Dans la nuit de jeudi à ce vendredi, le Comité national des internistes et des résidents (CNIR) s’est joint à la mobilisation des étudiants en médecine, en condamnant «des violations flagrantes» à la suite des sit-in tenus à Rabat, ces deux derniers jours. «Nous avons été choqués par le retour aux méthodes répressives, encore plus graves, avec une répression physique et verbale ayant abouti à l’interpellation d’un nombre de médecins internes», a fustigé un communiqué.
En l’espèce, l’instance annonce «une grève d’avertissement» excluant les services d’urgence, de garde et de réanimation, à compter de ce 27 septembre au mardi 1er octobre. Dans ce sens, le CNIR a appelé «l’ensemble des stagiaires et résidents à se joindre autour des bureaux locaux du Comité et à prendre part aux rassemblements publics qui se tiendront dans différentes villes».
Cet appel à la mobilisation intervient le même jour de l’annonce par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, d’une série de mesures pour que les facultés de médecine et de pharmacie rétablissent «leur fonctionnement normal». Seulement, la Commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie au Maroc (CNEMEP) appelle aussi à la libération des manifestants interpellés. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la représentation estudiantine a estimé leur nombre à 28.
Sept syndicats et organisations professionnelles appellent à privilégier le dialogue
Pour sa part, la Coordination nationale des syndicats du secteur de la santé au Maroc a exprimé sa «ferme condamnation» de la répression des rassemblements des étudiants médecins en grève à Rabat, ainsi que les arrestations ayant accompagné les interventions des autorités, mercredi soir et jeudi après-midi. Dans un communiqué, la structure composée de six instances a déploré un agissement «contraire aux principes de droits humains prévus par la Constitution et les conventions internationales».
A l’issue d’une réunion avec le ministère de la Santé et de la protection sociale, consacrée au dossier revendicatif des professionnels du secteur représentés par lesdites centrales et organisations, la coordination a en effet consacré une dernière partie de son communiqué à la situation actuelle des étudiants. Dans ce sens, elle a affirmé que ces derniers «exerçaient leur droit légitime au rassemblement pacifique». A ce titre, elle a exprimé son rejet de «l’approche sécuritaire adoptée par le gouvernement dans son traitement du dossier», tout en appelant à la libération de ceux qui ont été interpellés, afin de «privilégier la voie du dialogue et de la concertation pour sortir de la crise».
Abondant dans le même sens, l’Observatoire de la santé marocaine a exprimé sa solidarité avec les étudiants, qui, pour le collectif, «jouent un rôle crucial dans le développement et l’avenir de notre système de santé». «Le Maroc, engagé dans une refonte ambitieuse» du secteur, pour «réussir le chantier royal de généralisation de la couverture sociale», réussira avec «ses piliers, les ressources humaines, et nos futurs médecins», souligne un communiqué parvenu à Yabiladi.
Une issue en faveur de «la formation de qualité» pour les futurs médecins
Créé cette année par une dizaine de praticiens, l’Observatoire estime qu’«une formation de qualité des étudiants en médecine, leur bien-être et leur confiance dans cette refonte sont essentiels pour garantir un système de santé efficace et accessible à tous». «En tant que futurs professionnels de la santé, ils sont confrontés à de nombreux défis, notamment des conditions d’études difficiles dû à l’encombrement des lieux de stages, un manque de ressources avec des bourses d’études considérées comme trop faibles en 2024», souligne le collectif, qui rappelle les raisons de la grève nationale et du boycott des examens dans les facultés.
Dans ce contexte, l’Observatoire a lancé un appel aux autorités «à la conciliation, à favoriser la concorde, et à prendre des mesures concrètes et immédiates pour éviter l’année blanche, qui serait une situation d’extrême gravité provoquant une pénurie de médecins, alors que nous faisons face depuis des années à un véritable déficit en ressources humaines». Dans le même sens, l’instance a appelé le gouvernement et les ministères de tutelle à «garantir aux étudiants en médecine le droit constitutionnel de grève, à traiter leurs revendications avec respect et à préserver leur dignité».
A ce titre, l’appel a également été lancé au «Conseil national de l’ordre des médecins, la Société marocaine des sciences médicales» et «l’ensemble des sociétés savantes et la société civile» à «intervenir urgemment» en faveur d’une médiation fructueuse, qui tienne compte «de la dignité et des revendications de nos futurs médecins».
Depuis un an, les étudiants en médecine s’opposent principalement à la réduction de la durée de leurs études, revue de sept à six ans dans le cadre de la réforme gouvernementale. Les autres revendications portent notamment sur les conditions de formation pratique et théorique, la surcharge des facultés, le cursus de spécialisation en troisième cycle, ainsi que la rémunération des médecins internes.