Vous avez obtenu la majorité des votes au premier tour mais la faible participation vous oblige à un second tour. Comment expliquez-vous cette faible participation par rapport au contexte politique qui a conduit à une forte mobilisation en France ?
Je préfère souligner l’évolution positive de la participation. Avec plus de 28% des inscrits, c’est la plus forte mobilisation jamais enregistrée dans notre circonscription, doublant celle des législatives de 2022 et de 2017. Cela démontre l’intérêt de nos compatriotes de l’étranger pour les enjeux nationaux. Certains électeurs se sentent éloignés de la politique française et les contraintes logistiques ne facilitent pas le vote. Je me félicite de l’existence du vote électronique et je reste convaincu que chaque voix compte, c’est pourquoi je mène une campagne de terrain active !
Au vu des résultats du premier tour au niveau national (33,1% pour le RN) et de la banalisation de la parole et des violences racistes qui en découlent, comment envisagez-vous l’avenir des relations diplomatiques entre la France et le Maroc, ainsi que l’impact sur les deux diasporas ?
La montée de l’extrême droite et la banalisation du racisme menacent notre société et affaiblissent la place de la France dans le monde. Le RN attaque frontalement les binationaux. Demandons leur avis aux trois millions de Marocains de France. Combien sont-ils à souhaiter un gouvernement d’extrême droite ? Un gouvernement RN serait un désastre, tant pour la France que pour le Maroc. Leur incompétence économique les pousserait à désigner des bouc-émissaires, notamment les immigrés et leurs descendants. Quant au prétendu soutien de l’extrême droite au Maroc sur la question du Sahara, il ne s’agit que d’un jeu de tactique sans substance. Le Rassemblement national n’a rien à offrir au Maroc. J’ai assez dénoncé le chantage aux visas du pouvoir macroniste pour ne pas être dupe du nouveau chantage diplomatique de Marine Le Pen et Eric Ciotti sur l’immigration. Il est urgent de rebâtir des relations diplomatiques saines entre la France et le Maroc, sur une base de respect mutuel et de coopération.
La montée de l’extrême droite à Marrakech et Agadir, avec l’obtention de résultats importants pour Elodie Charron du RN (21% et 24%), vous inquiète-t-elle et quelles mesures concrètes proposez-vous pour contrer l’influence de l’extrême droite dans ces régions ?
Ces résultats de l’extrême droite sont effectivement préoccupants, d’autant plus qu’ils ont été obtenus avec une candidate «fantôme» qui n’a pas fait campagne. Le RN tente de surfer sur le malaise social des Français les plus vulnérables, sans pour autant avancer de solutions concrètes. De mon côté, je m’engage à améliorer les services publics des Français de l’étranger, pour leur couverture santé et pour l’école de leurs enfants.
Dans votre programme, vous proposez de rendre l’éducation française accessible à tous les enfants français à l’étranger, notamment en assurant la gratuité pour les familles modestes et en refondant le système de bourses. Comment comptez-vous financer ces mesures et garantir qu’aucun enfant ne soit exclu du système éducatif français à l’étranger ?
Je propose un «bouclier financier» pour nos compatriotes plutôt qu’une gratuité totale. Mon projet vise à réformer le système de bourses en se basant sur le reste à charge plutôt que sur le montant des frais de scolarité. Les familles les plus modestes bénéficieraient d’une exonération totale, tandis que les autres auraient la garantie de ne pas consacrer plus de 20% de leurs revenus aux frais de scolarité. Pour financer cette mesure, il est nécessaire d’augmenter le budget de l’AEFE, gelé depuis trop longtemps.
Comment comptez-vous mettre en place le rattachement territorial et faciliter le retour en France des expatriés, plus particulièrement pour le logement et la Sécurité sociale ?
Je défends plusieurs mesures concrètes : l’attribution d’un numéro de sécurité sociale dès la naissance, la création d’un statut de résidence d’attache, une «garantie Visale» spécifique pour les retours en France, et la suppression du délai de carence. Ma proposition de loi sur le rattachement territorial des Français à l’étranger est quasi prête. Travaillée avec ma collègue Eléonore Caroit (Ensemble), elle sera déposée dans les prochaines semaines, si je suis réélu.