La Cour d’appel régionale de Cadix a ouvert mardi le procès de Salvadora Mateos, ancienne déléguée du gouvernement central à Ceuta, et de Mabel Deu, ex-vice-présidente du gouvernement local. Elles sont accusées d’abus de pouvoir en lien avec la déportation de 55 mineurs marocains vers le Maroc en août 2021, effectuée sans respecter les procédures légales.
Les deux femmes risquent une peine d’interdiction d’exercer une fonction publique pendant 12 ans. Elles avaient approuvé ces déportations sur la base d’un accord bilatéral signé entre le Maroc et l’Espagne en 2007, qui n’exonère pas du respect des garanties prévues par les lois espagnoles pour la protection des mineurs.
Lors de l’audience, Juan Hernandez, alors chef de cabinet de la déléguée du gouvernement, a révélé que l’opération avait été menée selon les «directives directes» du ministère de l’Intérieur, notamment du ministre Grande-Marlaska et du secrétaire général à la sécurité Rafael Pérez.
Les organisations de défense des droits de l’homme à l’origine des plaintes, telles que le «Réseau espagnol pour l’immigration» et l’association «Escuela», ont affirmé que la déportation des mineurs s’était déroulée sans évaluation individuelle ni assistance d’un avocat ou d’un interprète, constituant ainsi une violation flagrante de leurs droits.
Les mineurs rapatriés faisaient partie des plus de 1 200 enfants qui avaient franchi la frontière de Ceuta en mai 2021, lors d’une crise migratoire sans précédent qui avait vu plus de 12 000 personnes entrer dans l’enclave espagnole.