Le ministre des Affaires Etrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita et la commissaire européenne à la Méditerranée, Dubravka Šuica, ont insisté sur la solution à deux États entre la Palestine et Israël comme base pour une paix durable dans la région. Le chef de la diplomatie marocaine a reçu la responsable, ce jeudi à Rabat, où elle effectue son premier déplacement officiel depuis sa nomination. En matinée, les deux parties ont co-présidé la séance inaugurale de la Retraite de haut niveau sur l’avenir des relations euro-méditerranéennes.
En marge de l’événement, Nasser Bourita et Dubravka Šuica ont tenu une rencontre de presse, lors de laquelle la situation dans la bande de Gaza a été l’un des points saillants. A ce sujet, le ministre a affirmé que les actes commis par Israël contre les civils palestiniens, les déplacés et la famine imposée constituaient «un défi majeur pour le droit international et pour la stabilité régionale».
«Ce sont autant d’actions rejetées par le Maroc, sous la conduite de Sa Majesté le Roi, Président du Comité Al Qods. Nous les condamnons et les considérons comme une menace, non seulement pour la stabilité de la région, mais aussi pour la sécurité et la stabilité internationales.»
Nasser Bourita
Le chef de la diplomatie affirme qu’«il s’agit d’une violation flagrante du droit international, du droit international humanitaire et des décisions du Conseil de sécurité de l’ONU», mais également une atteinte aux principes fondateurs de l’espace euro-méditerranéen. Dans la bande de Gaza, le ministère palestinien de la Santé a quant à lui fait savoir que depuis le 7 octobre 2023, au moins 64 718 civils ont été tués et 163 859 ont été blessés.
Un défi pour le droit international
Le chef de la diplomatie marocaine a affirmé que la situation à Gaza avait atteint désormais «un stade qui remet en question non seulement le droit international et le droit humanitaire, mais aussi la conscience humaine, les institutions internationales et les membres permanents». «C’est un défi sans précédent pour les institutions internationales et le droit international tel qu’il est aujourd’hui», a-t-il ajouté, rappelant que la position officielle du royaume était «claire».
«Le Maroc condamne fermement et rejette catégoriquement les déclarations scandaleuses faites à l’encontre des Palestiniens de Gaza, quant à leur déplacement. Il s’agit non seulement d’une violation du droit international et du droit humanitaire, mais aussi des fondements de la stabilité, ce qui menace également celle des pays voisins», a encore insisté Bourita. «Le Maroc considère également nécessaire de mesurer la dangerosité des déclarations sur l’occupation de la bande de Gaza» et qui portent atteinte à la solution à deux États, a-t-il dit.
Par ailleurs, Nasser Bourita a déclaré que les actions violentes et les menaces à Al-Qods poussaient vers le virage «d’une question politique à un problème religieux». Considérant que la ville sainte «a toujours été un symbole de coexistence», lui porter atteinte revient en effet à «exacerber la haine et l’extrémisme, avec des conséquences imprévisibles», a ajouté le responsable.
Celui-ci a également souligné que «les attaques contre des pays voisins, comme la Syrie et le Qatar, font l’objet d’une condamnation officielle par le Maroc». A la suite des récents bombardement commis par Israël, Rabat a soutenu la tenue d’un Sommet extraordinaire des États arabes, estimant que «la situation actuelle est extrêmement dangereuse et appelle à la fermeté, de la part la communauté internationale et du Conseil de sécurité».
Plus de fermeté pour faire respecter la solution de paix
Dans le même registre, Nasser Bourita a insisté sur «la paix comme solution stratégique, permettant un Etat palestinien indépendant sur les frontières de juin 1967, avec Al-Qods Est comme capitale». «Sans un Etat palestinien, il ne peut y avoir de paix durable dans la région», a-t-il plaidé. Abondant dans le même sens, la commissaire européenne à la Méditerranée, Dubravka Šuica a souligné que la Commission européenne avait «une position ferme».
«La présidente, Ursula von der Leyen, a fait une déclaration hier, rappelant que nous sommes fermement convaincus qu’une solution à deux États est la seule solution entre la Palestine et Israël. Pour nous, la paix est donc la seule option. Sans en dire plus, nous rejetons bien entendu toute violation du droit humanitaire et du droit international.»
Dubravka Šuica
Pour son premier déplacement officiel depuis sa nomination, la responsable européenne a souligné par ailleurs le rôle du Maroc en tant que partenaire régional de premier plan. «Nous entretenons déjà des liens très solides et nous souhaitons les approfondir dans différents secteurs», a déclaré Dubravka Šuica, pour qui le royaume «peut servir de modèle, notamment en tant que pont vers l’Afrique».
Dans ce contexte, la commissaire a souligné que le pacte pour la Méditerranée devrait servir de cadre à la coopération régionale future. À ce titre, Nasser Bourita a rappelé que la Retraite de haut niveau sur l’avenir des relations euro-méditerranéennes servait de cadre pour «un dialogue franc et informel.
Il s’agit, en outre, d’«une contribution à la réflexion générale, en marge de la célébration du 30e anniversaire du lancement du processus de Barcelone» pour établir un partenariat entre l’Union européenne et les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée. «Cet événement intervient également à un moment où notre espace est confronté à de grands défis, y compris en matière de sécurité et de santé, notamment au vu de la situation à Gaza», a-t-il dit.