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Sur les traces des civilisations de Zagora


En sortant de Zagora par le Sud, il suffit, après avoir franchi le pont qui enjambe le Draa, de lever les yeux pour distinguer le piton rocheux qui surplombe la ville. A son sommet, des éboulements de pierre trop ordonnés pour être naturels forment les ruines d’une très ancienne place forte aux occupations multiples et successives. Le site est en effet idéal pour surveiller les allées et venues des caravanes en contrebas, point de passage obligé entre la vallée du Draa et le Sahara.

Parmi ces ruines, le visiteur distinguera sur le flanc nord du piton rocheux, l’enceinte d’une forteresse almoravide. Cette dynastie amazighe partie de l’actuelle Mauritanie a conquis la vallée du Draa au tout début du XIe siècle (de l’ère chrétienne) avant de s’emparer de la grande cité caravanière Sijilmassa (Rissani) puis de fonder Aghmat, de l’autre côté de l’Atlas, sa première capitale aujourd’hui disparue, puis Marrakech.

Au fur et à mesure de leurs conquêtes, les Almoravides construisaient des forteresses-étapes qui permettaient de  regrouper les troupes avant de lancer une nouvelle expédition vers le Nord. Ces places fortes servaient de magasins d’arme et de ravitaillement, mais également de poste de repli. Elles permettaient de garder le pouvoir sur les territoires que les Almoravides avaient conquis. Dans la région de Zagora, ils ont soumis la très grande communauté juive qui peuplait la région depuis des siècles.

Des vestiges de leur passage subsistent un peu partout dans la vallée. A Amzrou, immédiatement après Zagora, au Sud, les habitants parlent encore de la «la Kasbah des Juifs» même si elle n’en compte plus un seul depuis leur départ progressifs pour Israël, famille après famille, jusqu’à la fin des années 50.

La Synagogue abandonnee d’Amzrou

L’illustre bibliothèque de la Zaouia Naciria

La vallée du Drâa serait-elle ainsi le tombeau des bibliothèques disparues ? En quittant Amzrou pour Tamegroute encore un peu plus au Sud, en direction de M’Hamid El Ghizlane chacun pourra visiter la bibliothèque de la célèbre zaouia Naciria. Fondée au XVIIe siècle, à l’époque des percées hispano-portugaises au Maroc, par Mohammed Ibn Nacir, disciple d’Abou Hafs Omar Ibn Ahmed Al Ansari, elle a irradié dans tout le Maghreb grâce à a position privilégiée au croisement de route commerçante caravanières, loin du pouvoir du Makhzen.

Réputée pour compter encore un ouvrage de Pythagore en arabe, des manuscrits d’Ibn Sina, d’Ibn Rochd et d’Al Khawarizmi, elle a été vidée de près de deux mille ouvrages. Envoyés en 1962 à la Bibliothèque nationale du Royaume à Rabat pour restauration ils ne seraient jamais revenus.

La Zaouia NaciriaLa Zaouia Naciria

En poursuivant au Sud, le voyageur remontera le temps. Parvenu à Tagounite, il poursuivra encore : à 20 km au Sud se dresse la grande barrière rocheuse du Jbel Beni Selmane. Deux cols permettent de la franchir dont le Foum er’Rjam qui a donné son nom à une immense et mystérieuse nécropole. «A cet endroit, sur le plateau en pente douce, se dressent des centaines, peut-être un millier, de tumulus, pyramides de pierres sèches accumulées ; coniques pour la plupart, de un à quatre ou cinq mètres de hauteur», raconte Jacques Gandini, auteur de guides touristiques dédié à la découverte du grand Sud marocain en 4X4, loin de sentiers battus.

L’ensemble du «coude du Drâa» – un virage incline à nouveau le cours du fleuve vers l’Atlantique alors qu’il s’écoulait jusque-là en direction de la frontière algérienne – est, en fait, un véritable site archéologique à ciel ouvert. Enceinte d’un village fortifié, forteresses en ruines, aires de battage, tesson de poteries sont autant de témoins d’une civilisation oubliée. Occupation préhistorique, lybico-berbère, chrétienne, juive, almoravide ? La réponse n’a de toute évidence pas encore été donnée par les scientifiques. Toutefois, «tout le secteur, parmi les tumulus, est garni de dalles de grès couvertes de gravures assez anciennes», souligne Jacques Gandini, signe d’une présence humaine multimillénaire.

Foum er'RjamFoum er’Rjam

Les gravures de Foum Chenna

Ce type de gravures se retrouve dans tous les environs de la vallée du Draa. L’un des sites les plus éblouissants se trouve certainement à 7 km à l’ouest du village de Tinzguit, situé entre Zagora et Agdez, au nord, sur la route de Ouarzazate. Là, les parois rocheuses des gorges de l’Oued Chenna sont recouvertes de gravures sur plusieurs mètres de hauteur.

Depuis le lancement d’un projet d’aménagement des sites de gravures rupestres dans la vallée du Draa par le Centre de conservation et de réhabilitation du patrimoine architecturel des zones atlassiques et subatlassiques, en 2008, le site dispose d’un petit aménagement touristique et surtout d’un gardien. Un début de prise de conscience de la richesse du patrimoine de la région de Zagora.

Une epalanade a ete construite à Foum Chenna pour valoriser le site.Une espalanade a été construite à Foum Chenna pour valoriser le site.

Les gravures de Foum ChennaLes gravures de Foum Chenna

Enigmes du Maroc

«A Amzrou en particulier, […] je me souviens d’avoir vécu un débat passionnant, auquel participaient des rabbins venus de mellâhs voisins, raconte Jean Mazel dans ‘Enigmes du Maroc’. Leurs déclarations, leurs explications, issues d’une très ancienne tradition orale, me fascinaient littéralement. […]

Ils évoquaient le siège de Jérusalem, Nabuchodonosor, la déportation à Babylone comme ils auraient parlé de la Seconde Guerre Mondiale. C’est à cette époque, entre 587 et 580 av. J.C., selon leur tradition, qu’un certain nombre de familles juives avaient réussi à échapper à la captivité et à parvenir, après de longues marches, dans le Sud du Maroc. C’est de ce temps que daterait l’arrivée des premières familles juives dans les palmeraies du moyen cours du Draa, et aussi dans celles du Tafilalet. Leur « évasion » et leur migration auraient été facilitées par les enfants de Koush, les peuples noirs. […]

La tradition conservée par les rabbins du Draa attestait d’autres arrivées d’immigrants juifs : à la suite des persécutions grecques et surtout romaines. Un peuple juif venu du Yémen ainsi que l’exode de Khaibar semblent avoir fortement marqué les mémoires. Les dernières vagues de Juifs fuyant les développements de l’Islam seraient parvenues au Ier siècle de l’hégire, ne se doutant pas que leurs cousins sémites musulmans allaient les rejoindre au Maroc. […] aux premières heures du protectorat français, existaient encore, dans certaines synagogues du Sud Marocain, des manuscrits ou se trouvaient consignés – en caractères hébraïques, mais en phonétique arabe – des textes intitulés « Histoire du Draa ». Les différents exemplaires comportaient des variantes mais, en fait provenaient d’un texte de base original qui daterait du XIIe siècle après J.C.

Or, peu à peu, les manuscrits des synagogues du Draa ont disparu. De mystérieux émissaires – ou des antiquaires peu scrupuleux – firent main basse à une certaine époque, sur ces précieuses sources d’informations. Un marchand palestinien, opérant pour un antiquaire de New-York, aurait à lui seul, en 1933 « raflé » une centaine d’ouvrages « judéo-arabes ».»





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