Commentant dimanche une vidéo de l’intervention de Karim Bouamrane dans l’émission Quelle époque diffusée samedi, Pascal Boniface a qualifié le maire de Saint-Ouen de « muslim d’apparence ». « Sincèrement, je m’interroge sur cet homme que je ne connais pas perso. Est-il un exemple de la méritocratie ? Alors bravo ! Ou instrumentalisé façon un muslim d’apparence qui ne critique pas Netanyahu et donc bénéficie d’une grosse promo médiatique », a écrit le politologue sur X.
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La réaction de l’élu socialiste ne s’est pas fait attendre. « “Muslim d’apparence” : après 3h d’émission, après 30 ans d’engagement à gauche ; élu de la République depuis 1995, voilà comment un chercheur me qualifie et se disqualifie définitivement. La lutte contre l’essentialisation continue ! Vive la République ! Vive la France ! », a répliqué Karim Bouamrane sur le même réseau social. Et au directeur de l’IRIS d’insister : « Je m’interroge juste sur votre parcours, votre succès médiatique et me demande s’il est lié à une “pudeur” sur les guerres du Proche-Orient. Je pense que votre réponse agressive clarifie les choses. Merci. »
Le premier post de Boniface a suscité une vive polémique. De nombreuses personnalités socialistes et macronistes ont exprimé leur soutien à Karim Bouamrane. « Nul ne devrait être assigné à une supposée identité religieuse ou culturelle. Nul ne devrait préjuger de ce que peut penser un musulman, un juif, un chrétien ou un athée. Encore moins juger qu’une prise de position puisse en faire un « muslim d’apparence ». Le débat démocratique ne l’est qu’à la condition de considérer chaque citoyen pour ses engagements », a déploré Olivier Faure, le Premier secrétaire du Parti socialiste.
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La mairie de Dijon, remontée par ces propos de Pascal Boniface, n’a pas hésité à annuler la 7ᵉ édition des Internationales organisée les 22 et 23 novembre prochain par la ville, en partenariat avec l’IRIS. « Les commentaires de M. Boniface […] s’opposent aux valeurs d’inclusion et de respect mutuel que défend la Ville de Dijon. De tels propos, qui contribuent à l’assignation identitaire et à la division, sont inacceptables », a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Face au tollé, le directeur de l’IRIS a fini par supprimer son tweet lundi, avouant avoir tenu des propos déplacés. « Face à l’émotion suscitée par mon tweet sur Karim Bouamrane, je reconnais que l’usage de l’expression « muslim d’apparence » est maladroite et suscite des interprétations qui sont contraires à ma pensée. Je retire donc ce tweet tout en maintenant les questions de fond que je pose face au silence concernant une situation inacceptable à Gaza, où le risque de génocide est chaque jour plus avéré. »