Alors que les médecins et pharmaciens internes et résidents sont en grève nationale, ce mardi 31 décembre 2024 et jeudi 2 janvier 2025, ceux relevant du Centre hospitalier universitaire (CHU) Ibn Sina de Rabat ont pointé, depuis quelques jours, la fermeture et la démolition des laboratoires de biologie médicale. Dans un communiqué publié samedi, ils ont exigé «des mesures urgentes» pour assurer la continuité de leur apprentissage «dans des conditions optimales, en attendant l’ouverture prochaine du nouvel hôpital» en construction. Dans ce contexte, la Commission nationale des internes et des résidents (CNIR) alerte sur cet arrêt, qui constitue un «coup dur» à la formation et à la qualité des soins prodigués aux patients
Le CNIR rappelle en effet que les laboratoires de biologie médicale d’Ibn Sina «sont de véritables centres de référence au niveau national», d’où elle préconise «un transfert de l’activité», comme cela est temporairement le cas pour les autres services hospitaliers. Pour l’instance, il s’agit de «préserver la formation de plus de 200 internes et résidents sous l’encadrement du corps enseignant», de manière à maintenir «l’activité de haut niveau et l’expertise reconnue de ces laboratoires sans interruption», laquelle «pourrait avoir des conséquences désastreuses et fatales sur toute la discipline».
A ce titre, le CNIR souligne avoir formulé «une demande d’éclaircissement adressée le 29 novembre» au directeur du CHU, sans avoir de retour. Cette sortie intervient dans un contexte où les internes et les résidents multiplient les grèves nationales, hors services d’urgence, de garde et de réanimation, afin de faire entendre leurs revendications qui portent sur de nombreux autres points.
Des demandes de participer à la réforme de la santé
Selon un communiqué séparé annonçant les grèves de cette fin d’année, la coordination envisage aussi un sit-in national, le 8 janvier prochain. Le CNIR reproche au gouvernement notamment «l’absence d’une réelle volonté» de «résoudre les problèmes structurels qui entravent le rendement». Parmi les points saillants de son dossier revendicatif, l’instance a précédemment rejeté la réforme de la «carte sanitaire».
Depuis plusieurs mois, le CNIR a par ailleurs préconisé d’impliquer les résidents et les internes «dans toutes les négociations liées aux textes d’application de la loi 08.22 relative à la création des groupements sanitaires territoriaux, ainsi qu’à la réforme du troisième cycle de formation en études médicales».
Dans le volet financier, l’instance veut «porter à 12 000 dirhams l’indemnité des praticiens résidents non contractuels, étant donné qu’ils assurent les mêmes prestations que leurs homologues conventionnés, avec le même diplôme». Elle appelle également à fixer l’indemnité des internes à 10 000 dirhams, «étant donné qu’ils effectuent des prestations vitales en services hospitaliers, ainsi que pour leur rôle essentiel dans les services d’urgence».
S’agissant de la formation, le CNIR a appelé à la révision de l’évaluation de l’examen de spécialité, avec une valorisation de la formation continue et celle en résidence. L’été dernier, la coordination a exprimé son opposition à la réforme des ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur, portant sur la réduction de la durée des études en médecine de sept à six ans.
En novembre dernier, la Commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie (CNEMEP) a pour sa part annoncé un compromis avec le gouvernement. Cet accord prévoit l’exemption des anciennes promotions en formation de cette réforme, qui s’applique aux bacheliers ayant rejoint les Facultés de médecine et de pharmacie à l’année universitaire 2023/2024.