La polémique autour du genre de la boxeuse algérienne Imane Khelif fait encore des vagues. Récemment ciblée dans ce contexte, la boxeuse marocaine Oumaima Belhabib a saisi la justice française, mercredi 7 août, pour «cyberharcèlement», «insultes», «menaces de mort» et «diffamation», a indiqué une source policière au journal Le Parisien.
Contactée par la même source, la boxeuse marocaine résidente en France a confirmé avoir reçu de nombreux messages haineux et menaçants via les réseaux sociaux, de la part d’internautes qui l’accusent d’être à l’origine de la polémique autour de Khelif.
Depuis le début des Jeux olympiques de Paris (JO 2024), la boxeuse algérienne est au cœur d’une polémique concernant son genre sportif. Tantôt pointée pour être «un homme», tantôt qualifiée de «transgenre», elle a subi une campagne de harcèlement depuis l’abandon de son adversaire italienne, Angela Carini, jeudi 1er août en huitième de finale des -66 kg.
L’exclusion de Khelif des championnats du monde de sa discipline, après le test hormonal de la Fédération internationale de boxe (IBA) en 2023, a alimenté la polémique concernant sa participation olympique.
Des contenus haineux quotidiens depuis le 1er août
La boxeuse marocaine de 27 ans a déclaré avoir reçu des milliers de messages menaçants et insultants sur les réseaux sociaux. Depuis le 1er août, jour des huitièmes de finale où Khelif a confronté Caini, Oumaima Belhabib dit avoir reçu «plus de 200» messages par jour. Elle fait état aussi de «contenus violents» incluant «[son] identité et [son] visage».
Sportive professionnelle, Omaima Belhabib est également membre du Comité des athlètes de l’IBA, la même instance qui a exclu Imane Khelif et son homologue taïwanaise Lin Yu-Ting, il y a un an, sur la base de tests hormonaux établissant leur genre. La fédération a en effet décrété l’inéligibilité d’Imane Khelif et de Lin Yu-Ting, en raison d’«un taux élevé de testostérone» dans l’organisme.
Dans le temps, l’IBA a souligné que les deux athlètes n’avaient pas contesté la décision de leur éviction. Pour autant, leur participation aux JO est bien possible, puisque le Comité international olympique (CIO) ne reconnaît pas cet examen.
?BREAKING UPDATE?
The @IBA_Boxing has released a statement on the 2023 disqualification of Khelif and Lin from the Women’s World Boxing Championship.
In the statement, the IBA explicitly notes that the two boxers did NOT undergo a test examining their testosterone levels.… pic.twitter.com/VCLpqcFdTu
— REDUXX (@ReduxxMag) July 31, 2024
«On me reproche d’être à l’origine du complot contre Imane car je serais sa concurrente, car je suis marocaine et car je suis membre de l’IBA», a déclaré Omaima Belhabib au journal Le Parisien, en déplorant le fait d’être devenue «un bouc émissaire» et de se trouver «lâchée» par les autorités.
Les médias algériens questionnés sur leur rôle
Outre les réseaux sociaux, les médias algériens ont publié de nombreux articles dénigrant Omaima Belhabib. Le site Awras l’a taxée, avec «d’autres membres influents de nationalité marocaine», d’avoir mené une «campagne acharnée contre Imane».
Surfant sur cette vague, le site Aljazair Alyoum a argué pour sa part que «le bureau exécutif de l’IBA, qui n’a pas de légitimité internationale, inclut trois membres marocains, à savoir Nabil Hilmi, Abdeljaouad Belhaj et Omaima Belhabib, ce qui explique l’attaque visant la championne algérienne et la campagne de dénigrement dont elle a fait l’objet». Or la décision d’exclusion de l’IBA a été décidée lors d’un vote du conseil d’administration où le seul représentant marocain, Abdeljaouad Belhaj s’était abstenu. Omaima Belhabib n’a pas pu voter puisque non membre du CA.
Cette volonté d’impliquer des acteurs marocains dans la polémique est contredite par le représentant algérien auprès des Nations Unies qui est intervenu après le représentant russe pour défendre la boxeuse algérienne et dénoncer sans citer la Russie, les manoeuvres qui «servent un agenda politique».
Les médias algériens ont pris l’habitude de pointer du doigt le Maroc pour chaque échec sportif auquel leur pays est confronté.