En 1980, la reine d’Angleterre, Elizabeth II a visité le royaume à l’occasion d’une visite officielle. Accompagnée de son époux le prince Philip, elle a été reçue par le roi Hassan II. Du 27 au 30 octobre, elle a successivement visité Rabat, Marrakech et Casablanca. Son séjour n’aura cependant pas été de tout repos. L’entourage royal britannique parlera plus tard d’une «tournée de l’enfer».
Selon plusieurs rumeurs, la reine fût irritée par le comportement du roi Hassan II à son égard. Dans son film «Our Queen», diffusé en 2013 sur le réseau de télévision privé ITV, Robert Hardman, observateur chevronné de la couronne britannique, révèle quelques détails de ce voyage.
La reine Elizabeth II et le roi Hassan II lors de la visite officielle du monarque britanique au Maroc. DR
Robert Hardman fait également état des détails les plus croustillants de cette visite royale dans un article publié en septembre 2011 dans le Daily Mail.
«La tournée de l’enfer»
«Ce fut une visite d’Etat unique, lors de laquelle rien de ce qui était prévu n’a eu lieu», confie un responsable étranger qui était du voyage à Robert Hardman. Ce dernier raconte que le roi Hassan II arrivait fréquemment en retard ou, s’il était à l’heure, optait à la dernière minute pour un autre lieu de rendez-vous.
Après deux coups d’Etat avortés en 1971 et 1972, Hassan II se méfiait du cortège de la reine. Cette information a été confirmée par l’un des diplomates interviewés par le journaliste britannique. «Le roi Hassan II pouvait se précipiter sur vous à n’importe quel moment», explique l’un d’entre eux. Ce dernier raconte que les lieux des déjeuners changeaient à la dernière minute, d’un palais à l’autre, ou bien étaient tout simplement annulés.
Le roi Hassan II avait fait attendre la reine Elizabeth II pendant des heures sous un soleil de plomb. DR
Irritée par le manque de ponctualité du roi
Il va sans dire qu’Elizabeth II déplorait le manque de ponctualité du roi. Lors d’une des fêtes organisées en l’honneur de la souveraine, Hassan II disparut pour émettre des ordres à ses chefs et la laissa attendre sous un soleil de plomb une après-midi entière. Une autre fois encore, conviée à un dîner d’Etat, la reine d’Angleterre arriva au palais et ne trouva personne pour lui ouvrir la porte.
La patience d’Elizabeth II s’effrita d’autant plus que le monarque manqua de respect à son personnel. Dans son documentaire, Robert Hardman indique qu’après une réunion tardive, le roi Hassan II a imputé à l’assistant et secrétaire privé de la reine, Robert Fellowes, la responsabilité de cette «confusion terrible». «Je vous saurais gré de ne pas parler ainsi de mon personnel», lui rétorqua la reine. Ce ne fut pas là le premier ni le dernier accrochage entre le roi du Maroc et la reine d’Angleterre.
Lors de son séjour, la reine Elizabeth avait prévu de visiter un centre pour handicapés financé par le militaire et philanthrope britannique Leonard Cheshir. Une visite à laquelle le roi ne daigna pas assister. Robert Hardman, après un entretien avec l’un des membres de l’entourage de la reine, affirme que «le roi Hassan II estimait que ces personnes [handicapées] n’étaient pas dignes d’une visite royale». Le monarque prétexta auprès de la reine d’Angleterre qu’il était trop tard pour se rendre au centre de Leonard Cheshir et qu’il la raccompagnerait au palais. C’était sans compter la détermination de son hôte qui s’y rendit seule.
«Vous savez, je pense qu’elle a plutôt apprécié»
Bis repetita lors du banquet d’adieu : «Le ministre de la Cour arriva et annonça que le roi serait reconnaissant si le banquet pouvait être retardé de quelques heures», confie à Robert Hardman Lord Hurd, ancien secrétaire britannique aux Affaires étrangères, qui faisait partie du voyage. La reine d’Angleterre refusa de retarder le dîner et déclara : «Je comprendrais parfaitement si Sa Majesté est en retard.»
54 minutes après, le roi arriva au dîner et dit au secrétaire britannique des Affaires étrangères qu’il devrait évincer l’ambassadeur britannique parce qu’il n’avait pas remis le titre de Chevalier à la famille royale marocaine.
Malgré les hauts et les bas de ce voyage, la reine et la délégation britannique quittèrent le royaume le sourire aux lèvres, d’après Robert Hardman. Une source de l’escorte royal britannique dira même : «Vous savez, je pense qu’elle a plutôt apprécié [le voyage].»
Une fois arrivée au palais de Buckingham, la reine envoya une lettre au roi Hassan II pour le remercier de son hospitalité : «Nous avons été ému par la manière dont Sa Majesté a pris à cœur notre programme.»