sidi Saleh El Idrissi, a adressé une question écrite sur ce sujet aux ministres de l’Intérieur, Abdelouafi Laftite, et des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Le parlementaire voulait savoir la nature des dispositions prises par le Maroc pour garantir l’ouverture, dans les plus brefs délais, d’un nouveau passage commercial avec la Mauritanie, après celui d’El Guerguerate.
Le député a affirmé, de par son positionnement géographique, «la ville d’Es-Smara pourrait constituer un passage idoine pour les États du Sahel vers l’accès à l’océan Atlantique, conformément à la volonté du roi Mohammed VI», exprimée le 6 novembre 2023. Cette question écrite a été précédée par une réunion, tenue le 21 février à Rabat, entre Nizar Baraka et son homologue mauritanien, Mohamed Aly Ould Sidi Mohamed.
Ce projet a été révélé pour la première fois en septembre 2018 par l’ancien ministre de l’Équipement et des transports, Abdelkader Amara, lors d’une visite dans la région de Laayoune-Sakia El Hamra. Néanmoins, les conditions sécuritaires et politiques n’étaient pas encore propices à sa mise en œuvre. Il a fallu attendre l’opération du 13 novembre 2020 à El Guerguerate pour que la donne change. Le Polisario est, depuis, privé d’accès à ce qu’il appelle les «territoires libérés». Un haut responsable du Front a même révélé que «la république sahraouie a perdu 40 km² de ces territoires libérés».