Une année après l’indépendance du Maroc, Mohammed V effectue un voyage historique aux Etats-Unis. Une occasion pour le sultan de raffermir ses liens avec la nouvelle puissance mondiale, sachant qu’il a déjà rencontré en janvier 1943 le président Franklin Roosevelt. Une entente a été scellée entre les deux leaders.
L’Américain a montré une ouverture aux revendications du Maroc d’accéder à son indépendance. Après cette rencontre à Anfa, la «question marocaine» a connu de nouveaux développements avec deux temps forts : la présentation du Manifeste de l’indépendance le 11 janvier 1944 et la visite de Mohammed V à Tanger en avril 1947 où il avait prononcé un discours historique, insistant toujours sur l’indépendance de son pays. Une fois cette indépendance acquise, le sultan se devait d’effectuer en novembre 1957 un déplacement officiel aux Etats-Unis.
Dwight Eisenhower déroule le tapis rouge pour Mohammed V
En signe d’hommage au roi du Maroc, le président Dwight Eisenhower, celui qui commandait les armées des alliés lors de la 2e guerre mondiale, n’a pas hésité à bousculer le protocole. Il s’est déplacé en personne pour accueillir son hôte distingué à l’aéroport.
Fait rarissime, à sa descente d’avion, Mohammed V avait été salué par Eisenhower en personne et son vice-président Richard Nixon. Un déplacement qui a scellé définitivement le rapprochement, amorcé 14 années plus tôt à Casablanca, entre les deux pays. Le 22 janvier 1943, le sultan Mohamed Ben Youssef dînait en tête-à-tête avec le puissant Franklin Roosevelt à Anfa. Le Premier ministre britannique, qui était présent au sommet d’Anfa, n’y fut pas convié. C’est lors de cette rencontre que le jeune sultan demanda l’appui américain en faveur de l’indépendance du Maroc.
Saisissant parfaitement l’importance stratégique du Maroc, le président «fit au sultan des propositions de collaboration économique américano-marocaine après la guerre», rapporte le diplomate Robert F. Murphy, représentant de Washington à Alger dans son livre «Diplomat Among Warriors» (Editions Hardcover, 1976).
Feu le roi Mohammed V en compagnie du président américain Franklin Roosevelt à Anfa. / DR
De retour à Washington, le président décida alors de prendre en considération la requête du souverain et nomma David Fritzlan consul à Tanger, alors placée sous la tutelle de la Ligue des nations.
Ce dîner privé entre le sultan et Roosevelt a eu un impact sur les revendications des leaders nationalistes pour non pas réformer le protectorat, comme ce fut dans le cas le 1er décembre 1934 avec le «Plan de réformes marocaines», mais pour tourner sa page.