Une soirée festive entre amis sur la péniche Rosa Bonheur sur Seine à Paris a viré au cauchemar pour Younès*, Nora* et Inès*, trois Français d’origine marocaine, le 17 juillet dernier. À partir de 22h30, une altercation avec Julie Gahinet, collaboratrice parlementaire du député du Rassemblement national (RN) Julien Odoul, a dégénéré en une série de propos racistes, informe StreetPress.
L’incident a débuté lorsque l’une des amies de Gahinet a volontairement bousculé Inès, ce qui a conduit à des échanges tendus entre les deux femmes. Julie Gahinet aurait ensuite proféré des insultes à caractère racial, affirmant : «De toute façon, vous n’êtes même pas de vrais Français», et «les Français ne veulent pas de Français comme vous».
À gauche, la photo de Julie Gahinet postée quelques heures avant les faits. À droite, la photo prise par les victimes de Julie Gahinet. ©Mediapart et StreetPress / Photomontage Lucie Weeger
Choqués, Younès, Nora et Inès ont alerté la sécurité du Rosa Bonheur, qui a confirmé les accusations. Deux autres clients témoins ont corroboré les faits. En outre, une patrouille de gendarmerie, appelée à intervenir, a relevé l’identité de Julie Gahinet et de ses amis, malgré leurs dénégations.
Encore offusqué, Younès a rappelé que personne «ne devait pas avoir à vivre cela, surtout pas ici à Paris», dans le «soi-disant» pays des droits de l’Homme. Les trois Franco-marocains ont porté plainte pour «injure publique envers un particulier en raison de sa race, de sa religion ou de son origine», un délit passible d’un an de prison et de 45 000 euros d’amende.
Julie Gahinet, ancienne militante chez les Jeunes Républicains et collaboratrice de l’ex-député Meyer Habib, a été identifiée par les trois amis grâce à une photo et des recherches en ligne. La jeune femme de 24 ans, qui avait défendu publiquement des figures controversées du RN comme Grégoire de Fournas, nie les accusations et envisage des poursuites pour diffamation.
L’incident intervient dans un climat de tensions raciales, exacerbées par la percée du RN lors des élections européennes suivies de la banalisation des violences racistes en amont des législatives anticipées. De son côté, la Confédération générale du travail (CGT) des collaborateurs parlementaires, par la voix de Manon Amirshahi, a réitéré l’appel à une formation obligatoire sur les discriminations à l’Assemblée nationale.
*les prénoms ont été modifiés