La députée de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), Fatima Tamni, a adressé une question écrite au ministre de l’Intérieur concernant «l’exploitation d’équipements publics et de la situation de pauvreté de citoyens à des fins électorales par une association proche du chef du gouvernement».
Récemment, des utilisateurs des réseaux sociaux ont diffusé des photos d’un camion appartenant à la commune de Tioughza, province de Sidi Ifni, stationné devant une maison appartenant à la famille du porte-parole du gouvernement, Mustapha Baïtas. Les internautes ont évoqué la distribution de paniers alimentaires durant le mois de ramadan, sous la bannière de la Fondation Joud, proche du Rassemblement national des indépendants (RNI).
En l’espèce, la députée Fatima Tamni a dénoncé «un véritable attentat à la démocratie». «Des parties se disant caritatives mais qui sont proches du parti au pouvoir cherchent à exploiter la pauvreté aggravée par le gouvernement lui-même, pour influencer la volonté populaire des citoyens, à l’approche des échéances électorales et de la course à la tête de l’exécutif du Mondial», a-t-elle écrit.
A l’opposition, la FGD et le PPS montent au créneau
La parlementaire FGD a ajouté que les données disponibles confirmaient que «plusieurs violations ont été constatées, notamment l’utilisation abusive d’équipements publics, donc un camion devant le domicile d’un ministre du gouvernement actuel pour transporter de l’aide destinée à une organisation caritative».
Fatima Tamni a estimé que «ces pratiques sapent les fondements de la démocratie et constituent un abus d’influence, étant donné que cette organisation, se réclamant caritative et proche du chef du gouvernement, a été absente de plusieurs événements importants, les exploitant à des fins partisanes».
Tamni a ainsi questionné le ministre de l’Intérieur sur «les mesures envisagées pour enrayer ces pratiques, l’utilisation abusive d’équipements publics à des fins électorales et l’exploitation de la pauvreté des citoyens pour les influencer implicitement, en vue des prochaines élections».
Rachid Hamouni, chef du groupe du Parti du progrès et du socialisme (PPS) à la Chambre des représentants, a également adressé une question écrite sur le même sujet au ministre de l’Intérieur. Il a évoqué «la Fondation Joud, branche caritative et philanthropique du parti au pouvoir, qui mène des opérations fréquentes et à grande échelle pour distribuer des aides en nature via un large réseau, sous couvert d’œuvres d’intérêt général en exploitant souvent les ressources et les biens publics».
Il a ajouté que cette aide «est fournie sous couvert de solidarité et de charité, mais le contexte électoral et les conditions qui la sous-tendent sont évidents, témoignant d’une exploitation de la pauvreté et de la vulnérabilité des personnes pour attirer les électeurs à travers une approche non éthique et illégitime vers le parti au pouvoir, dont les liens publics et manifestes avec cette fondation sont bien connus».
Le ministre de l’Intérieur a été questionné par le parlementaire sur «les mesures envisagées pour assurer la stricte application des dispositions légales relatives à la distribution de l’aide humanitaire, en général, et plus particulièrement concernant les pratiques de la Fondation Joud, clairement affiliée à des partis politiques et électoraux et largement relayées par l’opinion publique».
Le gouverneur provincial a rappelé aux communes leurs responsabilités
Pour sa part, le gouverneur de la province de Sidi Ifni a adressé un courrier aux responsables des municipalités concernant «l’utilisation des biens des communes à des fins politiques». Dans cet écrit, il informe avoir «constaté que certains responsables de conseils municipaux ont délibérément utilisé des véhicules et des ressources des villes à des fins politiques et électorales, qui ne relèvent pas de la gestion des affaires publiques locales». Il a rappelé que ces situations-là constituaient «une violation flagrante des lois en vigueur».
A ce titre, il a exhorté les responsables communaux «à veiller à ce que l’utilisation des ressources municipales soit contrôlée et à ce que leur mobilisation ne soit autorisée que dans l’intérêt public et dans le cadre de la loi».
Questionné jeudi, lors du point de presse hebdomadaire après le Conseil du gouvernement, le porte-parole de l’exécutif Mustapha Baïtas a évité de répondre. «Nous trouverons le cadre optimal pour aborder les questions politiques soulevées récemment», a-t-il dit.
Ce n’est pas pour la première fois que la Fondation Joud est au cœur d’une polémique similaire. Précédemment, elle a été épinglée dans le contexte des élections de 2021. Le RNI a alors été accusé d’exploiter des œuvres caritatives à des fins électorales.
Dans le même contexte, l’organisation a fait l’objet d’une mise en demeure de la part de l’association Jood, qui a demandé à la structure de changer de nom, pour éviter toute confusion entre les deux entités.