Hébergement personnel
CultureEconomieFranceMarocMondeMRESciencesSportUncategorized

Les vies multiples des Arènes de Casablanca


Avec ses lieux emblématiques et son activité humaine dense, Casablanca a longtemps été une ville de divertissement. Au début du XXe siècle, les aficionados de la tauromachie à Dar Beida ont eu leur chef-lieu de la tradition espagnole de la corrida. En effet, c’est famille espagnole vivant dans la métropole et adepte de cette pratique qui a fait construire la première et dernière arène de torero de la ville.

Les Castellas, immigrants espagnols vivant à Casablanca à la fin du XIXe siècle, ont choisi Anfa, le quartier le plus huppé de la ville, pour abriter ériger une arène de torero en bois. Ils l’ont appelée Las Arenas de Casablanca, ou comme les locaux l’appellent, Les Arènes.

Selon Antonio Garcia-Baquero Gonzalez, dans son ouvrage «Fiestas de toros y sociedad: actas del Congreso Internacional», les Arènes de Casablanca auraient «existé depuis le début du XXe siècle».

Un point de rencontre des fans de tauromachie à Casablanca

Dans son livre «Habla de la Plaza de Casablanca», l’auteur portoricain Fredirico Ribes Tovar avance qu’au début des années 1910, l’arène de Casablanca sur le boulevard Anfa a déjà été en activité. Elle a ainsi accueilli des combats et des compétitions pour les fans de torero. Mais d’autres archives historiques repoussent son existence aux années 1920. L’historien espagnol Julio Iribarren, dans un article de recherche, indique que l’arène en bois a été ouverte en 1921.

Pour célébrer cette inauguration, qui a eu lieu en octobre de cette année-là, des taureaux du Conde de la Corte, nom populaire donné à la ferme d’élevage des «Héritiers de l’Excmo. Sr. Conde de la Corte», ont été combattus par les équipes de toreros espagnols Julián Saiz Saleri, Manuel Varé Valerito, et José García Maera.

Indépendamment de la première ouverture, Gonzalez se base sur des articles de presse locaux publiés à l’époque, pour expliquer que contrairement à l’arène de tauromachie de Tanger, celle de Casablanca «reflète plus le caprice de véritables ‘aficionados’, de la famille Castella». Celle de la cité d’Ibn Battuta, cependant, «s’inscrit naturellement dans un processus d’acculturation initié par les Espagnols».

Les corridas ont eu lieu sporadiquement dans l’arène en bois, jusqu’aux années 1950. A partir de là, des travaux de rénovation ont permis de remplacer le bois par du béton. Avance Taurino écrit que l’arène a été fermée ente 1939 et 1953, pour laisser place au chantier initiés par Vicente Marmaneu, un homme d’affaires catalan. L’ouvrage de modernisation est le fruit d’une collaboration avec Paul Barriere, un passionné de tauromachie et ami du torero et homme d’affaires Domingo Dominguín.

«Le travail des deux a permis de rouvrir ces arènes le 8 mars 1953. L’événement était programmé avec une corrida où Jesús Córdoba, José María Martorell et Calerito ont performé contre des taureaux de Matías Bernardos et Sánchez Fabrés», a écrit la plateforme spécialisée.

Cette saison-là, cinq corridas importantes ont eu lieu dans Les Arènes rénovées, marquant la renaissance de l’attraction de Casablanca. Des figures notables de la tauromachie ont combattu sur place, y compris José Escobar le 12 octobre 1958, une corrida de José Luis Vázquez pour Antonio Ordóñez, Manolo Vázquez, et Juan Antonio Romero le 23 avril 1961, outre un combat le 6 juin 1968 avec des taureaux de Salvador Guardiola pour un trio composé de Gregorio Sánchez, Manuel Benítez El Cordobés, et Ángel Teruel.

Cependant, un accident tragique est survenu en 1960. Torero de Tanger, Luis Álvarez Andaluz a été encorné dans l’arène par un taureau, ce qui a nécessité son hospitalisation. Neuf ans plus tard, l’arène a vu sa dernière corrida, le roi Hassan II mettant fin à la tauromachie en raison de son aversion pour ce sport cruel.

Le matador et manager Victoriano Valencia, qui est allé combattre à Casablanca en 1953 en tant que novillero, a déclaré à Avance Torino que «les fans musulmans étaient curieux et appréciaient l’aspect artistique» des prestations.

Bien que la tauromachie ait pris fin à Casablanca, l’épouse de Vicente Marmaneu a gardé en vie l’héritage de son mari décédé. «Après l’indépendance, ruinée par le départ de la grande majorité des Espagnols résidant à Casablanca, Marmaneu a ouvert un restaurant entièrement dédié à la tauromachie», écrit Gonzalez.

Son restaurant, situé dans le centre-ville de Casablanca, est même fréquenté par des toreros laissant derrière eux un «souvenir qui donnait au restaurant le statut de sanctuaire : des objets donnés y étaient vénérés comme des reliques».

Un lieu incontournable pour le divertissement

Outre la tauromachie, l’arène a accueilli des matchs de boxe, des concerts et de grandes stars internationales. Inaugurées par le Maréchal Lyautey après sa restauration, qui a duré 80 jours en 1921, Les Arènes de Casablanca ont accueilli un match de boxe mettant en vedette le champion du monde de boxe Georges Carpentier.

En juin 1962, le lieu a abrité un concert de la star de rock français Johnny Hallyday, venu au Maroc dans le cadre d’une tournée. L’arène a également accueilli d’autres célébrités, dont le chanteur égyptien Abdelhalim Hafez, Najat Saghira, la diva Fairuz, et le groupe vocal américain The Platters, ainsi que Dalida.

Pendant des années, les arènes ont largement contribué au rayonnement artistique de Casablanca et à l’attrait de sa vie nocturne. Démoli en 1971, le lieu autrefois incontournable pour les férus de tauromachie ou encore pour les mélomanes a laissé place à un parc, inauguré plus tôt en 2024. Ce dernier conserve encore des souvenirs des anciennes installations, avec une scène voûtée entourée de sièges en forme d’arène ovale.





Source link

Articles connexes

Recettes douanières dépassent 60 MMDH à fin août

klayen

Rencontre économique: Focus sur la coopération Marocco-Ougandaise

klayen

Marrakech-Safi: Le Conseil de la région approuve des projets structurants

klayen