Le gel de l’adhésion de l’Association israélienne de sociologie (ISS) au sein de l’Association internationale de sociologie (ISA) ne prive pas pour autant les chercheurs israéliens de participer au cinquième Forum mondial de l’instance. Prévu du 6 au 11 juillet 2025 à l’Université Mohammed V de Rabat, celui-ci inclut toujours les communications des concernés. L’une d’elle qualifie expressément le Mouvement palestinien de la résistance islamique Hamas de structure «terroriste», alors que l’événement se tient dans un contexte marqué par plus de 600 jours de génocide dans la bande de Gaza. Ce mercredi 2 juillet, la Campagne marocaine pour le boycott académique et culturel d’Israël (MACBI) a réitéré son appel à la mobilisation, en pressant l’organisateur de revoir sa copie.
Dans une déclaration écrite parvenue à Yabiladi, l’instance au sein de BDS Maroc affirme que «la participation des chercheurs israéliens est bien maintenue au cinquième Forum de sociologie», ce qui constitue, selon elle, «une forme inacceptable de normalisation». «Au vu des nombreux développements, informations et positions qui circulent concernant la campagne de boycott du Forum de l’ISA (…) rappelons que cette dernière n’a pas répondu aux demandes de la MACBI», affirme la source, expliquant en effet que «la suspension de l’adhésion de l’Association sociologique d’Israël par l’ISA ne signifie pas nécessairement que les représentants des universités génocidaires ne participeront pas».
Selon la déclaration, il s’agit de «17 interventions de ces chercheurs qui représentent des institutions israéliennes». «Le fait que la programmation du forum maintienne leur participation et n’émette aucune déclaration annulant la participation de ces institutions complices, de facto, du système de colonialisme de peuplement, d’apartheid et de génocide, est un acte purement normalisateur», insiste encore la MACBI. «L’ISA n’a pas répondu non plus aux principales revendications palestiniennes soulevées dans la déclaration de la PACBI du 24 juin – qui a été largement soutenue par les sociologues arabes et internationaux, ainsi que par l’Association palestinienne de sociologie et d’anthropologie», affirme la source.
La MACBI appelle l’ISA à interagir avec les revendications de la PACBI
Ces revendications consistent à faire que «les chercheurs israéliens qui représentent de facto les universités israéliennes complices lors de leur participation au forum soutiennent les droits des Palestiniens, en vertu des dispositions internationales ; vérifier que ces chercheurs ne sont pas potentiellement impliqués dans les violations flagrantes des droits de humains commises par Israël contre les Palestiniens, en particulier les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide».
Il est aussi question d’«adopter une politique cohérente de ‘reconnaissance de la terre’ pour les universités dans toutes les situations de colonialisme de peuplement, y compris en Palestine, conformément à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, et reconnaître la complicité des universités israéliennes dans les crimes de leur État contre les Palestiniens».
Cette déclaration a été rendue publique, au lendemain de celle de la Campagne de boycott des soutiens à Israël au Liban, qui a également lancé un appel à l’ISA concernant son forum prévu au Maroc. A la lumière de la programmation inchangée, la MACBI a renouvelé son appel à boycotter l’événement, «à moins que l’ISA n’interagisse avec les exigences éthiques pour garantir qu’il ne porte pas préjudice à la cause palestinienne, pour mettre fin au génocide et démanteler le régime d’apartheid des colons israéliens». Pour sa part, l’ISA invoque la «liberté académique» comme argument pour la participation des chercheurs israéliens.
Cet appel fait suite à l’annonce du gel de l’ISS par l’ISA, le 29 juin dernier. Dans une précédente déclaration à Yabiladi, les coordinateurs de cette campagne au Maroc ont souligné que l’adhésion à l’association israélienne n’était pas un critère de base pour la sélection des interventions, d’où la mobilisation continue des chercheurs marocains et internationaux. Parmi eux, 232 ont affirmé leur boycott du Forum, tant que l’organisateur n’aura pas revu sa position.