Après les mots du président, la France passe à l’action pour donner forme à son virage politique sur le Sahara occidental. Parmi les nombreuses conventions signées entre le Maroc et la France, plusieurs portent sur des projets dans les provinces sahariennes. D’autres mesures en faveur de la marocanité ont été annoncés par les ministres français. Trois domaines principaux sont concernés par l’action de la France en faveur de la marocanité du Sahara occidental.
Le volet diplomatique
Alors que le Conseil de sécurité se prépare à voter une nouvelle résolution sur le Sahara occidental, le président français s’est engagé à défendre la marocanité de la province dans les instances internationales. «Nous agirons en nous engageant diplomatiquement pour convaincre que la solution marocaine est la seule au sein de l’Union européenne, aux Nations unies», a-t-il déclaré mercredi devant la communauté française du Maroc.
Pour défendre ses intérêts dans les provinces sahariennes face à ses concurrents, Paris prévoit d’y étendre sa représentation diplomatique. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot a annoncé, mardi à Rabat, que l’ambassadeur français au Maroc «se rendra dès la semaine prochaine» au Sahara. «Nous allons y accroître notre action consulaire et culturelle en vue de la création d’une Alliance française», a-t-il révélé.
L’éducation et la culture
Cette extension de la couverture consulaire permettra d’accompagner l’engagement de la France dans le développement des échanges dans l’enseignement et la culture sur ce territoire. «Nous allons rendre possible la tenue des épreuves du Brevet du collège et du Baccalauréat dans nos écoles de Dakhla et à Laayoune», a annoncé le mercredi 30 octobre le président français. De son côté la ministre de la Culture, Rachida Dati, a fait état d’un accord avec son homologue marocain pour la construction d’un cinéma à Dakhla. «Le cinéma est contenu dans cet accord. A Dakhla et à Laayoune, nous allons développer un fort volet culturel dans ces provinces», a-t-elle déclaré aux médias marocains.
L’argent, nerf de la guerre
Le président a promis de «poursuivre le développement économique et social du Sahara occidental, qui est un impératif», saluant au passage «les efforts faits par le Maroc à cet égard». Il a ajouté que «nos opérateurs et nos entreprises accompagneront le développement de ces territoires au travers d’investissements, d’initiatives durables et solidaires au bénéfice des populations locales».
Le bras armé de cette volonté est sans conteste, l’Agence française de Développement (AFD). Le Maroc est déjà le premier bénéficiaire des lignes de crédit de l’AFD (5,6 milliards € engagés depuis 1992). Ce soutien financier devrait donc s’accroître avec l’inclusion du Sahara occidental dans le périmètre d’action de l’agence de développement. Et le président français ayant pris note de la décision de la Cour européenne de justice (CJUE) a tenu à rassurer tous les acteurs sur la protection juridique des investissements : «L’Agence française de développement et nos entreprises continueront de le faire dans un cadre (juridique) qui a été sécurisé.»
Le tissu entrepreneurial français au Maroc a déjà préparé le terrain, avec une présence économique dans les trois régions de la province, à travers la Chambre française de commerce et d’industrie au Maroc (CFCIM). En effet, la CFCIM est présente dans le territoire depuis 2017, bien avant la reconnaissance, le 10 décembre 2020, par l’administration Trump de la marocanité du Sahara. Une longueur d’avance sur les groupes espagnols, allemands ou britanniques, qui lorgnent les grans projets de développement sur ce territoire.
De nouveaux investissements massifs
Dans le sillage de la visite d’Etat au Maroc plusieurs entreprises françaises, dont Engie et MGH Energy, ont signé durant la visite des accords visant à la production d’énergies vertes et e-carburants depuis le Sahara occidental. De son côté, La Tribune s’est focalisée sur l’hydrogène vert. «Les énergéticiens tricolores à l’assaut de l’eldorado marocain», a écrit le quotidien économique. «A travers le projet «Chbika», TotalEnergies entend développer, conjointement avec l’autrichien Eren, un gigawatt de capacités solaires et éoliennes terrestres (soit peu ou prou l’équivalent d’une tranche nucléaire) dans la région en pleine transformation de Guelmim-Oued Noun. Objectif : produire de l’hydrogène, et surtout, quelque 200.000 tonnes d’ammoniac vert par an à destination du marché européen», précise la même source.
Dans son discours du 20 août 2022, le roi Mohammed VI avait précisé que «le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international, et l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats que le Royaume établit». La France a répondu à cet appel.