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Startups: Les facteurs de blocage sont légion

Startups: Les facteurs de blocage sont légion

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Omar El Hyani, directeur d’investissement, MNF Ventures: «Les Big 4 disposent de marchés de plus de 100 millions d’habitants (Egypte et Nigéria) ou sont très bien intégrés régionalement»

– L’Economiste: Pensez-vous que les objectifs de la stratégie Maroc Digital 2030 soient réalistes au vu de l’environnement actuel?

– Omar El Hyani: Sur le volet startups de la stratégie Maroc Digital 2030, certains objectifs sont réalistes, mais d’autres sont plutôt utopiques. Atteindre un objectif de 3.000 startups à cet horizon est réalisable à condition d’y mettre les moyens et ressources nécessaires, et de créer un environnement où les startups puissent surmonter les nombreux obstacles auxquelles elles font face. L’autre défi est celui du développement rapide de l’intelligence artificielle qui rabaisse de manière drastique la barrière à l’entrée technologique pour lancer une startup. De plus, des centaines de startups deviennent obsolètes à chaque fois où OpenAI ou d’autres grands acteurs de l’IA rajoutent une fonctionnalité à leurs modèles. L’objectif d’avoir 2 licornes (soit des startups valorisées à plus d’un milliard de dollars) me paraît quant à lui utopique. Le marché marocain étant un marché de taille relativement modeste avec des barrières à l’entrée significativement élevées dans les secteurs les plus porteurs.

– A combien estimez-vous le montant investi dans l’écosystème des startups ainsi que son chiffre d’affaires?

– En 2024, près de 70 millions de dollars ont été investis dans les startups marocaines, en forte progression par rapport à 2023, et plaçant le Maroc au 5e rang africain, derrière les Big 4 (Kenya, Nigéria, Egypte et Afrique du Sud) qui sont loin devant en termes de levées. Si le montant des levées est relativement facile à obtenir, les chiffres d’affaires des startups sont difficiles à quantifier.

– Quels sont les obstacles qui freinent le développement des        startups au Maroc?

– De nombreux obstacles freinent aujourd’hui le développement des startups marocaines. Les fonds capables d’investir des centaines de millions de dollars américains dans des startups marocaines sont surtout étrangers.

Or ceux-ci ont pour important critère d’investissement la taille des marchés investis. Le Maroc souffre de la taille, relativement réduite, de son marché, ainsi que de son manque flagrant d’intégration régionale. Les Big 4 disposent de marchés de plus de 100 millions d’habitants (Egypte et Nigéria) ou sont très bien intégrés régionalement: Afrique du Sud et son hinterland historique, et le Kenya leader des économies de l’Afrique de l’Est.

Autre problématique, de nombreux secteurs restent aujourd’hui fermés à l’innovation, de par une réglementation très stricte, voire dépassée, ou de par la présence d’acteurs dominants très difficiles à concurrencer.

Or, pour innover, il faut détruire d’anciens paradigmes. Et cela reste un facteur de blocage pour l’émergence de startups dans de nouveaux secteurs.

– Et du côté du secteur public?

– Malgré de nombreux programmes publics de soutien aux startups, les acteurs publics, premiers acheteurs du pays, ne se fournissent qu’anecdotiquement auprès de startups marocaines, et préfèrent des alternatives étrangères.  Or, je reste convaincu que beaucoup de problématiques marocaines ne peuvent être adressées que par des startups qui comprennent les enjeux locaux. Sans oublier le facteur coût qui devrait normalement favoriser les startups marocaines, ainsi que les enjeux de souveraineté nationale qui s’imposent dans un contexte géopolitique globalement instable.

– Quel est le taux de viabilité des startups comparativement à d’autres pays similaires au Maroc?

– Il n’existe malheureusement pas de statistiques sur la viabilité des startups marocaines, mais on peut estimer que nous sommes dans une moyenne mondiale, où 50% des startups échouent à horizon 5 ans, et 75% à horizon 10 ans. L’enjeu pour le Maroc est de lancer un maximum de startups, afin de répondre aux besoins technologiques locaux, et de créer des «Gazelles» qui peuvent être compétitives à l’échelle internationale.

Propos recueillis par Hassan EL ARIF

Ces startups qui osent le pari de l’international

De plus en plus de startups marocaines optent pour une extension de leur activité à d’autres pays, pour répondre, notamment, à l’étroitesse du marché local. Il n’existe pas de destination de prédilection pour ces startups. Certaines optent pour une installation en Europe, en Afrique subsaharienne francophone et d’autres dans les pays du Golfe.

 

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