Au cœur de l’ancienne médina de Tétouan, dans une famille passionnée par la langue et le savoir, est née Nouzha Ghoutis. La migration ne faisait pas partie de ses rêves ou projets, et pourtant, elle s’est retrouvée à faire ses valises pour les Émirats Arabes Unis, non pas pour chercher stabilité ou opportunités, mais simplement pour rendre visite à sa sœur en 1992. Et ce qui devait être un bref séjour s’est finalement transformé en installation permanente.
Dès son arrivée dans les rues émiraties, elle a été frappée par l’atmosphère du pays. Nouzha a confié à Yabiladi : «Je n’ai jamais vu une femme humiliée aux Émirats, quelle que soit sa nationalité ou son emploi ; les femmes ici sont respectées et prioritaires en tout.» Ce respect, qu’elle considérait comme un prolongement de l’esprit islamique, a été le premier lien émotionnel qui l’a attachée à ce pays.
Enseignante de langue française et chercheuse en linguistique, Nouzha avait des ambitions qui dépassaient les frontières. Son rêve académique nécessitait l’étude des langues dans leur contexte natif. Mais dès qu’elle a posé le pied à Dubaï, elle a réalisé que le monde entier était réuni ici.
Elle a commencé sa carrière au Maroc en tant qu’enseignante de langue française, diplômée en littérature et langue française, avant de s’engager dans divers parcours académiques internationaux. Elle a obtenu un Master en Éducation, puis un Master en Droit en France, et a couronné son parcours académique d’un doctorat en Diplomatie et Sciences Politiques à la London School of Economics and Political Science en 2022.
Sur le plan professionnel, elle est également juge internationale en arbitrage pour la résolution de litiges à Londres et conseillère juridique, avec un diplôme en Gestion des Ressources Humaines de l’Université britannique et un certificat de formateur de l’Académie du Gouvernement de Dubaï. Aujourd’hui, elle est membre actif de l’Association Internationale des Avocats et Juges à Paris, affiliée à la Fédération Mondiale des Amis des Nations Unies, et sert d’ambassadrice diplomatique culturelle. Elle représente également le Maroc à l’Institut de La Haye pour les Droits de l’Homme et le Droit International, sur des questions de droits, de culture et de paix.
Malgré ses nombreux engagements, Nouzha Ghoutis n’a jamais oublié sa première passion : la recherche en linguistique et l’enseignement des langues. Dans le cadre cosmopolite des Émirats, elle a vu une opportunité académique unique dans cette diversité, lançant un projet de recherche ambitieux qui a abouti à son premier livre.
«Aux Émirats, des dizaines de nationalités vivent et travaillent ensemble dans une harmonie rare. C’est de là que j’ai lancé mon projet de recherche, qui a abouti à la publication de mon premier livre en 2023, ‘Solutions Scientifiques Contemporaines pour l’Enseignement et l’Apprentissage de la Langue Arabe’. C’est une œuvre qui combine à la fois les aspects théoriques et pratiques de l’enseignement des langues, liant trois langues majeures : l’arabe, le français et l’anglais.»
Nouzha Ghoutis
Le succès de ce livre lui a ouvert les portes de la reconnaissance scientifique, participant ainsi à la Conférence Mondiale de la Langue Arabe en 2024, tenue annuellement à Dubaï, avec des chercheurs de plus de 170 pays. Elle reviendra cette année sur la même scène, brandissant fièrement le drapeau marocain.
Mais elle n’a pas limité son champ d’action à la linguistique. Elle a publié son deuxième livre, ‘L’Impact de la Diplomatie Économique sur le Développement Économique’, en 2024, illustrant sa vision de l’intégration entre culture, politique et économie.
Bien que certains puissent qualifier son expérience de «migration», Nouzha rejette ce terme, affirmant : «Je ne me suis jamais sentie migrante ou étrangère ; les Émirats sont un pays arabe, sa religion est l’Islam, sa culture est proche de la nôtre, et nous vivons tous nos rituels tels quels : le Ramadan, l’Aïd, les vêtements, la cuisine, et même les fêtes deviennent un espace partagé pour tous.»
«Ici, nous vivons en tant que Marocains avec toutes nos particularités, nous avons nos restaurants, marchés, vêtements traditionnels, festivals, et notre nostalgie pour le Maroc nous rassemble lors d’occasions spéciales où nous évoquons les parfums de la patrie.»
Malgré l’eloignemrnt physique, la nostalgie du pays reste une partie inséparable de son esprit. «Bien sûr, nous manquons et aspirons à notre patrie, nos familles, nos amis, et le parfum de notre chère terre marocaine. Ainsi, chaque fois que les circonstances nous permettent de voyager, nous retournons au pays avec des cœurs remplis d’amour pour son ciel, sa mer, ses montagnes, et ses marchés populaires.»
Aujourd’hui, Nouzha Ghoutis n’est pas seulement une enseignante-chercheuse, mais aussi une voix marocaine dans le Golfe, exprimant sa patrie avec un ton humaniste, contribuant à une image éclatante et fière du Maroc et des Marocains. «Nous sommes les soldats du Maroc au-delà de ses frontières, ses véritables ambassadeurs. Dima Maghrib !»