Après 24 ans passés loin de son pays natal, Hanane Sanoussi, une expatriée marocaine, est revenue de France au Maroc avec un projet ambitieux : investir dans un projet de franchise de restauration Bio, inclusif, humain, pensé pour les personnes atteintes de pathologies métaboliques.
Le concept 100% Marocain repose sur l’utilisation exclusive de «l’énergie électrique uniquement, respectueuse de l’environnement, des normes sanitaires, et des horaires de tranquillité», a précisé Hanane dans un entretien avec Yabiladi. Elle prévoyait la création d’une dizaine d’emplois pour le premier établissement, prévu dans le quartier Racine à Casablanca.
Cependant, le lancement du projet a rencontré des obstacles inattendus. Quelques jours après avoir obtenu le permis de travail, dont Yabiladi a pu consulter une copie, Hanane a été surprise le 5 août par l’arrivée inopinée d’un comité composé de représentants municipaux, de l’urbanisme, de la direction et de la protection civile. Sans préavis ni ordre de mission, ce comité s’est contenté d’observer et d’inspecter, ignorant les documents présentés par Hanane, avant de repartir.
«J’ai reçu un appel tard dans la nuit du ‘cheikh’, m’informant que la ‘caïdat’ viendrait inspecter les lieux le matin et me demandant d’ouvrir le local. À mon arrivée, j’ai été surprise par la venue du comité, sans aucune demande officielle, et je n’ai pas pu faire venir mon ingénieur architecte pour expliquer la situation.»
Hanane Sanoussi
Une administration intansigeante
Deux jours plus tard, elle a reçu un procès verbal, également consulté par Yabiladi, exigeant l’arrêt immédiat des travaux pour une infraction relative à l’installation d’un banc intérieur à 40 cm du mur et la modification de la façade, «alors que les travaux n’avaient pas encore commencé», selon elle. Hanane a soutenu ses dires avec des documents, dont un rapport d’inspection judiciaire, des photos datées et un plan cadastral.
«J’ai refusé de signer le rapport qui m’obligeait à arrêter les travaux sans délai de grâce ni proposition alternative. Je me suis vraiment sentie injustement traitée.»
Hanane Sanoussi
Elle s’est rendue à l’arrondissement de Casablanca dont elle dépend avec toutes les preuves, mais dit n’avoir obtenu qu’un renvoi sans solution, et une demande renouvelée d’arrêt des travaux, malgré un bail autorisant «toutes les activités commerciales» et un permis dûment signé.
Le voisinage mécontent
Hanane explique que le comité s’est basé sur une faille dans la façade incluse dans le plan de développement de 2016, mais selon elle, la façade n’a jamais été réalisée comme prévu. Elle affirme avoir «des preuves montrant que la façade n’a subi aucune modification, ni depuis que le propriétaire a acquis le bien, ni depuis que j’ai commencé à l’utiliser. Mais je n’ai trouvé aucune écoute de la part de l’administration et des autorités».
Elle a appris la nécessité de soumettre une demande de modification uniquement après ses propres recherches, ce que son ingénieur architecte a fait en déposant un nouveau dossier, toujours en cours d’examen.
Sanoussi pense que le retard est lié à l’opposition d’un «voisin influent, qui est également le président du syndic de copropriété», affirmant qu’il lui a fait part de sa volonté d’empêcher toute activité de restauration dans l’immeuble, allant jusqu’à envoyer un message Whatsapp indiquant qu’il avait pris les mesures nécessaires pour stopper toute activité de ce type. Elle note qu’elle n’a reçu aucune notification officielle à cet égard.
«Je suis une simple Marocaine résidente à l’étranger revenue avec de bonnes intentions et un désir d’investir, mais je fais face aujourd’hui à des obstacles que je ne sais comment surmonter».
Hanane Sanoussi
Yabiladi a contacté le président de syndic de l’immeuble où se trouve le local commercial, qui a donné sa version des faits : «Il n’y a encore aucune décision qui ait été prise. Nous avons soumis une lettre aux autorités, mais nous ne prenons pas la décision, c’est à la commission de prendre une décision finale.»
Il a précisé que toutes les personnes de l’immeuble ne veulent pas de restaurant en bas de chez eux. «Nous habitons dans une impasse, sans place pour garer nos voitures. Les habitants du rez-de-chaussée se retrouveraient dans une situation difficile. Le local est petit, il n’y a pas de sortie de gaz, et qu’il soit électrique ou non, il y aura tout de même des odeurs, puisqu’il n’y a pas de système d’aération».
Depuis le début, ce local était destiné à «accueillir une librairie, une pharmacie ou un petit commerce. En revanche, y installer une activité de restauration serait très compliqué pour le voisinage. Dans tous les cas, nous y sommes opposés» a ajouté.
«Avant même de consulter le voisinage, les autorités doivent vérifier si le bâtiment est capable d’accueillir un restaurant. Or, notre immeuble a été construit sans conduits d’aération. Un restaurant nuirait donc à notre bien-être.»
Président du syndic de copropriété
Yabiladi a tenté en vain de contacter les autorités compétentes afin d’obtenir leur version de l’affaire et des explications sur la décision d’arrêt immédiat des travaux.