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Quand Hassan II disait oui au référendum d’autodétermination au Sahara


Dans les années 70, les diplomaties libyenne et algérienne étaient très actives sur le continent africain. En janvier 1976, le Comité de la libération de l’OUA réuni à Maputo (Mozambique) recommande la reconnaissance du Front Polisario en tant que «mouvement de libération africaine». Un mois plus tard, le mouvement séparatiste s’autoproclame «RASD».

Lors de la conférence de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) tenue le 17 juillet 1978 dans la capitale soudanaise Khartoum, les dirigeants des pays participants appelaient à la cessation des hostilités au Sahara, en recommandant la nécessité de rechercher une solution politique au conflit à la lumière des résolutions de l’OUA et conformément à la Charte des Nations unies.

Le sommet s’achève avec la création d’un groupe de cinq présidents africains, comprenant les présidents soudanais, guinéen, malien, nigérian et tanzanien, chargés d’étudier les données du conflit du Sahara occidental en vue de présenter des propositions et des recommandations précises au prochain sommet africain.

Lors du sommet de Monrovia (Libéria) en 1979, l’OUA recommande que «le peuple du Sahara occidental exerce son droit à l’autodétermination par le biais d’un référendum libre et public». Un an plus tard, le sommet organisé en Sierra Leone à Freetown soulignera même la nécessité d’accélérer l’organisation de ce référendum.

Le Maroc se retrouve ainsi dans une situation très difficile, de nombreux pays africains étant aux côtés de l’Algérie et de la Libye. Mais le roi Hassan II surprend tout le monde en annonçant que le royaume accepte de recourir à un référendum au Sahara et ce, malgré le niet farouche de l’opposition marocaine et en particulier celui de l’Union socialiste des forces populaires (USFP).

Hassan II dit oui au référendum devant l’OUA

Le 26 juin 1981, Hassan II se rend ainsi dans la capitale kényane Nairobi et déclare aux dirigeants de l’OUA vouloir «sauver [le] groupe africain de tout ce qui le menacerait d’explosion et de perturbation». «Nous avons décidé de tenir compte du processus d’un référendum et dont les conditions d’application tiennent compte des objectifs des récentes recommandations du Comité spécial», déclare-t-il.

Le Sommet de l’organisation panafricaine saluera cet engagement officiel et décide de «créer un comité exécutif composé de la Guinée, du Kenya, du Mali, du Nigéria, de la Sierra Leone, du Soudan et de la Tanzanie» afin de «coordonner avec les parties concernées et mettre en œuvre des recommandations du Comité ad hoc». Elle exhorte aussi les «parties au conflit à cesser immédiatement le feu».

Le roi Hassan II. / Ph. DRLe roi Hassan II. / Ph. DR

A l’époque, le Maroc estimait alors qu’il était du devoir des Nations unies de contribuer à l’organisation du référendum. Dans une lettre adressée au président kenyan, Daniel Arap Moi, en tant que président de l’OUA, Hassan II déclare qu’il «n’épargnera aucun effort pour faciliter, dans le cadre de la souveraineté marocaine, le retour de la paix au Sahara occidental».

Lors de son intervention devant le Comité de suivi africain le 24 août 1981, le monarque précise que «le Maroc n’est pas seulement prêt mais, plus que cela, il souhaite que ses frères africains soient à ses côtés pour veiller à ce que tous les processus de ce référendum soient complets».

En réponse aux questions des membres du comité de suivi, Hassan II répond que le Maroc est «prêt à accepter le cessez-le-feu». Mais concernant sa position pour engager des négociations directes avec le Front Polisario, le roi du Maroc exprime son désaccord. «Le Maroc pense que les négociations ne se font qu’entre pays reconnus mondialement et capables de respecter ses engagements et sur lesquels des sanctions peuvent être appliquées en cas de non-respect de ces engagements», déclare-t-il.

Au lieu de cela, Hassan II propose des négociations avec l’Algérie et la Mauritanie en tant que parties au conflit et Etats reconnus. Le monarque souligne aussi qu’il ne voit aucune objection à la présence d’une force de maintien de la paix au Sahara, «s’il apparaît clairement que cela est nécessaire». Mais il exprime aussi son rejet absolu de l’instauration d’une administration intérimaire des Nations unies au Sahara.

Après avoir entendu toutes les parties, le Comité exécutif de l’OUA décide de tenir «un référendum libre au Sahara occidental et un cessez-le-feu». Cet organisme estimera que «tous les Sahraouis recensés par l’Espagne en 1974 et ayant atteint l’âge de 18 ans» peuvent voter et que l’opération doit leur offrir deux options : l’indépendance ou l’intégration au Maroc».

Hassan II dit non à certaines conditions du référendum

Mais le 25 septembre 1981, Mohamed Boucetta, ministre d’État aux Affaires étrangères, remettra une lettre au président kényan et président de l’Organisation de l’unité africaine, dans laquelle le roi Hassan II exprime des réserves sur certaines décisions du Comité exécutif de l’OUA, notamment en ce qui concerne ceux qui ont le droit de voter et les options à soumettre aux électeurs.

Hassan II demande notamment que le libellé de la question à poser aux participants au vote «soit rédigé conformément aux dispositions royales islamiques, notamment en vue de l’intégration au Maroc, le libellé de la question ne pouvant ignorer le concept fondamental d’allégeance».

Lors de sa réunion des 7 et 8 février 1982, le Comité africain de suivi décide de mettre en place une administration intérimaire chargée d’organiser un référendum juste et impartial.

Le roi Hassan II. / Ph. DRLe roi Hassan II. / Ph. DR

Cependant, le 8 février, le Maroc réitère devant le Comité de suivi à Nairobi le refus du ministre des Affaires étrangères de mettre en place une administration provisoire sur le territoire. Le même mois, lors de la 38e session du Conseil des ministres africains des Affaires étrangères à Addis-Abeba (Éthiopie), la candidature de la «RASD» comme membre à part entière de l’OUA est approuvée par 26 États membres.

Le sommet de l’OUA qui devait se tenir dans la capitale libyenne Tripoli, auquel le Polisario devait participer pour la première fois, est boycotté par certains Etats, ce qui provoquera son annulation.

Un sommet plus tard, soit le 12 novembre 1984 à Addis-Abeba, la présence du Polisario et son chef, Mohamed Abdelaziz, poussera le Maroc à se retirer de l’OUA. Et avant de claquer la porte, le chef de la délégation marocaine Ahmed Reda Guedira lira le discours royal adressé au sommet.

«Nous n’avons plus qu’à vous souhaiter bonne chance avec votre nouveau partenaire, qui devra essentiellement combler le vide laissé par le Maroc en termes d’authenticité, de crédibilité et de respect, en Afrique et dans le monde», déclare le souverain.

Le Maroc s’opposera ensuite à tout rôle de l’organisation continentale dans la recherche d’un règlement à la question du Sahara. Quatre ans plus tard, le Maroc et le Polisario acceptent le plan de paix proposé par le secrétaire général des Nations unies.





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