Dans la suite des réactions au vote annoncé par le Maroc, en faveur de la résolution de l’ONU pour un moratoire sur la peine de mort, l’Observatoire marocain des prisons (OMD) s’est félicité d’un pas significatif, qui rejoint même l’une des raisons principales de la création de l’ONG, en 1999. Ce mercredi, l’association a indiqué accueillir positivement cette initiative, tout en continuant ses actions pour «avancer vers l’abolition définitive de la peine de mort et protéger le droit à la vie».
Félicitant également l’ensemble des organisations non-gouvernementales, l’OMD a qualifié ce changement de «précieux acquis pour les droits humains au Maroc». «Il y a plus d’un quart de siècle, l’Observatoire marocain des prisons a été fondé, avec une vocation à œuvrer pour l’abolition de la peine de mort parmi ses objectifs», rappelle l’OMD, dans sa déclaration parvenue à Yabiladi.
En coordination avec des organisations gouvernementales et non-gouvernement de défense des droits humains, l’ONG rappelle avoir travaillé sur ce dossier, ce qui a permis «d’accumuler les expériences et les approches pour défendre un droit sacré, celui à la vie».
«Au fil des années passées à plaider pour l’abolition, l’Observatoire a réussi à franchir des étapes qui ont fait de cette question un sujet de débat public et ouvert au niveau des spécialistes des droits humains, des politiques, des médias et des institutions telles que le Parlement avec ses deux chambres, le ministère de la Justice, entre autres», souligne l’OMD.
Le fruit d’un labeur collectivement coordonné
Saluant dans ce sens l’annonce du ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi, lundi devant le Parlement, l’OMD souligne que le vote du Maroc pour le moratoire onusien sur la peine de mort, le 15 décembre à l’Assemblée générale, est une évolution de la position d’abstention de vote, observée par le pays de 2007 à 2022. Ce changement est «une demande incessante de l’OMD, depuis des années, d’autant plus que les exécutions sont suspendues de fait, depuis 1993», rappelle-t-on.
A ce titre, l’OMD a mentionné la forte dynamique insufflée par ses partenaires, dont Tous contre la peine de mort et la Coalition marocaine contre la peine de mort (CMCPM). En effet, cette dernière a vu le jour en 2003, un an avant que le rapport de l’Instance équité et réconciliation (IER) ne recommande expressément l’abolition de cette sanction pénale.
Dans ce sens, l’organisation a mentionné la synergie qui s’est étendue à différents réseaux associatifs et institutionnels, ayant fait de cette question leur cheval de bataille à travers les décennies, entre élus, avocats, personnel de l’Education nationale, journalistes et entrepreneurs. «Par leurs efforts, tous ont fortement contribué à ce que les autorités gouvernementales annoncent leur soutien à la résolution de l’ONU», indique l’observatoire, qui aspire à une nouvelle dynamique législative en la matière.
En effet, l’OMD estime qu’il s’agit d’une ouverture vers une meilleure consécration de l’Etat de droit, dans le cadre de la réforme de la justice pénale au Maroc et de l’évolution logique de la politique pénale, afin de «mettre fin à une peine d’un âge révolu, tout en œuvrant pour l’humanisation des prisons, de manière à adapter la peine aux valeurs des droits humains, ancrées dans une culture de sanction et de réinsertion à la fois».
Partenaire de l’OMD, la Coalition marocaine contre la peine de mort regroupe plus d’une douzaine de réseaux associatifs et d’organisations non-gouvernementales, en tant que mécanisme national de «coordination des efforts», en vue de «protéger le droit à la vie en toutes circonstances». Coïncidant avec la Journée mondiale des droits de l’Homme (10 décembre), la CMCPM et plusieurs ONG ont également salué, hier, le vote favorable au moratoire.
Associatifs, institutions ou parlementaires, les défenseurs de l’abolition de la peine de mort au Maroc considèrent en effet que ce changement de position consacre le principe constitutionnel du droit à la vie (article 20), en phase avec les engagements universels du royaume. Pour eux, il s’agit également d’un pas concret vers l’annulation de cette peine, ce que prévoir le deuxième Protocole facultatif au Pacte relatif aux droits civils et politiques.