Comment la communauté marocaine en France a accueilli l’annonce dela reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara par la France ?
Khadija Gamraoui : La diaspora franco-marocaine, toute génération confondue, a salué avec une immense fierté l’affirmation d’une vérité historique. Elle a réagi avec le même état d’esprit empreint à la fois de sérénité et de détermination, dès lors qu’il s’agit du Sahara marocain ! Cette annonce coïncide avec l’un des temps forts du Royaume, la Fête du Trône, et de fait a permis une cohésion encore plus forte de la communauté marocaine de France. La souveraineté du Maroc sur son Sahara est incontestable et indiscutable, c’est l’ADN de chacun d’entre nous !
Abdelfattah Messoussi : La récente reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara a suscité une réaction favorable au sein de la communauté marocaine en France. Pour beaucoup, cette décision rétablit une vérité historique : le Sahara a toujours fait partie intégrante du Maroc et le restera. D’autres nations ont déjà pris position sur cette question, telles que les États-Unis, l’Espagne, le Canada, ainsi que plusieurs pays du Golfe. Cette reconnaissance s’inscrit dans une continuité qui renforce les liens diplomatiques entre le Maroc et ses alliés.
Il y a eu très rapidement une mobilisation des élus franco-algériens (Cercle Emir Abdelkader) avec une lettre au président Macron. Que réclament-ils ?
Khadija Gamraoui : La mobilisation d’élus franco-algériens nous a particulièrement surpris : ils ont toujours clamer d’une part, ne pas être partie prenante de ce conflit et d’autre part, toujours entretenus des relations saines et cordiales avec nous. Contre toute attente et au travers un courriel posté sur les réseaux sociaux nous avons découvert avec étonnement des arguments extraits du droit international, ceux portés avec peu de panache par les avocats du groupuscules Polisario… Notre légitimité à nous exprimer sur ce dossier date de nos premiers mandats d’élus à savoir 2014, par nos parents, arrières grands oncle depuis 1975. Cette démarche semble déconnectée, mais nous a surtout permis de rappeler avec force et determination que le débat est clos. La République française s’est exprimée !
Nous regrettons que certains se soient engagés et puissent être associés à ce revers de la diplomatie algérienne. Après quelques échanges avec des signataires, nombre d’entre eux évoquent œuvrer à une nécessaire et réelle fraternité des deux peuples.
Abdelfattah Messoussi : Très rapidement, un groupe d’élus franco-algériens a réagi en envoyant une lettre au président Macron, exprimant leur désaccord. Ces élus semblent prôner la division du Maroc, s’opposant à la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur son Sahara. Cette position surprend, d’autant plus que l’Algérie a toujours déclaré que la «cause sahraouie» était une «question de principe» et qu’elle n’était pas directement impliquée dans le conflit. Alors pourquoi cette réaction virulente face à une décision de la France concernant le Maroc et le Polisario ? Cela montre l’implication réelle de la diplomatie algérienne dans ce dossier.
Un collectif d’élus franco-marocains, dont vous faites partie, a réagi en publiant une tribune. Quels sont vos principaux arguments ?
Abdelfattah Messoussi : En réponse, notre collectif d’élus franco-marocains on a publié une tribune dans laquelle nous réaffirmons clairement notre position : la marocanité du Sahara ne fait aucun doute. Nous rappelons que le «Sahara occidental» n’est qu’une définition géographique, et que certains tentent d’en faire une question politique et ethnique. La souveraineté marocaine sur son Sahara est indiscutable et n’a pas lieu d’être ou remise en cause
Khadija Gamraoui : Notre tribune illustre que nous avons été depuis Paris de modestes mais loyaux acteurs pour faire évoluer la position des différentes équipes gouvernementales.. Nous avons agi concrètement, depuis Laayoune, Dakhla, à ce que la France, notre pays se positionne de manière claire. C’est maintenant chose faite. Nous allons continuer à accompagner le magnifique élan de développement de nos magnifiques régions du Sud du Royaume auxquelles nous sommes viscéralement attachées.
Durant l’été, il y a également eu les propos polémiques de Mehdi Ghezzar, ancien chroniqueur sur RMC. Pensez-vous que cela fait partie da la même stratégie ?
Khadija Gamraoui : La polémique autour de Mehdi Ghezzar semble s’inscrire dans une dynamique de diversion et d’outrance dans un timing de campagne électorale présidentielle algérienne. Certains semblent penser que mener une charge contre le Maroc puisse constituer un argument de mobilisation pour les meetings dans quelques villes de France. Je crains que la diaspora algérienne de France a pour attentes et aspirations d’autres sujets que les atermoiements du groupuscule Polisario… Il est indéniable que cette décision de la France constitue un revers sévère. Nous restons pour notre part très gênés du spectacle offert entre manque de préparation et plates excuses…
Abdelfattah Messoussi : Les propos de Mehdi Ghezzar, ancien chroniqueur sur RMC, ont en effet fait polémique. En manque de recul historique et culturel, il a tenu des propos haineux et diffamatoires à l’encontre des Marocains, il a sorti tout un peuple de l’islam dans ses déclarations avec des propos, jugés antisémites à l’encontre de André azoulay sont inadmissibles et choquants. Lors d’un meeting à Paris, il n’a pas présenté d’excuses, bien au contraire : son épouse a affirmé publiquement que «Mehdi a dit tout haut ce que tout le monde pense». Ces propos ont été accueillis par des applaudissements. Je regrette qu’aucun des signataires des communiqués franco-algériens n’ont condamné ces propos.
L’affaire Mehdi Ghezzar a révélé l’implication du recteur de la mosquée de Paris et d’élus franco-algeriens dans la campagne du president Tebboune. Que pensez-vous de cette campagne et des discours hostiles au Maroc ?
Khadija Gamraoui : les discours hostiles au Maroc sont un fond de commerce bien maigre ; On suit avec une certaine malice le nombre de personnes qui se désolidarisent chaque jour de cette campagne malgré toutes las agitations lancées depuis le bureau du recteur de la Grande mosquée de Paris. Le mélange des genres, l’amateurisme et insuffisance de préparation de certains relayeurs ont été les marqueurs de cette campagne. Pour le reste, la justice reste attentive aux dérives, je fais référence aux propos indignes tenus à l’égard de Monsieur André Azoulay.
Abdelfattah Messoussi : Enfin, cette affaire a mis en lumière l’implication du recteur de la Mosquée de Paris et de certains élus franco-algériens dans la campagne du président algérien, Abdelmadjid Tebboune. Une implication qui soulève des questions, notamment sur le rôle que ces figures religieuses et politiques jouent dans les relations entre la France, l’Algérie et le Maroc. Le recteur d’une mosquée devrait se consacrer à sa mission religieuse, et non à des manœuvres diplomatiques. Son engagement politique laisse penser qu’il aurait plutôt sa place au ministère des Affaires étrangères, tant ses actions semblent dépasser le cadre religieux.