Ce mercredi 18 décembre, le tribunal correctionnel d’Agen a condamné une exploitante agricole du Lot-et-Garonne à trois ans de prison avec sursis et 50 000 euros d’amende pour traite d’êtres humains, rapporte France3 Nouvelle Aquitaine. Une douzaine de travailleurs étrangers ont témoigné des conditions indignes dans lesquelles ils ont été contraints de travailler : logements insalubres, salaires dérisoires, interdiction de quitter l’exploitation, et menaces de renvoi au Maroc.
Parmi eux, Oussama, 20 ans, raconte son calvaire : «Sur mes temps de repos, je n’avais pas le droit de bouger. Tu travailles ou tu restes à la maison, sinon tu retournes au Maroc.» Ces travailleurs, attirés en France par des promesses de meilleures opportunités, ont souvent vu leurs familles payer jusqu’à 10 000 euros pour leur passage. «C’est l’exploitation de l’homme par l’homme dans un état de vulnérabilité extrême», souligne Me Younes Derkaoui, avocat des parties civiles.
Si l’exploitante a été reconnue coupable, certains regrettent que les responsabilités soient limitées à elle seule. «Son mari, intermédiaire au Maroc, n’a jamais été inquiété», déplore Me Elea Cerdan, avocate de l’accusée. Ce procès met en lumière une chaîne d’exploitation systémique qui sévit depuis des années dans la région Nouvelle-Aquitaine.
Malgré une peine inférieure aux réquisitions du parquet, les victimes espèrent avant tout obtenir la reconnaissance de leur statut et une régularisation. «La sérénité d’une vie normale sur le territoire leur suffit», confie Me Derkaoui.
Pour Michelle Darroman, déléguée CGT, ce jugement doit encourager d’autres travailleurs à dénoncer ces pratiques inacceptables, dans une région où les affaires similaires se multiplient.
En effet, ce verdict s’inscrit dans un contexte où, en quelques jours, plusieurs condamnations ont été prononcées pour des faits similaires. Un couple a été écroué, ce vendredi 13 décembre, après le dépôt de plainte de 22 victimes pour traite d’être humain. Ce mardi 17 décembre, un homme de 54 ans a également été condamné à trois ans de prison ferme pour avoir exploité une vingtaine de travailleurs viticoles marocains.