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Retour au calme à Fnideq et appels à révéler les résultats de l’enquête sur les photos virales


A M’diq et Fnideq, la situation est revenue à la normale, après des jours de tensions sur fond de tentatives de centaines de jeunes et de mineurs de tenter leur traversée vers Ceuta. Membre de la section de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Tétouan, Achraf Mimoun a confirmé à Yabiladi le retour au calme, tandis que la présente de la sécurité reste encore visible. «Nous constatons également la présence de quelques jeunes dans certaines zones, notamment à Belyounech et à Sidi Boughaba», nous a-t-il déclaré. Il ajoute que les mesures proactives prises par les autorités, notamment la pose de barrières et le déploiement d’un grand nombre d’agents, n’ont pourtant pas empêché les jeunes de mener à bien leurs tentatives.

Selon le militant, l’association a effectué une visite de terrain, deux jours après l’exode des jeunes vers Ceuta. «D’après les informations dont nous disposons, mais qui ne sont pas encore officielles, la tentative de passage a concerné plus de 5 000 personnes. 500 sont issues des pays d’Afrique subsaharienne, 130 portent les nationalités algérienne, syrienne et tunisienne, tandis que le reste est constitué de ressortissants marocains, dont près de 200 mineurs», souligne-t-il.

Les événements ont également été marqués par des violences, qui ont «fait des blessés des deux côtés». «Nous n’avons pas de chiffres officiels à ce propos. Les interventions de sécurité se sont souvent accompagnées de l’éloignement des jeunes par bus, à bord desquels ils ont été conduits vers d’autres villes comme Kelâa des Sraghna et Beni Mellal, même quand les concernés sont issus au nord du Maroc», a encore affirmé Achraf Mimoun, qui qualifie ces mesures de «punitives». Citant les témoignages de certains des jeunes concernés, l’associatif fait savoir que ces derniers se sont vus confisquer téléphones et argent.

Commentant par ailleurs les photos ayant circulé sur les réseaux sociaux, montrant des jeunes à moitié nus avec des marques sur le corps, Achraf Mimoun a déclaré : «Nous n’avons pas remarqué de traces de coups, du moins sur les personnes avec qui nous sommes en contact.» En référence à l’hypothèse selon laquelle les images dateraient d’une tentative de traversée ayant eu lieu le 26 août, le militant nous explique qu’un rapport sur les événements est en cours de préparation pour aborder tous ces faits. «Nous avons des difficultés à communiquer avec ces jeunes. Ils ne nous donnent pas l’occasion de leur parler, de peur d’être repérés et donc arrêtés ou éloignés», confie-t-il encore.

«Nous nous penchons à identifier les type de violations auxquelles ces jeunes ont été soumis. Il est certain que nous n’encourageons pas la migration irrégulière, mais cela ne justifie pas qu’une partie fasse fi des droits de l’autre, que ce soit par la torture ou l’éloignement. Nous exigeons, pour notre part, que soient révélés les chiffres des blessés et des arrestations.»

Achraf Mimoun, membre de l’AMDH – Tétouan

Le développement et la reddition des comptes plutôt que l’approche sécuritaire

De son côté, Mohamed Benaïssa, directeur de l’Observatoire des droits de l’Homme du Nord, a confirmé que la situation était actuellement stable dans la région, malgré l’état d’alerte des agents et la présence d’un groupe de jeunes «prêts à une tentative à tout moment, notamment avec l’émergence de nouveaux appels sur les réseaux sociaux appelant régulièrement à l’immigration».

Le militant des droits humains a déclaré à Yabiladi : «Grâce à notre présence sur le terrain, nous avons observé des interventions sécuritaires et un recours aux violences légitimes, mais nous n’avons vu aucun cas de torture et nous n’avons reçu aucune plainte à ce sujet.» Et d’ajouter que les éloignements vers d’autres régions du Maroc constituent «une approche habituelle de l’Etat, par substitution aux arrestations, dans une approche sécuritaire qui ne s’attaque généralement pas aux causes profondes du problème».

D’autre part, Mohamed Benaïssa a préconisé des approches orientées vers le développement socioéconomique, avec une évaluation des politiques publiques destinées aux jeunes et aux mineurs, ainsi qu’une reddition des comptes de la part des responsables de la lapidation des fonds alloués aux programmes sociaux». Concernant les photos virales, le militant déclare : «Nous doutons qu’elles remontent à fin août et je considère que ces scènes représentent une violation de la dignité de ces jeunes, en contradiction avec les conventions internationales et les dispositions nationales des droits humains». «Avec des questions soulevées sur la fuite de ces images et des motifs qui la sous-tendent, nous exigeons de connaître toute la vérité sur les faits», a-t-il insisté.

L’Espace marocain des droits humains a quant à lui condamné les violences à Fnideq, soulignant la responsabilité de l’Etat «face aux tentatives de migration collective de milliers de jeunes à cause de la pauvreté, de la marginalisation, du chômage et autres crises résultant de l’échec des politiques publiques». Dans un communiqué, l’instance a appelé les autorités marocaines à libérer les détenus en lien avec ces événements, «dans le respect des droits civils garantis par la Constitution, les lois nationales et les dispositions internationales, y compris le droit à la libre circulation».

Elle a également appelé «les autorités compétentes à accélérer la publication des résultats de l’enquête sur les photos virales», tout en envisageant les effets juridiques en conséquence. Avant-hier, le ministère public a saisi la Cour d’appel de Tétouan, qui a ordonné une information judiciaire sur les images diffusées via les réseaux sociaux pour s’assurer de leur véracité et des motifs de leur publication.

Les autorités ont précédemment annoncé l’arrestation de 60 personnes, dont des mineurs, pour leur implication présumée dans la fabrication et la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux incitant à l’organisation d’opérations de migration irrégulière. 47 mis en cause ont été arrêtés immédiatement à leur arrivée dans la ville par train et via la gare routière, en réponse aux appels incriminés.

Selon les estimations, les autorités marocaines ont arrêté au total 4 455 personnes soupçonnées d’avoir participé à la tentative de traversée, dont 3 795 adultes de nationalité marocaine et 141 mineurs, outre 519 autres de diverses nationalités.





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