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Virage islamophobe dans une ville à Murcie, des célébrations musulmanes interdites

Virage islamophobe dans une ville à Murcie, des célébrations musulmanes interdites

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Les installations municipales de Jumilla sont désormais interdites d’usage à des fins de célébrations religieuses musulmanes, principalement la fin du ramadan (Aïd el-Fitr) et la fête du sacrifice (Aïd el-Adha). Au cœur de cette ville de 27 000 habitants dans la région de Murcie (sud de l’Espagne), la mesure approuvée par les voix des élus du Parti politique (PP) au sein du conseil de la municipalité crée la polémique, d’autant qu’elle a été proposée par l’unique conseiller local de la formation d’extrême droite, Vox. Ironie du sort, celui-ci s’est abstenu du vote, selon le quotidien El País.

Ce jeudi 7 août, le média espagnol a qualifié l’initiative d’«islamophobie institutionnelle», qui révèle un soutien du PP à «la rhétorique discriminatoire de Vox dans les institutions publiques». En tout, la décision concerne près de 1 500 musulmans que compte la ville de Jumilla parmi ses habitants, soit une minorité dans une région connue pour accueillir un nombre important de membres de la communauté marocaine. Dans le pays, le nombre de pratiquants de l’islam est estimé à 2,5 millions de personnes, dont un peu plus d’un million sont de nationalité espagnole, selon l’Observatoire andalou relevant de l’Union des communautés islamiques du royaume ibérique.

La version approuvée du texte est bien différente de la motion initiale dont de nombreux termes ont été supprimés, certes. Pour autant, elle incarne une nouvelle expression xénophobe de l’extrême droite, dans un contexte déjà tendu depuis la récupération politique des récentes violences à Murcie. Durant les années précédentes, ce sont surtout les installations sportives municipales qui ont été mises à la disposition pour les prières des deux célébrations majeures. Au niveau local, la mesure désormais approuvée prend des allures d’entrave à la liberté de religion et de culte, reconnue dans l’article 16 de la Constitution sans entraves.

De plus, les espaces publics et municipaux abritent souvent des manifestations religieuses ancrées dans les pratiques culturelles en Espagne, à l’image des processions chrétiennes. Dans la motion, le PP évoque sa volonté de «préserver les valeurs et les manifestations traditionnelles» de l’«identité culturelle» locale, mais il fait l’impasse sur le fait que celle-ci porte en elle huit siècles d’Histoire arabo-musulmane et un passé juif.

Présidente de l’Association des travailleurs immigrés marocains (ATIM) dans la région de Murcie et vice-présidente nationale, Sabah Yacoubi a en effet réagi à la mesure votée en pointant une antinomie historique, doublée d’un référentiel xénophobe et islamophobe. Dans une déclaration parvenue à Yabiladi dans ce sens, la militante dénonce une initiative «inacceptable».

Rétablir les faits historiques et les principes de la Constitution

Selon Sabah Yacoubi, «interdire les fêtes religieuses musulmanes dans l’espace public n’est pas une simple décision administrative ; c’est une discrimination pure et simple contraire à la Constitution et aux accords signés par l’État lui-même avec la Commission islamique en 1992». Ayant réagit également via les réseaux sociaux, la militante souligne que «ce discours sur les ‘activités étrangères à l’identité du peuple’ est faux et dangereux».

«Depuis quand l’utilisation des processions de la Semaine sainte dans les rues est-elle remise en question ? Qui décide de ce qu’est ‘l’identité du peuple’ ?», a-t-elle fustigé auprès de notre rédaction, rappelant que les «plus de 1 500 de musulmans vivant à Jumilla paient des impôts et font partie de la communauté». «Ils ont le même droit que quiconque d’utiliser l’espace public pour leurs célébrations», a-t-elle plaidé, ajoutant que «l’islam fait bel et bien partie de l’Espagne et le nier revient à nier près de huit siècles d’Histoire».

L’associative rappelle justement que «l’héritage andalou réside dans notre culture, notre langue, notre architecture et nos traditions : il n’est pas étranger, il est nôtre et tenter de l’effacer est un révisionnisme qui ne cherche qu’à semer la haine». Dans ce sens, elle souligne qu’en 2013 déjà, la Cour suprême espagnole a «clairement indiqué que les conseils municipaux ne pouvaient légiférer» contre le principe constitutionnel de la liberté religieuse. Conformément à ces dispositions, la juridiction a précédemment invalidé même des arrêtés interdisant le port de la burqa à Lérida et dans d’autres municipalités.

Soulignant le contexte plus global de ce vote, quelques semaines après les attaques racistes ayant suivi les violences de Torre Pacheco à Murcie, Sabah Yacoubi s’inquiète d’une mesure qui n’est pas un fait isolé. «Des discours et des politiques islamophobes sont testés sous couvert d’une prétendue défense de ‘ce qui nous appartient’. Il s’agit d’une expérience politique d’exclusion, un laboratoire du racisme institutionnel», déplore encore la militante.

Partant du «principe d’égalité devant la loi et le respect de la diversité démocratique», l’associative s’inquiète d’un «prélude» auquel il est nécessaire de «mettre fin à temps», avant de le voir repris au niveau d’autres municipalités espagnoles.





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