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Quand Kadhafi avait avoué avoir fondé et formé le Polisario


Dans un discours prononcé en 1983, le défunt leader libyen Mouammar Kadhafi a admis qu’il était derrière la création et l’entraînement du Front Polisario, selon un document de la Central Intelligence Agency (CIA) daté du 15 mars 1983, qui a été déclassifié en janvier 2012.

Kadhafi a déclaré dans le discours rapporté par l’Agence de presse algérienne le 2 février 1983 : «Le Maroc n’a d’autre préoccupation que le Sahara. Il ne se soucie pas de la Palestine, du Liban, de Ceuta ou de Melilla, qui font toutes deux partie du Maroc occupé par l’Espagne.»

Pour justifier son soutien à la création du Polisario, Kadhafi a ajouté à propos des enclaves espagnoles au nord du Royaume : «Pourquoi le Maroc ne les libère-t-il pas au lieu de combattre le peuple sahraoui ?»

Celui qui cultivait du ressentiment vis-à-vis des monarchies arabes a étendu sa critique à l’ensemble des royautés arabes qui témoignaient de leur soutien au Maroc. «Beaucoup d’Arabes nous reprochent de prendre parti pour le peuple sahraoui, et ils pensent que nous les encourageons à établir un nouvel État arabe. Mais où étaient ces Arabes lorsque l’Espagne occupait le Sahara il y a des centaines d’années ?»

Sûr de lui, le leader libyen a affiché son implication dans la genèse du mouvement séparatiste sahraoui : «En 1972, nous avons créé le Front Polisario avec la jeunesse sahraouie.» Il a ajouté avoir menacé l’Espagne avant même son départ du territoire sahraoui : «J’ai déclaré le 11 juin 1972 que si l’Espagne ne quittait pas le Sahara cette année-là, nous lancerions une guerre de libération populaire contre elle.»

«Le Front Polisario a été formé en 1972 — il a été entraîné par des Libyens et des Palestiniens. Nous avons fait passer des armes en contrebande à travers l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie car ces trois pays étaient contre le Polisario.»

Mouammar Kadhafi

Boumedienne ne connaissait rien au Sahara occidental

Deux ans plus tard, il a réaffirmé son soutien à la création du Polisario. Il a déclaré, dans un discours rapporté par la Central Intelligence Agency (CIA) — document daté du 29 mars 1985 et déclassifié le 31 janvier 2012 — : «Nous avons soutenu le Polisario. En fait, nous l’avons créé en 1972… En 1972, Saguia el-Hamra était une colonie espagnole, et ni les Arabes, ni les Africains, ni les Asiatiques ne parlaient du Sahara. Ils ne le connaissaient même pas.»

Le plus étonnant dans les déclarations du colonel Kadhafi, c’est la révélation que Houari Boumedienne, lui aussi colonel et qui a lui aussi mené un putsch militaire pour renverser le pouvoir en Algérie, n’avait aucune connaissance des enjeux au Sahara. «Nous savions qu’une partie de la terre arabe avait été occupée par l’Espagne pendant des centaines d’années. C’était honteux, et le 11 juin 1972, sur une tribune en compagnie de Boumediene… il ne savait alors ni ce qu’était le Sahara, ni ce qu’était le Polisario. Il ne s’en souciait pas quand je lui ai dit qu’une partie de la patrie arabe était occupée par l’Espagne, que c’était une honte et qu’elle devait être libérée, et que si l’Espagne ne partait pas, nous formerions un Front de Libération.», a déclaré Kadhafi.

«Après ce discours, nous avons formé le Front Populaire pour la Libération de la Saguia el-Hamra et de Río de Oro, qui a été abrégé en espagnol en (Polisario). Son leader était le martyr (El-Ouali Mustapha Sayed). C’était un exemple de l’homme révolutionnaire arabe dont nous sommes fiers. L’objectif était de libérer le Sahara du colonialisme espagnol.»

Mouammar Kadhafi

La position de la Mauritanie

Dans une tentative de minimiser l’importance de la Marche Verte, qui a forcé les Espagnols à quitter le Sahara, Kadhafi a déclaré que Madrid avait précipité son départ à la suite d’opérations armées contre elle. Il a ainsi cité le leader du Polisario El-Ouali Mustapha Sayed : «Si nous faisons de ce Sahara un État, je n’ai aucune objection à l’unir avec le Maroc, l’Algérie ou la Mauritanie.»

Un autre détail intéressant concerne la position de la Mauritanie sur le conflit du Sahara. Le défunt leader libyen a révélé que l’ancien président mauritanien Moktar Ould Daddah lui a dit lors d’une visite : «Si vous libérez le Sahara, je vous exhorte à en faire un État indépendant afin qu’il soit une barrière entre moi et le Maroc.»





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