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Tissint, oasis berbère mais aussi martienne


La ville de Tissint se trouve à quelques 70 kilomètres au nord-est de Tata, en plein cœur du géo-parc de jbel Bani-Tata. L’histoire, les richesses archéologiques et floristiques, abreuvées par des eaux souterraines et des cascades d’eau salée font de ce site une des destinations incontournables du sud du royaume.

Tissint est avant tout un oasis, une palmeraie à la porte du rude et auguste Sahara. Palmiers dattiers et eau relativement abondante font de lui, un site clé, depuis des siècles, pour les nomades de la région et parfois même ceux venus de très loin.

«L’oasis de Tissint eût autrefois un passé glorieux», écrit l’archéologue Maria da Conceição Lopes, dans une publication sur la revue spécialisée DigitAR. En effet, Tissint «située sur la route menant de Sijilmassa (près de l’actuelle Rissani) au Souss, en un endroit propice à l’agriculture représentait un lieu de passage et d’approvisionnement incontournable pour tous ceux -pasteurs, marchands, migrants- qui traversaient le Sahara marocain d’Est en Ouest».

Réputé pour ses plantes médicinales

Les connaissances locales en herboristerie furent alimentées et diversifiées par les générations de nomades qui ont foulé ces terres, poursuit-elle. Gagnant en notoriété, «droguistes d’Algérie, du Niger, du Sénégal, de l’Egypte, de Libye et de bien d’autres contrées africaines venaient y puiser de grandes quantités de plantes médicinales».

La ville de Tissint non loin de Tata. / Ph.DRLa ville de Tissint non loin de Tata. / Ph.DR

«De nos jours, nombreuses sont les familles qui en cultivent et qui en font leur profession, une activité qui constitut un héritage qui se transmet de génération en génération», nous explique Abdelmajid Oucheikh, responsable communication du Géoparc jbel Bani-Tata.

Ici on cultive toujours ces herbes à la réputation miraculeuse. Le thym pour tous les maux, l’armoise pour l’estomac, «tiouraghine» pour le rhumatisme, la lavande pour les oreilles, la sauge pour les nerfs, figurent parmi la liste des quelques centaines de plantes médicinales qu’on retrouve à Tissint.

Les herboristes de la région ont leur saint patron Sidi Abdallah Ou M’Hand, dont ils sont les serviteurs. En honneur du saint, un moussem était organisé dans la région pour la vente des plantes médicinales, mais il n’a plus lieu, se lamente Adelmajid.

A défaut, les herboristes de Tissint se rendent souvent dans les grands souks hebdomadaires à Marrakech, Agadir pour exposer et vendre leurs récoltes dans ce qu’on appelle les halkas, poursuit le natif de la région. D’ailleurs, la tradition veut que «tous les herboristes en déplacement dans le Nord du Maroc doivent être rentrés à Tissint, à défaut de quoi, leur art et leurs affaires déclineraient», note Maria da Conceição Lopes.

Refuge pour Charles de Foucauld            

La place importante accordée autrefois à ces plantes déclinera peu à peu jusqu’à 1850, lorsque le petit village perdra de sa notoriété. Quelques années après, plus précisément le 14 novembre 1884, un homme se présentant comme un commerçant juif se rend à Tissint. Il s’agit de Charles de Foucauld, qui parle très longuement de ce petit oasis dans son ouvrage «Reconnaissance au Maroc», paru en 1888.  

Lors de son long séjour dans le petit village, qu’il décrit comme un «paradis sur terre», le bienheureux catholique séjourna dans une maison à laquelle les touristes se rendent encore. La maison en pisé, assez imposante, se trouve dans le centre-ville et n’est plus habitée depuis des années. «De la porte aux fenêtres et même les gravures sur les murs, tout est d’époque et est resté intact depuis», nous explique Abdelmajid, qui conseille de demander aux locaux de vous guider étant donné qu’aucune indication n’y fait allusion. 

La maison où séjourna Charles de Foucauld. / Ph.DRLa maison où séjourna Charles de Foucauld. / Ph.DR

Nous quittons le centre-ville, pour nous rendre dans un des sites incontournables de la région. En bordure de la médina, s’écrasent les fameuses cascades d’Attiq, déversant des eaux salées qui ont d’ailleurs donné naissance au nom de Tissint, qui signifie sel en amazigh.    

En été, un bassin d’eau salée se forme à la grande joie des habitants et visiteurs, qui s’y rendent pour s’y rafraichir. Il y a aussi le lac Bani, et le fameux mont jbel Bani (plutôt un plateau) qui sépare le Haut Atlas du désert. Ainsi, se chevauchent dunes à pertes de vue et quelques points d’eau et de verdure qui n’ont rien d’un mirage.

Tout en hauteur et en plein désert, Abdelmajid conseille de dormir au moins un soir à la belle étoile. Sur place vous trouverez aussi plusieurs campings pour installer vos tentes et bivouacs. Toutefois, s’il ne pleut généralement pas dans la région, d’autres pluies pourraient vous surprendre.

Chasse aux météorites

En effet, sur ces terres pleines plusieurs corps céleste ont atterri. Le plus importante reste la météorite Tissint qui a pris le nom du village éponyme où elle a été découverte, devenant ainsi la première météorite martienne tombée au Maroc depuis près de cinquante ans.

Cette météorite est aussi la plus ancienne et la plus importante en provenance de la planète mars et serait en réalité un fragment de roche arrachée d’un volcan de la planète rouge et écrasé dans le sud du Maroc le 18 juillet 2011. Elle aurait vraisemblablement atterri sur la terre après avoir été frappée au large de sa surface par un astéroïde en errance dans l’espace.

La météorite de Tissint. / Ph.DRLa météorite de Tissint. / Ph.DR

Dans un article consacré à ce sujet, le magazine scientifique New Scientist indique que la province de Tata a été le lieu de plusieurs découvertes précieuses, à tel point que «la chasse aux météorites fait désormais partie de la culture populaire». Ainsi, «il est courant de voir des gens porter des aimants, afin de détecter des métaux, voire des météorites», ajoute la publication, soulignant le Maroc est vraisemblablement un aimant à météorites et que 95% de ces trouvailles ont été faites à Tata.





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