La position de l’Algérie sur le conflit du Sahara occidental apparaît de plus en plus contradictoire. Officiellement, le pays se présente comme un simple observateur, une posture réaffirmée par le président Abdelmadjid Tebboune. Pourtant, en pratique, l’Algérie fait du Sahara un enjeu central de sa politique étrangère, mobilisant des ressources considérables pour soutenir le Front Polisario sur les plans politique, financier et militaire, en totale contradiction avec ses déclarations publiques.
L’Algérie s’oppose aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et refuse de participer aux tables rondes organisées par les Nations Unies, comme celles de décembre 2018 et mars 2019. Elle appelle plutôt à des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario, qu’elle considère comme les véritables «parties au conflit». Pourtant, elle continue de placer la question du Sahara au cœur de son agenda lors des réunions internationales, cherchant à influencer chaque forum pour promouvoir ses positions.
Retrait diplomatique et isolement algérien
Ces dernières années, l’Algérie a vu son influence diminuer face aux puissances mondiales. En décembre 2020, les États-Unis ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara, marquant un tournant majeur. En mars 2022, l’Espagne a soutenu la proposition marocaine d’autonomie, la qualifiant de solution la plus sérieuse et crédible. La France a emboîté le pas en juillet 2024, et plusieurs pays de l’Union européenne ont également affiché leur soutien à la position marocaine.
Face à ce retrait, la diplomatie algérienne a adopté une approche réactive, cherchant à freiner les avancées marocaines. L’Algérie a rappelé son ambassadeur à Madrid en signe de protestation, sans parvenir à infléchir la position espagnole. Un scénario similaire s’est déroulé avec la France, où les tensions restent vives malgré le retour de l’ambassadeur algérien à Paris.
Bien que l’Algérie ait retrouvé un siège non permanent au Conseil de sécurité après vingt ans, elle n’a pas réussi à en tirer parti. Lors de la dernière résolution du conseil sur le Sahara, toutes ses propositions ont été rejetées, même son allié traditionnel, la Russie, n’a pas soutenu sa demande d’élargir le mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’homme, révélant les limites de son influence.
Dans le Sud global, la situation n’est guère plus favorable. Les reconnaissances de la «République sahraouie» sont retirées ou gelées, tandis que l’adhésion du Maroc à l’Union africaine en 2017 a modifié la donne, poussant certains pays à ouvrir des consulats à Laâyoune et Dakhla, affirmant ainsi leur soutien à la souveraineté marocaine.
Dans une tentative d’isoler le Maroc au niveau régional, l’Algérie a tenté de créer une nouvelle Union du Maghreb sans le Maroc, mais cet effort n’a eu que peu d’effet. Bien qu’elle ait réussi à attirer sous sin giron la Tunisie et une Libye divisée, la Mauritanie a refusé de se joindre et a récemment renforcé ses liens économiques avec le Maroc en signant de nouveaux accords stratégiques.
Retour à l’option militaire : une stratégie infructueuse
Face à un isolement international croissant, l’Algérie et le Polisario ont tenté de raviver le conflit par une escalade militaire. En novembre 2020, le Polisario a annoncé son retrait de l’accord de cessez-le-feu, déclarant un retour à la «guerre», une manœuvre qui n’a cependant pas eu l’effet escompté, n’attirant ni l’attention internationale ni une condamnation du Maroc.
Avec une situation sur le terrain inchangée, l’Algérie et le Polisario se retrouvent dans une impasse : incapables d’abandonner l’option militaire sans admettre un échec, mais également incapables d’escalader le conflit sans risquer une réaction internationale en faveur du Maroc pour maintenir la sécurité régionale.
Ainsi, avec le retour de Donald Trump à la présidence américaine, l’Algérie se trouve face à une nouvelle réalité qu’elle n’avait pas anticipée. Les changements rapides sur la scène internationale ont réduit son influence sur la question du Sahara, tandis que le Maroc continue de renforcer ses acquis diplomatiques.