« Ma sœur est partie en Libye en 2015 pour travailler chez une dame libyenne à son domicile, avant qu’un différend ne survienne entre elles, poussant ma sœur à aller travailler chez une autre dame par l’intermédiaire d’une femme marocaine », raconte à Hespress Zohra, une Marocaine résidant dans la province d’El Hajeb. Sa sœur Faïza est portée disparue en Libye depuis huit ans. « Depuis 2016, nous n’avons plus aucune nouvelle d’elle, et les contacts que nous avons tentés avec sa première employeuse et avec la dame qui lui avait trouvé une autre opportunité de travail n’ont pas permis de déterminer son emplacement ni de révéler son sort. […] La famille a perdu tout contact avec Faïza et vit depuis lors dans l’attente et l’espoir de son retour au pays saine et sauve », ajoute-t-elle.
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Inquiète, la famille a adressé deux correspondances au ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. Aucune réponse. Zohra appelle le ministère chargé des Marocains résidant à l’étranger et les différentes parties concernées par cette question à agir afin de révéler le sort de sa sœur disparue. Le souhait du père de Faïza est de « voir sa fille vivante avant de mourir ». « La famille a perdu, depuis la disparition de Faïza, le goût des fêtes et des célébrations qui ne sont complètes que dans le cadre de la réunion familiale », ajoute-t-il.
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« La question des disparus en général en Libye, et en particulier de la communauté marocaine, est un sujet ancien et nouveau, car depuis l’époque du régime précédent, nous entendons et voyons des annonces affichées sur le tableau d’affichage du consulat général du Royaume du Maroc à Tripoli portant les noms de personnes disparues », a déclaré au même site Mohamed, un Marocain résidant en Libye et directeur exécutif de l’Association d’amitié libyenne-marocaine, affirmant avoir reçu plusieurs notifications et plaintes concernant des cas de Marocains à l’intérieur du territoire libyen « dont les nouvelles ont été coupées de leurs familles qui demandent à connaître leur sort. » Il ajoutera : « Depuis la Révolution du 17 février, ce sujet inquiète de plus en plus les intéressés, surtout avec l’augmentation de l’immigration clandestine et des milices armées, rendant difficile la recherche d’un disparu, bien que le ministère de l’Intérieur libyen du gouvernement d’unité nationale ait formé un comité pour suivre ces dossiers ».
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« Les consulats de tous les pays représentés à Tripoli suivent les dossiers de leurs ressortissants détenus dans les institutions de rééducation et de réhabilitation, mais le consulat du Royaume du Maroc, dans sa situation actuelle, ne considère pas ce dossier comme une priorité, et nous n’avons entendu parler d’aucune visite de sa part à ces institutions et centres », a confirmé l’acteur associatif. Face à cette situation, il demande aux autorités marocaines et à leurs homologues libyennes de « prêter plus d’attention au dossier des Marocains disparus en Libye et d’intensifier les efforts pour révéler leur sort, surtout qu’il y a des personnes détenues dans des centres de détention hors de l’autorité du gouvernement ».