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Quand Ben Barka révélait l’influence israélienne en Afrique aux leaders arabes

Quand Ben Barka révélait l’influence israélienne en Afrique aux leaders arabes


Les relations entre Israël et l’Afrique ont toujours été tumultueuses. Un sommet avait été envisagé pour rassembler les deux parties au Togo en octobre 2017, avant d’être reporté sine die. Déjà, il y a plusieurs décennies, un Marocain, Mehdi Ben Barka, suivait de près cette avancée israélienne sur le continent.

Ses observations et préoccupations avaient été exprimées lors du «Colloque international sur la Palestine», organisé au Caire du 30 mars au 6 avril 1965. Mehdi Ben Barka avait rédigé un rapport présenté aux participants, mettant en garde les chefs d’État africains nouvellement indépendants contre toute coopération avec Tel-Aviv.

L’intervention du leader de l’UNFP (Union nationale des forces populaires) se distinguait par son réalisme, à une époque où l’idée de l’anéantissement d’Israël était courante dans le monde arabe. Ben Barka reconnaissait la présence d’Israël en Afrique comme une «réalité» et prônait une approche «scientifique» face à cette question.

Un réalisme lucide

Pour étayer son analyse, il rappelait les déclarations des chefs de gouvernement David Ben Gourion (1955-1963) et Levi Eshkol (1963-1969), sur l’importance «vitale» de l’Afrique pour la sécurité et l’avenir de l’État hébreu. Il citait également Golda Meir, alors ministre israélienne des Affaires étrangères.

«Nous sommes un nouvel État qui a fait face et continue de faire face aux mêmes problèmes qu’eux (les Africains, ndlr). Nous avons acquis une certaine expérience originale en matière de développement économique et en tant que pionniers. Tout cela peut être bénéfique pour ces États.»

David Ben Gourion, chef du gouvernement de novembre 1955 à juin 1963 et Golda Meir, ministre israélienne des Affaires étrangères. / DRDavid Ben Gourion, chef du gouvernement de novembre 1955 à juin 1963 et Golda Meir, ministre israélienne des Affaires étrangères. / DRDavid Ben Gourion, chef du gouvernement et Golda Meir, ministre des Affaires étrangères.

Cette stratégie s’est avérée fructueuse, reconnaît Ben Barka. Il mentionne les éloges de certains leaders africains envers Tel-Aviv, tels que le Malien Modibo Keita et le Tanzanien Julius Nyerere. Ces anciens présidents étaient impressionnés par le développement rapide d’Israël et espéraient reproduire ce succès dans leurs propres pays, «faisant d’Israël un véritable lieu de pèlerinage pour les peuples africains», à leurs yeux.

Ben Barka face à l’impérialisme

Et ils n’étaient pas les seuls en Afrique à partager cette opinion. Comme le souligne Mehdi Ben Barka, à l’adresse des pays arabes présents à la conférence du Caire, leur échec à obtenir une condamnation de la politique israélienne en Palestine lors du premier sommet de l’Organisation de l’Unité africaine, tenu en mai 1963 à Addis-Abeba en Éthiopie, en est la preuve.

Ce revers était pourtant prévisible, sachant qu’Israël avait envoyé entre 1958 et 1963 plus de 900 experts dans 30 pays africains pour soutenir leur développement post-indépendance. À cela s’ajoutaient la coopération sécuritaire, l’accueil de 3 431 étudiants africains dans ses universités durant la même période, ainsi que la participation de chercheurs, syndicalistes et cadres administratifs africains à des conférences en Israël. Ainsi, l’État hébreu avait élargi son soutien en Afrique au-delà de ses alliés traditionnels, comme le régime raciste d’Afrique du Sud et les colonies portugaises.

Le constat est dressé avec lucidité et détail dans le discours de Mehdi Ben Barka. Une intervention qui éclaire en partie les raisons de la participation d’agents du Mossad dans le projet de kidnapping de Ben Barka, six mois après la conférence sur la Palestine au Caire en mars 1965 et deux mois avant la Conférence tricontinentale à La Havane en janvier 1966.

Le discours du leader tiers-mondiste sera publié bien plus tard dans le journal marocain «Al Massar» (1985-1988), lancé par feu Ahmed Benjelloun.





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