Mounir Erramach est né à Ceuta en 1974. Il a vite gravi les échelons dans le milieu de la drogue au point de diriger un puissant réseau opérant dans le Nord du Maroc, comprenant des juges et de hauts gradés des forces de sécurité. Son arrestation, le 9 août 2003, a mis un terme à ses activités illicites.
Tout jeune, Erramach a commencé ses premiers pas dans le milieu avec le trafic de cigarettes de contrebande entre Ceuta et les villes du Nord du Maroc. Un passage marqué par une condamnation à 10 mois de prison ferme, pour coups et blessures portés à un concurrent. Une étape d’initiation capitale avant d’entrer dans la classe supérieure : le trafic de haschich.
Grace à un coup de pouce de l’un de ses proches, il est recruté comme membre du réseau du célèbre baron de la drogue, Ahmed Bounekoub, alias Eddib. Avant son arrestation en 1996 dans la cadre de la campagne d’ «Assainissement» lancé par le ministre de l’Intérieur Driss Basri, l’homme régnait en maître absolu du trafic de drogue entre le Nord du Maroc et le Sud de l’Espagne.
L’incarcération d’Eddib allait offrir l’opportunité à une nouvelle génération d’émerger. Erramach, aux côtés de Mohamed Taïeb El Ouazzani, alias El Nene, un autre natif de Ceuta, assassiné en août 2014 dans une station balnéaire à Tétouan par des inconnus, étaient les deux leaders de la relève. Une nouvelle génération qui ne faisait pas dans la discrétion, filmant leurs opérations pour ensuite les diffuser.
22 hauts fonctionnaires corrompus par Erramach
Une fois qu’il a récupéré une partie du territoire d’Eddib, Mounir Erramach a élargi ses activités illégales aux drogues dures. Le soutien de hauts gradés de la sécurité lui avait permis d’agir avec assurance. Et même lorsqu’il a été arrêté en 2001 pour trafic de drogue, il a vite retrouvé la liberté en échange de 20 millions de dirhams offerts à un ancien haut officier de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) opérant à Tanger.
Aux côtés de policiers corrompus, Erramach, grâce à sa fortune, a pu s’offrir les services d’autres commis de l’Etat marocain, travaillant dans les appareils sécuritaire, militaire et judiciaires ainsi que dans les douanes. Le démantèlement de son réseau en août 2003 avait, d’ailleurs, révélé l’ampleur du pouvoir de nuisance d’Erramach.
Mounir Erramach avait à ses ordres deux substituts du procureur général du roi et trois présidents de la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Tétouan ; le préfet de police de Tanger ; le directeur de la Sûreté régionale, le commandant des Forces armées royales de la région Nord, un capitaine de la gendarmerie royale, un directeur régional de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) et des commissaires de la police dans la région du Nord.
Au total, ils étaient 22 hauts fonctionnaires arrêtés avec Erramach. En 2004, la justice marocaine condamnait Mounir à 20 ans de prison alors qu’Eddib n’avait écopé que de 10 ans. Une année après sa condamnation, la police espagnole avait lancé l’«Opération Leila». Les investigations avaient révélé alors les connexions d’Erramach chez le voisin ibérique, notamment dans le blanchiment d’argent en Andalousie.
Trois semaines avant l’arrestation de Mounir Erramach, le 9 août 2003, le roi Mohammed VI avait nommé, le 18 juillet, le général Hamidou Laanigri à la tête de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) en remplacement de Hafid Benhachem qui occupait ce poste depuis 1997.