Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a publié un rapport exhaustif sur l’état de l’intelligence artificielle (IA) au Maroc, mettant en avant les opportunités qu’offre cette technologie pour transformer le pays, mais aussi les obstacles qui freinent son développement.
Selon le CESE, l’intelligence artificielle pourrait accroître le PIB mondial de 14 % d’ici 2030 et jouer un rôle clé dans l’atteinte de 79 % des Objectifs de Développement Durable (ODD). Pour le Royaume, cette technologie représente une opportunité unique de moderniser des secteurs vitaux comme l’agriculture, la santé, l’éducation et l’industrie.
Au Maroc, les initiatives émergent déjà. Le centre “AI Movement” de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) et l’appel à projets “Al Khawarizmi” témoignent d’un intérêt croissant pour intégrer l’IA dans les politiques publiques et l’écosystème entrepreneurial.
Par ailleurs, le Maroc s’est engagé au niveau international en soutenant des cadres éthiques comme la recommandation de l’UNESCO sur l’usage responsable de l’IA et une résolution de l’ONU visant à garantir des systèmes «sûrs et dignes de confiance».
Malgré ces avancées, le rapport du CESE dresse un constat préoccupant : l’écosystème marocain de l’IA reste embryonnaire. Il décline ses défis en trois points avec des recommandations pour les dépasser.
1. L’absence d’un cadre réglementaire dédié
Si le Maroc dispose de lois encadrant certains aspects du numérique, comme la cybersécurité ou la protection des consommateurs, il manque une législation spécifique à l’IA. Cette lacune freine l’innovation et décourage les investisseurs.
De plus, bien que la loi 31-13 garantisse un accès à l’information publique, les données disponibles restent limitées. Or, ces données sont essentielles pour développer des solutions IA adaptées aux besoins nationaux.
En plus d’une réforme de la loi 31-13, le rapport appelle à une libération accrue des données publiques, pour fournir aux chercheurs et entrepreneurs les ressources nécessaires à l’élaboration de solutions innovantes.
2. Des difficultés d’accès au financement
Les startups spécialisées en IA, pourtant identifiées comme des moteurs d’innovation, peinent à se développer. L’accès aux financements est restreint, les critères d’éligibilité des subventions et des fonds d’investissement étant souvent inadaptés aux besoins spécifiques de ces entreprises.
Le CESE propose la création d’un fonds public-privé dédié à l’innovation en IA, incluant des subventions, des fonds d’amorçage et du capital-risque. Des incitations fiscales devraient également être prévues pour les entreprises développant des solutions IA ou collaborant avec des instituts de recherche.
3. Un déficit de compétences
La formation dans le domaine de l’IA reste insuffisante, tant au niveau académique qu’au sein des entreprises. Le déficit de formateurs spécialisés et l’absence de programmes éducatifs dédiés entravent la création d’une main-d’œuvre qualifiée, indispensable pour bâtir un écosystème compétitif.
Le rapport recommande d’adopter une approche systématique, depuis l’enseignement secondaire jusqu’aux cycles supérieurs, tout en mettant en place des programmes de formation continue pour les professionnels.