Les coupes budgétaires annoncées par Donald Trump menacent-elles le fonctionnement de la MINURSO ? Un think tank américain influent, proche des Républicains, pousse ouvertement le président à réduire l’engagement financier des États-Unis dans les missions onusiennes de maintien de la paix, jugées inefficaces. «Trump et l’ONU pourraient économiser des milliards en mettant fin à ces opérations», affirme l’American Enterprise Institute (AEI).
Une mission qui s’enlise depuis plus de 30 ans
L’AEI prend l’exemple du Sahara occidental, où la MINURSO a été déployée en 1991, par le Conseil de sécurité de l’ONU, pour organiser un référendum d’autodétermination. Plus de trois décennies et des milliards de dollars plus tard, la mission n’a toujours pas abouti. «Après 34 ans, elle n’a même pas procédé à un recensement complet. Elle avance des excuses, certaines valables, d’autres non, mais le temps passe», critique le think tank dans son rapport.
En réalité, dès janvier 2000, l’ONU avait mis un terme au mandat de la Commission chargée d’identifier les électeurs du scrutin référendaire. Après six ans de travaux, seuls 2 130 votants sur 51 220 requérants avaient pu être recensés, illustrant les blocages persistants du processus.
L’argument avancé par l’AEI n’est pas nouveau. John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale de Trump, avait déjà exigé en 2018 que la MINURSO rende des comptes aux États-Unis. Mais cette fois, l’AEI met en avant une autre justification : le financement de la mission va à l’encontre de la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, actée par Trump en décembre 2020.
Dans cette logique, l’AEI considère que continuer à financer la MINURSO reviendrait à trahir la position américaine, en contradiction avec les Accords d’Abraham.
Une critique virulente du Polisario et de l’ONU
Dans un ton résolument pro-marocain, le centre de recherche affirme que «les Sahraouis eux-mêmes souhaitent rejoindre le Maroc», mais que le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, les en empêche. Selon l’AEI, les réfugiés des camps de Tindouf, en Algérie, sont privés de la liberté de rejoindre le Maroc avec leurs familles.
Le think tank va plus loin en accusant l’ONU de «perpétuer le problème», en finançant ces camps et en renforçant la légitimité du Polisario. Une critique cinglante qui relance le débat sur l’avenir de la MINURSO.
Dans les prochaines semaines, la question sera sur la table du Conseil de sécurité de l’ONU, où l’administration Trump devra clarifier sa position. En attendant, certains médias proches du Polisario misent sur un revirement de Washington.