À six mois des Jeux olympiques de Milan-Cortina, Paul Mehdi Benhayoun affine sa préparation sur les pistes enneigées des Alpes. À 32 ans, ce Franco-Marocain nourrit un objectif inédit : devenir le premier biathlète africain à participer aux Jeux d’hiver, en représentant le Maroc dans une discipline encore méconnue sur le continent, révèle-t-il au Parisien.
Né à Reims d’une mère française et d’un père marocain originaire de Fès, il a grandi à Bezannes, en périphérie de la cité champenoise. Rien ne le destinait à la neige ni au tir à la carabine. Sa passion première, c’était le tennis, qu’il pratique en compétition durant sa jeunesse. Le déclic vient plus tard, presque par hasard, au cours de ses études à Chambéry. Il y découvre les sports d’endurance en altitude, puis, progressivement, le ski de fond.
L’idée de représenter le Maroc émerge à la suite d’un film : Good Luck Algeria. L’histoire d’un athlète franco-algérien qui choisit de concourir sous les couleurs de l’Algérie. Ce jour-là, Paul Mehdi Benhayoun referme son ordinateur avec une conviction nouvelle : «C’était ça que je voulais faire : représenter le Maroc aux Jeux olympiques.»
Il débute en ski de fond, avant de bifurquer vers le biathlon, encouragé par un ami. «[Il] m’a fait remarquer qu’il y avait eu déjà des athlètes africains en ski de fond aux JO, mais pas en biathlon. Il m’a incité à essayer ce sport. Il était persuadé (…) que je marquerai vraiment l’histoire du biathlon pour le Maroc et l’Afrique.»
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Déterminé, le jeune homme prend les choses en main. Il rencontre le président de la Fédération royale marocaine de ski et pousse à son affiliation à l’Union internationale de biathlon, obtenue en juin 2025. Une étape décisive pour espérer se qualifier.
Sur les pistes, l’apprentissage est rude. Il participe à des courses en France, temple mondial du biathlon, où il termine loin des leaders. Mais il avance. «Je me cachais derrière le fait que j’affrontais des athlètes qui font ça depuis 15 ans. Puis j’ai retourné la situation. À 30 ans, j’ai une connaissance de moi que les jeunes n’ont pas.»
Pour combler son retard, il s’entoure d’un staff et décroche ses premiers soutiens financiers. Après un passage en Suisse, où il met de l’argent de côté, il décide de tout miser sur son projet. Depuis un an, il se consacre entièrement à la compétition. Son objectif : obtenir l’une des dix places réservées aux nations émergentes en biathlon. «Il fallait que je me donne les moyens de cette ambition.»
Paul Mehdi Benhayoun sait que la route sera étroite. Mais il avance, fort de son parcours atypique, de ses racines marocaines et d’une conviction forgée à force de volonté : «Si certains y arrivent, pourquoi pas moi ?»