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Oued Al Makhazin, une bataille, une gloire et trois rois décédés


Le Maroc et le Portugal célèbrent ce 4 août -chacun à sa façon- la célèbre bataille ayant eu lieu dans les environs de Ksar El Kébir durant l’été 1587. Si du côté marocain, l’accrochage final entre l’armée de Mohammed Al Moutawwakil Al Maslûkh (l’écorché) et celle du roi portugais Sébastien Ier et son allié, le prince déchu Abd Al Malik est considérée comme une gloire, la bataille est un désastre qui marquera à jamais l’histoire du Portugal.

Le Maroc saadien ou la bataille entre Abd Al Malik et Al Moutawwakil

Nous sommes le 1er février 1574. Le sultan Abdallah Al Ghalib, quatrième sultan de la dynastie saadienne de 1557 à 1574, vient de mourir, laissant le trône du royaume à son frère  Abd Al Malik alias Abu Marwan. La règle voulait que le règne des Saadiens se transmette entre frères. Mais Mohammed Al Moutawwakil Al Maslûkh dérogera à cette règle, en montant sur le trône dès le décès de son père, privant son oncle Abd Al Malik du titre de sultan.

Mais dès le décès du quatrième sultan saadien, l’Empire Ottoman est plus que jamais convaincu du fait que toutes les conditions sont propices pour conquérir le royaume saadien. En 1576, une expédition ottomane est menée par deux frères du sultan Abdallah Al Ghalib, Abd Al Malik et Ahmad Al Mansour. Ces deux derniers, chassés par leur neveu Mohammed Al Moutawwakil, se seraient refugiés dans la régence d’Alger puis à Istanbul alors capitale de l’Empire ottoman.

En mars de la même année, une première bataille éclate à proximité de Fès. Historiquement appelée Bataille d’A Rukn, elle opposera le camp Saadien du sultan Mohammad Al Moutawwakil et l’armée ottomane menée par son oncle Abd Al Malik et se soldera par la défaite du premier. Abd Al Malik sortira victorieux de cette bataille et reconnait le sultan Ottoman Mourad III en tant que Calife. Le Maroc pourra ainsi conserver son indépendance de l’Empire Ottoman. Vaincu, son neveu Mohammad Al Moutawwakil se réfugie en Espagne puis au Portugal, où il convaincra le roi Sébastien Ier de conquérir l’Afrique du Nord et envahir le Maroc.

Photo illustrant l'arrivée des troupes ottomanes au Maroc. / Ph. ZamanePhoto illustrant l’arrivée des troupes ottomanes au Maroc. / Ph. Zamane

Sébastien Ier du Portugal, le roi conquérant

Né à Lisbonne le 20 janvier 1554, roi dès sa majorité en 1569, Sébastien Ier est un jeune monarque plein d’ambition pour la construction d’un Empire portugais. Pour fêter son 20e anniversaire, en 1574, année du décès du sultan Abdallah Al Ghalib, Sébastien Ier se rend au Maroc durant trois mois, mais sa troupe n’est pas assez forte pour conquérir tout un royaume. Il retourne au Portugal pour préparer donc une nouvelle expédition contre Saadiens. Cette fois, il doit être épaulé par le prince Mohammad Al Moutawwakil, ainsi que le roi Philippe II d’Espagne.

Dans son livre «Les faux Don Sébastien : étude sur l’histoire de Portugal» (Editions Auguste Durand-Paris, 1866), Miguel Martins d’Antas raconte que Sébastien tentera encore une fois d’intéresser Philippe II à son expédition marocaine, en négociant parallèlement un mariage avec la fille du roi espagnol. Ce dernier acceptera l’intervention du Portugal en Afrique, sous conditions mais finira par faire marche arrière aux dernières minutes. Miguel Martins d’Antas raconte aussi que l’expédition portugaise quittera Lisbonne le 24 juin. Sébastien 1er allait traverser la méditerranée une dernière fois.

«Le roi avait pris le commandement supérieur et absolu de l’expédition. Il emportait, dit-on, une couronne d’or fermée, pour la poser sur sa tête lorsqu’il serait proclamé empereur du Maroc.»

Sa flotte s’arrêtera d’abord à Lagos, puis à Cadix où elle perdra du temps à attendre le corps des auxiliaires espagnoles. Le 6 juillet, Sébastien 1er est à Tanger où il rencontrera le prince Mohammad Al Moutawwakil et quelques centaines de ses hommes. «Au lieu de poursuivre sans retard le grand but de son expédition, qui devait commencer par la prise de Larache, le roi se mit à explorer la plaine, en compagnie du shérif (Mohammad Al Moutawwakil), se livrant à la chasse et à des escarmouches», poursuit Miguel Martins d’Antas.

Illustration du roi Sébastien 1er du Portugal. / Ph. DRIllustration du roi Sébastien 1er du Portugal. / Ph. DR

Abd Al Malik, le roi rusé

L’armée portugaise débarquera ensuite à Asilah où elle campera pendant plus de douze jours avant d’être «inopinément assailli par une reconnaissance sous les ordres de Moulay Ahmed Ben Mohammed, frère du sultan Abd Al Malik» et future roi Ahmed Al Mansour Dahbi.

Le 22 juillet, Abd Al Malik adressera une lettre au monarque portugais l’appelant au retrait. Un message, qui n’ébranle aucunement Sébastien 1er dans ses projets de conquête. Un conseil de guerre est alors formé et l’armée portugaise décide de marcher d’Asilah vers Ksar El Kébir par l’intérieur du pays. Le 29 juillet, l’armée se dirigera vers une mort certaine alors que la flotte de Sébastien, elle, vers le port de Larache.

Elle traversera donc Oued Al Makhazin pour camper, la nuit du 3 au 4 août, dans une «excellente position». «Elle avait à sa gauche l’Oued Al Makhazin, couverte à sa droite par un bras du fleuve Louccos et en arrière par ce fleuve lui-même», rapporte l’écrivain portugais. Mais l’armée quittera cette position, déterminée à rencontrer les troupes d’Abd Al Malik à l’intérieur du pays.

«L’affrontement avec l’armée du sultan (Abd Al Malik, ndlr) a lieu le 4 août 1578, près de Ksar El Kébir. Il tourne très vite au désastre pour le Portugais et son allié. Leurs armées sont battues et empêchées de battre retraite, le sultan ayant fait détruire les ponts sur l’oued Al-Makhazin», raconte pour sa part le média spécialisé Herodote. La bataille ne dura que quelques heures.

Trois maîtres mots : poison, confiance et vengeance

Dès la veille de la bataille, Abd Al Malik en fin connaisseur des contrés de Ksar El Kébir, avait anticipé les plans de Sébastien 1er. Il espérait même l’éteindre et détruire son armée avant de rendre l’âme. Plusieurs historiens rapportent que le sultan saadien était souffrant la veille de la bataille. D’autres indiquent qu’il aurait été empoisonné. Durant la bataille, c’est surtout un monarque plus âgé, plus expérimenté et avec moins d’homme qui affrontera un prince déchu, aveuglé par la vengeance et un roi portugais, beaucoup plus jeune et surtout impatient de gagner la bataille.

Miguel Martins d’Antas rapporte plusieurs faux pas ayant entrainé la défaite des Portugais lors de la bataille d’Oued Al Makhazin. Parmi eux, le manque d’expérience du jeune roi portugais, alors âgé d’à peine 24 ans. Ce dernier combattra jusqu’à la fin, convaincu d’avoir ne serait-ce qu’une chance, après l’annonce du sultan Abd Al Malik. Ce dernier, très souffrant, ne se serait même pas rendu sur le champ de la bataille, sa maladie ayant atteint un stade très avancé. C’était plutôt son frère, Moulay Ahmed Ben Mohammed qui combattait à sa place. Ce dernier a donc été proclamé sultan alors que la bataille n’était pas encore finie.

Ahmed Al Mansour et le cadre de Sébastien 1er. / Illustration Ahmed Al Mansour et le cadre de Sébastien 1er. / Illustration

Pour sa part, Mohammad Al Moutawwakil, voyant une deuxième défaite s’approcher à grand pas, aurait préféré prendre ses jambes à son coup. Il est mort noyé dans l’Oued Al Makhazin. L’histoire raconte que son oncle, Ahmed Al Mansour, repêchera son corps avant de l’écorcher. Son cadavre rempli de pailles sera exposé dans plusieurs villes marocaines.

Quant à celui de Sébastien 1er, il est transporté de Ksar El Kébir à Sebta, alors sous contrôle portugais, pour confirmer le décès du monarque et la victoire du Maroc. Celui qui perdra l’une des batailles les plus humiliantes de l’histoire portugaise ne laissera pas d’héritier. Le Portugal est alors annexé par l’Espagne pendant 60 ans. Les Portugais ont, quant à eux, toujours refusé de confirmer la disparition de Sébastien 1er. Selon la légende portugaise, «le Roi dormant» aurait juste disparu.

Quant à Ahmed Al Mansour, son règne correspond à une renaissance culturelle et artistique et une modernisation du royaume. On lui doit notamment le palais El Badi, qu’il a construit à Marrakech avec des matériaux des plus précieux, importés d’Europe, d’Asie et d’Afrique. 





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