À l’appel de nombreuses organisations, dont le Syndicat de la magistrature, la CGT (Confédération générale du travail), la Ligue des droits de l’homme et la Cimade, des manifestations destinées à « dénoncer la politique migratoire à l’œuvre, notamment envers les sans-papiers » sont prévues le mercredi 18 décembre en France.
Depuis l’arrivée de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, le chantier entrepris par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur entre 2020 et 2024, celui de la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers dits « en tension » est en souffrance. De plus, Retailleau avait décidé de diminuer le nombre de régularisations et de remplacer la circulaire signée en 2012 par Manuel Valls, alors Premier ministre, et portant sur la régularisation de 30 000 personnes par an.
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Alors que la réforme de la circulaire n’était pas encore effectuée après la chute du gouvernement Barnier le 4 décembre dernier, « les préfets n’ont pas attendu de nouveau texte et se sont empressés de mettre en œuvre le durcissement envisagé par Bruno Retailleau », fait observer Le Monde, citant le cas de la préfecture de police de Paris, celle qui régularise le plus en France. Dans cette préfecture, les réunions qui permettaient aux syndicats de déposer des dossiers de régularisation ne se tiennent plus depuis la rentrée.
La CGT faisait examiner une trentaine de dossiers par mois, mais n’a plus d’audience depuis novembre, fait savoir une syndicaliste. « Demander une régularisation va devenir impossible. Non seulement cela va créer un ressentiment élevé, mais ça ferme la porte à la mise en lumière de situations illégales, jusqu’à des cas de traite des êtres humains, sur lesquels on ne pourra plus alerter », se désole une militante de la CGT-Paris.
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Alors que les régularisations sont de facto gelées en attendant la nomination d’un nouveau ministre de l’Intérieur, les OQTF se multiplient. « Avec la nouvelle loi immigration, les préfectures peuvent rejeter des demandes de titre de séjour pour la simple raison que la personne a déjà eu une OQTF, même ancienne, ou parce qu’elle a usé de faux documents. Ça existait avant, mais c’était à la marge », explique un autre membre de la CGT. Des soucis supplémentaires pour les travailleurs immigrés en situation irrégulière en France.