La militante n’a pas pu prendre part le 18 juin dernier à une réunion à la préfecture de la Charente parce qu’elle portait un foulard sur la tête. Elle explique à Charente Libre le déroulement des faits. « Nous avions rendez-vous à 14 h. J’ai d’abord déposé ma directrice adjointe, Johanna Ream, devant les grilles, avant d’aller chercher une place de stationnement puisque nous avions quelques minutes de retard. Je reviens et je passe le premier portillon de la préfecture. J’entre dans le hall, j’émarge et on me fait patienter », détaille-t-elle.
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Ilham Bouhadjar est ensuite conduite vers Juliette Bruneau, sous-préfète de Confolens qui lui fait comprendre « qu’elle ne peut pas me laisser entrer parce que j’ai un voile sur la tête ». « Elle avait l’air extrêmement gênée… Je lui rétorque instantanément que c’est un foulard. Elle m’a expliqué ‘qu’avec ce qui se passe’ (le contexte électoral, NDLR), je ne pouvais pas participer à la réunion ».
La coprésidente d’Emmaüs Ruffec s’est dite « dévastée » et « émiettée » après ces propos de Juliette Bruneau. « Je m’effondre, je lui rappelle que je suis déjà venue en préfecture, que nous nous sommes déjà rencontrées, que j’accepte d’entrer sans prendre la parole, rien n’y fait », raconte la militante qui ajoute être restée pendant quinze minutes « sur les marches, en pleurs, la sous-préfète à mes côtés », puis deux heures « sur le parvis » à attendre sa directrice adjointe qui a participé à la réunion.
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Entre-temps, Ilham Bouhadjar a informé Julien Gendreau, directeur d’Emmaüs Ruffec, de l’incident. À son tour, ce dernier a alerté Bruno Morel, président d’Emmaüs France, qui a adressé le 20 juin une « demande de clarification » à la préfète Martine Clavel. Dans cette lettre, Bruno Morel condamne cet « acte discriminatoire ». Il affirme qu’« aucun texte juridique ne semble justifier ce refus d’accès », rappelant que « le port des signes religieux n’est interdit que dans les écoles, collèges et lycées » et que l’obligation du respect du principe de laïcité faite aux fonctionnaires publics « ne s’applique pas aux usagers des services publics. »
De son côté, la préfecture explique qu’Ilham Bouhadjar, en tant que « bénévole au sein d’Emmaüs Ruffec », « doit être regardée comme investie d’une mission de service public ». Dans sa réponse à la lettre de Bruno Morel en date du 27 juin, la préfète précise que la militante est « soumise au strict devoir de neutralité », car elle a été invitée à la réunion « en qualité de conseillère France Services ». « Moi, je suis bénévole, l’État ne me paye pas ! Soudainement, on m’a réduite à mon foulard », rectifie Ilham Bouhadjar.