Mise en examen en avril dernier par un juge de la Junalco (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée), Amira avait été placée en détention, en compagnie de onze autres membres de ce réseau de passeurs accusé d’un crime de « traite d’êtres humains en bande organisée et de délits d’aide à l’entrée d’étrangers, faux et usage de faux ». Le gang, composé de criminels marocains et serbes, était très actif entre 2022 et 2023 en région parisienne, plus précisément à Bobigny, et à l’étranger, notamment en Tunisie et en Serbie, relaie Le Parisien. Au cours de la période, ils auraient aidé des milliers de migrants à entrer illégalement en Île-de-France, un trafic qui leur aurait rapporté des millions d’euros.
La mère de deux enfants âgés de six ans et six mois, qu’elle a eus avec Mohamed K., le chef du réseau criminel, vivait en Espagne au moment des faits. « Cette chanteuse, à la double nationalité italienne et tunisienne, bénéficie d’une certaine notoriété. Elle s’est déplacée en Serbie et aurait participé à la mise en œuvre de vidéos destinées à faire la promotion des bonnes conditions d’accueil des migrants dans ces hôtels mafieux », précise le juge de la chambre de l’instruction.
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La trentenaire nie toute implication dans ce trafic. « Je n’ai aucune relation avec le travail de mon ex-mari. Je suis séparée et j’ai même déposé une plainte pour violences conjugales contre lui. À cause de cet homme, j’ai tout perdu : mon travail, mon argent, mon terrain en Tunisie et même mon logement. Il ne me reste que mes enfants que je veux retrouver », a-t-elle déclaré lors de son interrogatoire devant le juge d’instruction. Amira n’a pas de casier et « n’avait pas un rôle actif dans ces faits », selon son avocat, Mohsen Jaidi.
« C’est une cheffe d’entreprise et une artiste reconnue qui ne représente aucun risque pour la société française », a-t-il plaidé. Des arguments qui ont sans doute amené la cour à ordonner sa remise en liberté sous contrôle judiciaire. Quant à Mohamed K., il aurait été récemment arrêté au Maroc. Son extradition vers la France ne devrait pas effective, le Royaume n’extradant pas ses ressortissants. « C’est un sujet extrêmement sérieux. Il reste encore des investigations à mener sur ce réseau très actif en France, en Tunisie et en Serbie. Et toutes les personnes impliquées dans cette agence pour migrants clandestins n’ont pas encore été identifiées », explique l’avocat général.