Mustapha Elkhaloua a décidé de faire de sa passion pour les souvenirs d’antan un projet unique. En collectionnant des articles parmi les produits des étalages dans les années 1970 et 1980, il a créé un espace qui est devenu, au fil des ans, une véritable boîte à souvenirs pour toute une génération.
Né en 1989 à douar Sidi Abdelaziz près de Sidi Slimane, Mustapha collectionne des consommables en vogue dans les années 1980. Il s’agit de bouteilles de soda, de boîtes d’allumettes et de jouets, mais aussi de tout produit qui a fait partie intégrante de l’enfance de nombreuses personnes ayant grandi au Maroc de l’époque.
En entrant dans le «hanout» de Mustapha, les visiteurs sont ainsi ramené quarante ans en arrière. Les étagères, en bois simple, sont ornées d’anciens emballages aux couleurs et aux motifs d’origine, avec les slogans publicitaires qui rappellent le style marketing de l’époque, ainsi que les habitudes de consommation des denrées industrialisées, entre agroalimentaire, produits de nettoyage, d’hygiène ou de bien-être.
«Je suis passionné par la collection de ce genre d’objets depuis mon plus jeune âge. En 2010, j’ai trouvé une lampe traditionnelle sur un marché et je l’ai achetée. Ce moment a transformé ma fascination pour les objets anciens en une passion pour la collection», a-t-il déclaré à Yabiladi.
Un musée sur les habitudes de consommation dans les années 1980
Mustapha se procure ses produits vintage «dans les souks du Maroc et je me rends chez les propriétaires d’anciennes épiceries aujourd’hui fermées, dans l’espoir de trouver des produits qu’ils ont encore».
«Parmi les objets que j’ai récupérés, il y a des bouteilles d’huile en fer blanc et en verre vendues sur les marchés marocains dans les années 1970 et 1980, ou encore des bidons de lessive qui coûtaient autrefois 20 centimes», raconte Mustapha, qui a transformé son ancienne maison familiale de Sidi Abdelaziz en un petit musée, aux allures de boutique vintage.
«Je ne collectionne pas les bouteilles ou les canettes vides ; tous les objets rassemblés sont originaux, pleins et inutilisés», dit-il, soulignant que chaque article de sa «taverne» patrimoniale raconte une histoire unique.
«Par exemple, j’ai longtemps cherché La Cigogne, un. En 2023, j’ai rencontré un épicier qui avait fermé boutique. Quand je lui ai parlé de ma collection, il m’a dit qu’il avait des bouteilles. Mais une fois qu’il a vu mon vif intérêt, il a commencé à esquiver et à temporiser», se souvient-il.
«Il existe une fausse idée selon laquelle les sodas vintage valent une fortune, alors il a refusé de m’en vendre, espérant gagner plus d’argent. Finalement, il m’a vendu une bouteille et m’a promis de me fournir le reste plus tard. Je lui ai rendu visite pendant cinq semaines, et alors que nous étions enfin d’accord sur un prix, je suis revenu un matin pour découvrir que la boutique avait pris feu et s’était effondrée», se rappelle le collectionneur.
Une communauté de collectionneurs s’organise
Un an plus tard, lors d’une visite à Berkane, Mustapha publie une vidéo sur les réseaux sociaux au sujet de sa collection. Un internaute lui répond que son père possède des bouteilles de La Cigogne datant des années 1980.
Le collectionneur achète tout le stock et entre en contact avec de nombreux autres passionnés, qui font souvent du troc et s’échangeant des objets excédentaires contre des trouvailles rares.
Mustapha souligne que sa boutique, qu’il agrandit depuis 15 ans, attire un nombre croissant de visiteurs, dont de nombreux Marocains résidant à l’étranger qui viennent y retrouver leurs souvenirs d’enfance.
Cet espace n’est d’ailleurs pas une épicerie commerciale, mais plutôt une fenêtre sur le passé. Il offre aux visiteurs une chance de renouer avec les décennies passées, ou de découvrir un style de vie bien plus simple et moins effréné que celui d’aujourd’hui.