Quoique non encore officielle, la décision de la France de soutenir l’option d’autonomie du Sahara proposée par le Maroc continue de faire couler de l’encre en Algérie. Quelques jours après le coup de colère du ministère algérien des Affaires étrangères, c’est au tour du Parlement et les partis politiques du pays de s’aligner sur la réaction du gouvernement.
L’Assemblée populaire nationale a ainsi qualifié la «décision» française de «honteuse», ajoutant qu’elle «contredit» les conventions du «paysage diplomatique mondial» et qu’elle représenterait «une déviation». Selon le parlement algérien, il s’agirait même d’«une erreur de calcul et une faillite de gestion» qui privilégie «les intérêts aux principes», incarnant «un assassinat moral» de «décennies d’efforts internationaux pour mettre ce dossier sur la table de la décolonisation».
Dans sa tirade, l’Assemblée a ajouté que cette position représenterait le «désaveu scandaleux» de «la France des résolutions onusiennes et des avis consultatifs de ses organes». De ce fait, les élus algériens considèrent cet éventuel tournant comme «une violation officielle par la France de ses obligations en tant que membre permanent du Conseil de sécurité», notamment au regard de la mise œuvre l’accord de 1991, «en vertu des résolutions des Nations unies et aux exigences du droit international». Une véhémence contre la France qui avait été contenue quand Washington a reconnu la marocanité du Sahara en décembre 2020.
De son côté, le Front de libération nationale (FLN), plus grand parti du pays, a exprimé son «indignation» de la «décision du gouvernement français», considérant cette dernière comme une «nouvelle provocation» envers l’Algérie. «La position française s’inscrit dans le cadre de la politique de la France d’obstruction au cours et aux efforts de mise en œuvre de la légitimité internationale».
Dans sa réaction, le parti progouvernemental a par ailleurs avancé que «la décision française n’aura aucun effet juridique, tant que la seule revendication du peuple sahraoui sera l’indépendance et le rétablissement de la souveraineté sur l’ensemble du territoire de la République sahraouie».
Le Rassemblement national démocratique (RND), deuxième parti loyaliste, s’est aligné sur les réactions officielles algériennes. Dans un communiqué, il a indiqué avoir accueilli la position du gouvernement français «avec regret». «Nous déplorons et dénonçons fermement cette décision suspecte et complice, ce va à l’encontre des résolutions des Nations unies».
A son tour, le Mouvement El-Bina a exprimé sa «ferme condamnation», qualifiant l’éventuelle position pro-marocaine de Paris de «contraire aux résolutions du Conseil de sécurité et aux conventions internationales». Le parti islamiste a également qualifié la «décision» d’«irréfléchie» et d’«atteinte aux valeurs d’humanité, de démocratie et de respect de la souveraineté des peuples dans la récupération de leurs terres».
Selon la même source, cette positions obstruerait «les voies de l’ONU» et de son Conseil de sécurité «dont la France est l’un des membres permanents», dans la résolution de la question du Sahara. En l’espèce, la formation a appelé «le gouvernement français à reconsidérer sa décision».
Les médias algériens remontent à la charge
Outre les partis politiques algériens et leur Assemblée populaire nationale, les médias officiels et privés du pays ont accordé leurs violons en s’attaquant à la France. Parmi les supports proches du sérail, Echorouk a ainsi publié un article intitulé «N’attendez pas d’ici tôt le président Tebboune à Paris !».
«Il n’est plus du tout prévu que le président Abdelmadjid Tebboune se rende à Paris en septembre prochain, contrairement à ce qui a été précédemment inscrit à l’agenda de la présidence des deux pays après plusieurs reports.»
Echorouk
Contacté par l’AFP, le ministère français des Affaires étrangères s’est pour sa part abstenu de tout commentaire concernant la déclaration de son homologue algérien. La partie marocaine reste quant à elle silencieuse.