L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans les stratégies nationales constitue un prérequis de souveraineté, a affirmé, mardi à Salé, la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, Amal El Fallah Seghrouchni. En ouverture des premières Assises nationales de l’IA, elle a insisté sur l’impératif de prendre conscience collectivement et institutionnellement que l’IA n’est pas une technologie future, mais une réalité actuelle.
Celle-ci redéfinit l’avenir en infiltrant les systèmes de protection sociale, d’éducation, de santé, de finance et d’aménagement du territoire, et en remodelant les équations traditionnelles d’équité, d’efficacité, de fiabilité et de souveraineté. D’où l’intérêt, a-t-elle dit, d’aborder cet outil non comme une solution technique subsidiaire, mais comme une responsabilité institutionnelle fondamentale qui nécessite de repenser les modes de pensée publique et de construire de nouveaux systèmes de confiance entre les citoyens et l’État.
La ministre a, par ailleurs, relevé la double responsabilité qu’impose le développement rapide des technologies d’IA. Il s’agit d’une part, d’éviter de rester prisonniers d’une vision dépassée de l’administration, et d’autre part, de faire preuve d’agilité pour réorienter les stratégies nationales, dont Maroc digital 2030, vers l’IA.
Seghrouchni a fait observer que l’un des paradoxes majeurs de l’IA réside dans son potentiel à perpétuer les inégalités, ou à les réduire. L’objectif est d’en faire un moteur de justice sociale et d’accès équitable aux opportunités et aux ressources, a-t-elle souligné.
Évoquant par ailleurs la profondeur africaine du royaume, la ministre a soutenu que le Maroc est pleinement conscient que l’IA n’est pas uniquement une course technologique entre pays, mais également une question de souveraineté symbolique et matérielle, ainsi qu’un espace de remodelage des équilibres mondiaux.
La ministre a ainsi plaidé pour proposer avec une perspective souveraine et gérer la technologie «à la hauteur d’une nation dotée de la volonté de réforme, du courage du leadership» pour faire de l’IA «un moteur de développement».