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L’UNEM, des guerres des fractions à la confiscation du siège à Rabat [3/3]


La paralysie ayant frappé l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM), au lendemain de l’échec du 17ème congrès tenu à l’Ecole Mohammedia des ingénieurs à Rabat du 22 août au 6 septembre 1981, a été accentuée par d’autres événements.

Dès mars 1991, de nouveaux courants feront leur entrée au sein des universités marocaines. Ainsi, le courant estudiantin proche d’Al Adl Wal Ihsane annoncera sa naissance en mars 1991. Celui des étudiants tajdidis islamistes naîtra en février 1993, courant qui deviendra par la suite l’Organisation du renouveau estudiantin.

Le paysage estudiantin sera ainsi composé des différentes factions de la gauche marocaine, dont l’USFP, les étudiants du PPS, les étudiants bassistes, en plus des étudiants amazighs, les Sahraouis et les deux fractions des étudiants islamistes.

Parallèlement à cette naissance, des violences éclateront entre les différents courants. A Fès, les premiers clashs entre islamistes et gauchistes auront lieu en 1990 avant de devenir un phénomène national, prenant part dans d’autres universités comme Oujda, Marrakech, Meknès et Agadir. En 1991, la mort de l’étudiant gauchiste Mâati Boumli à Oujda marquera officiellement le début des guéguerres entre islamistes et gauchistes. Les responsables de sa mort, des étudiants du courant islamiste issu du Mouvement d’Al Adl Wal Ihsane, seront interpellés puis condamnés à 20 ans de prison ferme.

Deux ans plus tard, la nouvelle victime du courant des islamistes n’est autre que l’étudiant gauchiste Benaïssa Aït Ljid, agressé le 1er mars 1993 et qui décédera plus tard après un coma de plusieurs jours.

Des divisions aux guerres des clans au sein des universités  

A partir de 1994, les divisions toucheront les rangs des étudiants bassistes, selon le chercheur marocain Abdelali Essaghiri. Plusieurs groupes apparaîtront, accentuant les divisions au sein de cette fraction et se répercutant sur la réputation des étudiants bassistes et leurs travaux sur le terrain.

Mais les différents courants au sein de l’UNEM proposeront, chacun de leur côté, des projets pour la réorganisation mais surtout la réanimation de l’organisation estudiantine. Des projets qui seront naturellement voués à l’échec. L’organisation continuera à exister en tant que coquille vide, boudée par ses propres composantes, sans pouvoir devenir ce qu’elle était lors de ses années de gloire.

En 2002, les islamistes au sein de l’UNEM convoqueront même un congrès exceptionnel pour réanimer l’organisation estudiantine. «Les sections dites historiques de l’UNEM (USFP, OADP,PPS et PADS) rejettent la décision du groupe Al Adl Wal Ihsane qu’elles considèrent comme une décision isolée et un vol qualifié de l’héritage, de la tradition et de la lutte de l’UNEM», rapporte Ahmed Chaarani dans son ouvrage «La mouvance islamiste au Maroc : du 11 septembre 2001 aux attentats de Casablanca du 16 mai 2003» (Editions Karthala, 2004).

En même temps, les violences au sein de l’université marocaine se poursuivront. On recense notamment l’assassinat, le 12 mai 2007, d’Abderrahman El Hasnaoui, à Errachidia par des étudiants appartenant au courant amazigh, celui de Mohamed Taher Sassioui, le 22 mai de la même année, ainsi que le décès, le 24 avril 2014, d’Abderrahim Hasnaoui, membre d’Attajdid attollabi (Organisation du renouveau estudiantin), proche du PJD.

Des confrontations à la confiscation du siège de l’UNEM

Les confrontations au sein de l’université marocaine continueront aussi à concerner d’autres fractions, comme en témoigne l’assassinat, le 23 janvier 2016, d’Omar Khaleq alias Izem, un étudiant du courant amazigh à l’université Cadi Ayyad de Marrakech par des étudiants du courant sahraoui.

L’organisation estudiantine a toutefois réussi à garder son nom et son siège au quartier des Organers de Rabat, mais pas pour longtemps. En mars 2016, une demande d’expropriation du siège de l’UNEM a été déposée par le ministère de la Jeunesse et des sports. Une procédure ayant donné naissance à un «comité de suivi contre la confiscation du siège central de l’UNEM à Rabat». Mais au grand dam de ce dernier, la décision a été validée le 28 décembre 2016 en première instance par le tribunal de la capitale.

Seuls deux gardiens occupaient toujours le local alors qu’il semble que la décision de l’expropriation n’aurait pas encore été appliquée. Mais la procédure a planté le dernier clou dans le cercueil d’une organisation ayant constitué auparavant une vraie école pour la formation des élites politiques dans le pays.

«L’UNEM était la meilleure école des cadres politiques après l’indépendance», affirmait Abdelaziz Bennani, avocat, défenseur de militants politiques dans plusieurs pays, ex-président de l’OMDH et ex-président du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme, cité par Marguerite Rollinde dans «Le mouvement marocain des droits de l’homme: entre consensus national et engagement citoyen» (Editions Karthala, 2002). Une école qui n’a pas été remplacée après sa disparition.





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