Un collectif de syndicats et d’organisations professionnelles de la presse a adressé une lettre ouverte au Premier ministre pour exprimer son opposition au projet de loi n° 26.25, qui prévoit de réorganiser le Conseil national de la presse. Le texte a été transmis le 9 septembre à la Chambre des conseillers, après une adoption rapide par la Chambre des représentants.
Les signataires dénoncent une réforme «sans légitimité professionnelle», contraire à l’article 28 de la Constitution et au Code de la presse. Selon eux, le projet sape le principe d’autorégulation et porte atteinte à l’indépendance du secteur.
Parmi les organisations mobilisées figurent le Syndicat national de la presse marocaine, la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), la Fédération nationale du journalisme, des médias et de la communication (UMT), le Syndicat national des médias et de la presse (CDT) ainsi que la Confédération marocaine des éditeurs de journaux et de médias électroniques.
La lettre critique notamment l’instauration de deux systèmes de représentation jugés «inéquitables» : élection pour les journalistes et nomination des éditeurs selon leur poids économique, ce qui favoriserait les grandes institutions au détriment des petites entreprises médiatiques. Le recours au vote individuel ouvert pour les journalistes est également considéré comme un recul par rapport au système de listes adopté en 2018.
Enfin, les organisations alertent sur l’institutionnalisation d’une approche réglementaire conférant une autorité exécutive aux grands éditeurs, en contradiction avec les engagements internationaux du Maroc sur la liberté syndicale. Elles demandent au Premier ministre de retirer le projet de la Chambre des conseillers et d’ouvrir un dialogue social en vue d’une nouvelle rédaction consensuelle.