Dans les Côtes-d’Armor, Souhail Bouguerba, un Marocain de 32 ans en situation irrégulière, a décidé de rompre le silence. Après deux années à travailler sans contrat dans un restaurant de Saint-Brieuc (Bretagne), il accuse son employeur de l’avoir exploité sous la promesse d’une régularisation qui ne viendra jamais.
Arrivé en France en 2015 avec un visa touristique, il a enchaîné les postes non déclarés, souvent rémunéré quatre euros de l’heure. En 2023, un restaurateur franco-marocain lui propose un emploi et promet de l’accompagner dans ses démarches administratives. Mais derrière la promesse, Souhail dénonce un quotidien harassant : des semaines de 55 heures, une rémunération dérisoire remise au noir, des tâches multiples et l’humiliation. «Il criait souvent sur moi. Je venais travailler même quand j’étais malade. Des clients s’inquiétaient pour moi», confie-t-il au Parisien.
En mars dernier, sans explication, son patron lui informe par SMS de ne plus revenir. «J’avais la rage, je n’ai pas dormi durant trois nuits», révèle Souhail. Trahi et désemparé, il saisit alors les prud’hommes et dépose plainte auprès du procureur pour « travail dissimulé » et « soumission à des conditions de travail indignes ». Une obligation de quitter le territoire français lui est aussitôt notifiée. « Je suis déterminé à aller jusqu’au bout », affirme-t-il. Son frère, resté au Maroc, finance ses frais d’avocat.
Aujourd’hui, il espère que sa prise de parole encouragera d’autres jeunes Marocains à briser l’omerta. « Je connais trois personnes dans la même situation que moi, également dans la restauration à Saint-Brieuc. Dans les secteurs en tension, les patrons profitent un max. »
De son côté, le restaurant est resté silencieux, informe le journal français.