Le prix INRAP – RAN pour la préservation par l’étude du patrimoine archéologique méditerranéen» a été attribué aux travaux archéologiques maroco-français sur les sites d’Igiliz, de Tit et de Tinmel, menés dans le cadre de recherches sur les «sanctuaires et forteresses almohades». Cette consécration aura ainsi marqué la douzième édition des Rencontres d’archéologie de la narbonnaise (RAN), clôturée, le samedi 19 octobre à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) en France.
Ce prix valorise «l’action d’un chercheur ou d’une chercheuse, d’un laboratoire ou d’une institution française ou étrangère qui, sur l’aire méditerranéenne, en milieu terrestre ou maritime, met en œuvre des techniques de fouille, de relevé et de restitution permettant la préservation par l’étude de tout ou d’une partie d’un site archéologique, du Paléolithique à l’époque contemporaine», fait savoir un communiqué parvenu à Yabiladi.
Cette année, le prix a été décerné par Dominique Garcia, président de l’INRAP, à Ahmed Ettahiri, professeur à l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP) et enseignant à l’Université Chouaib Doukkali d’El Jadida (Maroc), ainsi qu’à Sébastien Gaime, directeur adjoint scientifique et technique Auvergne à l’Inrap et à Jean-Pierre Van Staëvel, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, responsables scientifiques et techniques des différentes recherches menées sur les trois sites (France).
La mission archéologique est placée sous la tutelle conjointe de l’INSAP, relevant du ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication et de la Casa de Velázquez (Madrid). Elle bénéficie de la coopération de la direction du patrimoine culturel du côté marocain, de l’Université Chouaib Doukkali et de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, de l’UMR 8167 Orient & Méditerranée et de l’INRAP, «dans le cadre de PAS internationaux, du Centre Jacques Berque à Rabat et du soutien de la Commission des fouilles du ministère de l’Europe et des affaires étrangères», fait savoir le communiqué.
La mission «explore certains des sites emblématiques du Maroc des XIIe et XIIIe siècles». «Regroupant en son sein divers programmes de coopération scientifique, Igiliz au sud-est de la ville de Taroudant, Tît-n-Ftar sur la côte atlantique, la cité médiévale de Tinmel dans le Haut-atlas, elle est ainsi nommée en référence aux premières études consacrées, dans les années 1920, aux spectaculaires réalisations monumentales du plus grand empire que l’Occident musulman médiéval ait connu : l’Empire almohade (1147-1269)», souligne la même source.
Celle-ci rappelle que la mission a été «initiée avec la fouille extensive qui, depuis 2009, explore la montagne d’Igiliz (province de Taroudant), berceau des Almohades». Elle a «identifié et exploré, dans le cadre de prospections pédestres et aériennes, d’autres sites médiévaux dans la même région, dont la ville d’Ânsâ». De 2015 à 2016, elle a «mené sur le site deTît-n-Ftar (commune de Moulay Abdellah Amghar au sud-est de Casablanca), en partenariat avec la direction du patrimoine culturel, les relevés ortho-photographiques ainsi que les relevés au scanner de l’ensemble des monuments».
«Une fois traitées, les données ont été visualisées sous forme de relevés d’élévation phasés et de restitutions en 3D. Ces dernières années, la mission archéologique s’est enfin tournée vers le Haut Atlas pour commencer l’exploration des vestiges du site de Tinmel (province de Marrakech), célèbre cité sainte de l’Empire almohade», souligne-t-on.
Interrompus par le séisme du 8 septembre 2023 dont le site est l’épicentre, les travaux «ont repris à l’automne 2024 en adaptant l’approche archéologique à la gravité et à l’urgence de la situation», dans une démarche de «promotion de l’archéologie rurale» et de «sensibilisation à l’archéologie préventive».
L’idée est de «contribuer à élaborer une autre vision des Almohades, construite depuis les périphéries et non plus les grands centres urbains ou les capitales d’empire».