La dépouille d’Aziz Benharref a été inhumée, dimanche à El Jadida, après un rapatriement depuis Lisbonne, sous instructions royales selon Hespress. Le ressortissant maroco-canadien fait partie des 16 morts de l’accident du funiculaire, survenu le 3 septembre dans la capitale portugaise.
Agé de 42 ans, le défunt vivait à Orléans (Ottawa). Il était en vacances au Portugal avec son épouse Hind Iguernane, elle-même survivante de l’accident. La veuve a plus tard raconté comment ce qui avait commencé comme une escapade romantique s’était soudainement transformé en cauchemar.
Auprès de Radio Canada, la jeune femme a témoigné en effet comment son mari lui avait sauvé la vie par un simple geste. Le couple avait pris le célèbre funiculaire Gloria, sans savoir que ce serait son dernier trajet à deux. Depuis son lit d’hôpital à Lisbonne, elle se souvient comment Aziz avait insisté pour tenter l’expérience. «Je ne suis pas aventureuse et je n’aime pas l’imprévu», dit-elle.
Le témoignage douloureux d’une veuve
Vers 18 heures, le couple est entré dans la cabine en bois et s’est installé à l’arrière, avant de prendre un selfie. Les deux touristes ont ensuite changé de place, pour que Hind puisse s’asseoir plus confortablement près de la fenêtre. Quelques instants plus tard, elle a entendu un bruit étrange.
L’épouse a admis se sentir mal à l’aise et a fait part de sa peur à son mari, qui a essayé de la rassurer. Elle a ensuite remarqué le conducteur, visiblement paniqué et en lutte pour reprendre le contrôle du volant, ses lunettes de soleil tombant au sol.
Ce qui s’est passé ensuite reste flou. «Tout est allé si vite, il y avait des cris partout», se souvient-elle. Le funiculaire, incapable de s’arrêter, a dévalé la pente avant de s’écraser violemment contre un bâtiment.
«J’ai ouvert les yeux et crié le nom d’Aziz», a-t-elle Hind. «Je ne pouvais pas me retourner car il y avait une sorte de poutre qui nous séparait. Je pouvais voir la couleur de son t-shirt du coin de l’œil. Il n’y avait pas de sang, mais c’était son dos. J’ai tendu la main et crié à l’aide».
Hind a ensuite perdu connaissance, avant que des passants ne l’extraient et l’emmènent à l’hôpital. Dans le chaos, elle a perdu son téléphone et n’a pas pu contacter sa famille. «La seule chose que je voulais retrouver, c’était mon mari», confie-t-elle.
Incapable de se souvenir des numéros de téléphone, elle a finalement réussi à envoyer un e-mail à son frère au Canada, qui a lancé des appels sur les réseaux sociaux, tandis que des amis cherchaient Aziz dans les hôpitaux de Lisbonne. «J’ai prié pour lui et espéré qu’il était vivant. Mais la première nuit, rien. La deuxième nuit, rien. Le troisième jour, le soir, j’ai su. C’est son frère qui me l’a dit, avec un psychologue sur place. J’avais le cœur brisé», a témoigné Hind.
Vivre avec le traumatisme
Aziz avait déménagé au Canada six ans plus tôt avec Hind, résidente permanente. Ils avaient rêvé de construire une vie ensemble. «C’était un homme généreux, un bon vivant», se souvient-elle. Pour l’instant, la veuve se concentre sur sa guérison, ayant une hanche cassée qui l’empêche de marcher.
Même de courts trajets en ambulance à Lisbonne déclenchent des souvenirs douloureux. «Lisbonne est tout en descente. Cela me donne exactement le même sentiment de panique que le jour de l’accident», dit-t-elle.
Autorisée à voyager à Casablanca, Hind y poursuivra son traitement. «Je ne pense pas à mon avenir. Contrairement à ma nature, j’ai appris à prendre les choses au jour le jour, minute par minute. Il me manque terriblement. J’entends sa voix, je vois son visage sur des photos et maintenant ce ne sont que des souvenirs. Je veux dire aux gens : profitez vraiment de la présence de vos proches», a déclaré la survivante.
De retour au Canada, les amis et collègues de Hind ont lancé une campagne GoFundMe pour la soutenir. Gérée par son frère, la cagnotte vise à couvrir les frais médicaux, ainsi que les besoins essentiels et quotidiens pendant cette période de sa convalescence.