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Non, le Rassemblement national n’est pas l’ami du Maroc ! [Tribune]

Non, le Rassemblement national n’est pas l’ami du Maroc ! [Tribune]


Il est temps de tordre le cou à une escroquerie intellectuelle qui pollue les débats sur la relation entre la France et le Maroc : celle qui voudrait que l’extrême droite française, en particulier le Rassemblement National (RN), soit le meilleur allié des intérêts marocains au sein de la classe politique et de l’opinion publique françaises. À l’inverse, la gauche est souvent caricaturée comme une ennemie naturelle du Maroc, plus encline à soutenir l’Algérie et réticente à reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara.

Rien n’est plus faux, et un récemment sondage IFOP pour Sud Radio dynamite ces clichés, chiffres à l’appui. On y apprend que les électeurs de la gauche modérée s’affirment comme des alliés solides du Maroc et de ses intérêts nationaux. Si l’on tient compte du vote aux élections européennes de 2024, 88 % des électeurs socialistes PS et 91 % des électeurs écologistes ont une image positive du Maroc contre 48 % des électeurs du RN.

Sur le fond, la gauche modérée soutient majoritairement la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Ainsi, 74 % des sympathisants socialistes et 70 % des électeurs écologistes soutiennent la ligne diplomatique tracée par Emmanuel Macron en juillet dernier. Au sein de La France Insoumise (LFI) – et en dépit d’une hostilité radicale au pouvoir actuel – 42 % des sympathisants approuvent la clarification exprimée par Emmanuel Macron sur le Sahara marocain.

À l’inverse, l’électorat du Rassemblement National est aux antipodes de l’image d’un parti que l’on voudrait présenter comme un allié « naturel » du Maroc. Selon le même sondage IFOP, les électeurs RN aux dernières élections législatives ont majoritairement (53 %) une mauvaise image du royaume. Avec seulement 57 % d’approbation, le RN se classe avant-dernier parmi les grandes familles politiques sur la reconnaissance du Sahara marocain. Sous les discours flatteurs des chefs de la droite nationaliste, habilement marketés, se cache une base électorale focalisée sur un agenda xénophobe, anti-islam et anti-immigration, en contradiction totale avec les priorités d’un Maroc ouvert sur le monde.

«Peut-on sérieusement prétendre être l’ami du Maroc tout en étant l’ennemi des Marocains ?»

Peut-on sérieusement prétendre être l’ami du Maroc tout en étant l’ennemi des Marocains ? En prenant le contrôle du groupe d’amitié France-Maroc à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen fait surtout preuve d’opportunisme, afin de gagner en crédibilité sur les questions internationales. On voit bien que le mythe d’une gauche anti-marocaine sert d’abord l’emprise de la droite sur la relation bilatérale. Au mépris de l’histoire. C’est la gauche de Pierre Mendès France qui a soutenu le combat pour la décolonisation, la gauche de François Mitterrand celui de l’ouverture culturelle, la gauche de Lionel Jospin celle de la reconnaissance des droits des immigrés. Les valeurs de gauche sont bien plus alignées avec les aspirations du Maroc moderne que le repli identitaire et les obsessions islamophobes de l’extrême droite.

Victime sur son Sahara d’une injustice historique au moment des indépendances, le Maroc a le droit de choisir souverainement ses interlocuteurs, parmi toutes les familles politiques françaises. Mais faire reposer la cause du Sahara marocain sur une alliance contre-nature avec l’extrême droite, c’est ériger des postures démagogiques en realpolitik du pauvre. Avec pour conséquence de mépriser notre intelligence collective et affaiblir les intérêts du royaume. La vraie amitié se mesure à l’aune de la cohérence et des valeurs partagées. Et sur ce terrain, nul doute que la gauche modérée, portée par les socialistes et les écologistes, s’imposera – comme elle l’a fait en Espagne et en Allemagne – comme le meilleur partenaire pour bâtir une nouvelle relation bilatérale solide et durable avec le Maroc.

* Youssef Aït Akdim est consultant en communication institutionnelle. Olivier Deau est universitaire et collaborateur parlementaire à l’Assemblée nationale française.





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