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Notre Dame de l’Atlas à Midelt, le dernier monastère cistercien du Maghreb


Nous sommes près de Midelt, entre Kasbahs en pisé et nature verdoyante, se cache un temple assez méconnu du grand public. Il s’agit du monastère de Notre-Dame de l’Atlas. Un bâtiment perché sur une petite colline dominant l’oued avec l’Atlas comme décors. 

Ce lieu assez atypique dans la région recèle bien des secrets et une histoire qui mérite d’être racontée. Ce monastère qui appartenait à des sœurs franciscaines depuis plus de trente ans a été cédé aux moines cisterciens, en 2000. L’endroit est resté quasi intact depuis.

Un monastère cistercien trappiste en plein Atlas

Derrière l’imposante porte de l’édifice, se trouve une grande cour, donnant accès à toutes les pièces. Le long bâtiment ocre est construit pratiquement sur un seul étage, en forme de carré pour la partie monastique prolongée d’un T, pour la partie hôtellerie qui comporte plusieurs constructions annexes.

Porte d'entrée du monastère Notre Dame de l'Atlas./Ph.DRPorte d’entrée du monastère Notre Dame de l’Atlas. / Ph. DR

La partie monastique, adossée à la chapelle, est disposée autour d’un cloître dont la décoration sobre et la couleur sont en accord avec le style des kasbahs locales. Toujours dans cette simplicité, représentatives des vies menées par les occupants des lieux, se trouvent deux chapelles dédiées au Père de Foucauld et au Père Peyriguère, ainsi qu’un oratoire mémorial aux sept frères de Tibhirine.

Dans la partie donnant sur l’oued, un grand jardin verdoyant entoure la statue de la Vierge. La partie des hôtes comporte deux bâtiments. Le premier accolé à la partie monastique comporte un oratoire et une dizaine de chambres au décors minimalistes. Dans le deuxième bâtiment, quatre chambres sont disponibles ainsi qu’une salle de réunion pouvant accueillir une vingtaine de personnes.

L'hôtellerie du monastère de Notre Dame de l'Atlas./Ph.DRL’hôtellerie du monastère de Notre Dame de l’Atlas. / Ph. DR

Les visites se fond de Pâques à la Toussaint et les rentrées d’argent permettent aux moines de subvenir à leurs besoins. Les visiteurs sont généralement des retraitants, faisant référence aux hommes et femmes qui prennent une retraite spirituelle. Ils viennent ainsi passer quelque temps avec des moines suivant la Règle de l’Ordre Cistercien de Stricte Observance (Trappistes).

Un monastère érigé dans la douleur

De nos jours, huit moines y habitent et mènent une vie caractérisée par la simplicité et la recherche d’un équilibre entre les formes traditionnelles de la prière monastique. Les moines réalisent des prières communes sept fois par jour, des prières personnelles et religieuses et des lectures et méditations personnelles des textes sacrés. Par ailleurs, les moines accordent également une grande importance au travail manuel, considéré habituellement comme favorable à la prière, au silence et au retrait du monde.

L’histoire de l’Abbaye de Notre-Dame est une histoire assez douloureuse. Car, bien avant sa mutation au Maroc, l’abbaye a vu le jour en Algérie, à l’époque coloniale. Fondée en 1938 à Draa-Esmar, anciennement Lodi (Algérie), l’Abbaye Notre-Dame de l’Atlas a été témoin d’une attaque des plus sordides.

Les moines de Tibhirine en Algérie./Ph.DRLes moines de Tibhirine en Algérie. / Ph. DR

Alors que l’Algérie est en pleine guerre civile, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept moines de Notre-Dame seront séquestrés et assassinés. Les autorités algériennes avaient alors attribué l’attaque au GIA (Groupe islamique armé). Aujourd’hui, un mémorial a été construit dans le monastère de Midelt en hommage aux sept moines assassinés en Algérie.

Suite à cette tragédie, le Père Amédée Noto et le Père Jean-Pierre Schumacher, deux des survivants, se rendront au monastère de Fès, où le prieuré Notre-Dame de l’Atlas y est transféré le 2 juin 1996. Quatre ans plus tard, en 2000, ils s’installeront définitivement à Midelt.

Les moines très proches de la population locale

Contacté par Yabiladi, le moine espagnol José Luis, résident au monastère, nous explique qu’ils sont un peu plus nombreux maintenant. «On est huit, de différentes nationalités, Français, Espagnols, Portugais, Irlandais et Canadiens». 

José Luis nous confie également qu’un des piliers pour la survie de la communauté a été la relation qu’elle entretenait avec les locaux. «Notre relation avec la population locale a toujours été excellente».

«Il faut dire aussi que les gens de Midelt sont très chaleureux et accueillants».

Moine José Luis

Comme en Algérie, les moines de Midelt sont très proches de la population locale, dont la majorité sont des musulmans. Cette cohabitation permet aussi de renforcer le dialogue interreligieux. Comme l’affirme le Père Jean-Pierre Flachaire, prieur de Notre-Dame de Midelt, «il y a trop de méconnaissance de part et d’autre. Il est grand temps de nous ´rencontrer’ pour nous apprécier et pour nous stimuler dans notre service à Dieu».

Le Père Jean Pierre Schumacher, dernier survivant du monastère de Tibhirine en compagnie d’une employée du prieuré Notre Dame de l'Atlas, Midelt, Maroc./Ph. Bruno ROTIVAL/CIRICLe Père Jean Pierre Schumacher, dernier survivant du monastère de Tibhirine en compagnie d’une employée du prieuré Notre Dame de l’Atlas, Midelt, Maroc. / Ph. Bruno ROTIVAL-CIRIC

Des relations qui se sont renforcées au fil du temps et dont témoignent les multiples rencontres et invitations lors d’événements familiaux ou de fêtes religieuses. Par ailleurs, des Marocains travaillent aussi dans le monastère, en tant que cuisinier, portier ou encore jardinier.

«Le temps de nos offices est scrupuleusement respecté par nos employés et même par des voisins qui demandent aux touristes de passage de ne pas sonner au portail quand nous sommes à la prière. Souvent, ils nous souhaitent une ‘bonne prière’ et nous demandent même de prier à telle ou telle intention.»

Père Jean Pierre Flachaire

Le moine José Luis conclut en affirmant être gâté par les splendides paysages entourant le monastère. En effet, durant l’hiver, les chaînes montagneuses sont recouvertes d’un joli manteau blanc, et durant le printemps, un tapis de coquelicots s’étend à perte de vue. Pour les aventureux, il est possible d’effectuer l’ascension du mont Ayachi, qui dure deux à trois jours, ou encore de découvrir le cirque de Jaafar, considéré comme l’une des plus belles pistes de l’Atlas.





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