Le Grand Palais abritera la quatrième édition du Festival du livre de Paris, qui se tiendra du 11 au 13 avril 2025 dans la capitale française. Invité d’honneur cette année, le Maroc sera fortement présent, à travers ses auteurs nationaux et binationaux, jeunes, initiés et chercheurs. Pour les organisateurs, il s’agit de «renouer des liens fraternels ici et ailleurs, par-delà les mers, dans un contexte international où se disputent mémoires et imaginaires».
Le royaume sera représenté par «la richesse de son histoire et de sa culture au croisement des civilisations méditerranéennes», souligne Pierre-Yves Bérenguer, directeur général de l’événement. Au cœur du festival, le pavillon marocain tiendra ainsi une place centrale, avec un espace de conférence qui accueillera auteurs et chercheurs, sur trois jours.
Vendredi 11 avril, il abritera notamment une rencontre avec Asma Lamrabet, qui présentera son livre «Islam et libertés fondamentales : pour une éthique universelle» (éd. En toutes lettres). Membre de l’Académie du Royaume du Maroc, l’essayiste participera également à la table-ronde thématique «Patrimoine marocain au prisme de son pluralisme – être marocain : une citoyenneté ouverte».
Y prendront part également Monique Elgrichi, communicante, directrice générale du groupe Mosaïk, Ahmed Boukous, recteur de l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) et Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME).
Un hommage aux auteurs d’hier et d’aujourd’hui
«Éclats d’une écriture engagée» fera par ailleurs un hommage posthume à Driss Chraïbi, en célébration du 70e anniversaire de la publication de son roman «Les Boucs», un des plus forts textes sur l’immigration et la situation des travailleurs maghrébins en France. Cette rencontre connaîtra la participation de Kebir Mustapha Ammi, auteur de «À la recherche de Glitter Faraday» (Tantara), Zineb Mekouar, autrice de «Souviens-toi des abeilles» (Gallimard) et Sheena Chraïbi, épouse de l’écrivain défunt.
Alliant écriture et scène, une représentation théâtrale autour des textes de Fatéma Mernissi sera présentée par Amal Ayouch et Sanae Assif, dans la pièce «Harems». Dans leur prestation mise en scène par Anne-Laure Liégeois, les deux comédiennes «disent en images, en musiques, avec la puissance et l’humour de Fatema Mernissi, la complexité des rapports entre les hommes et les femmes dans le monde musulman».
Samedi 12 avril dans l’espace de conférence du pavillon marocain, une rencontre se tiendra avec Leila Slimani, autour de son livre «J’emporterai le feu» (Gallimard). Par ailleurs, une table-ronde abordera le thème «le Maroc, un destin atlantique : Maroc – France, un océan en partage», avec la participation d’Abdallah Saaf, professeur et directeur du Centre des études et recherches en sciences sociales, Driss Guerraoui, président de l’Université ouverte de Dakhla, membre de l’Académie du Royaume du Maroc et Alain Juillet, président d’honneur de l’Académie d’intelligence économique.
L’écrivain et enseignant Driss Jaydane présentera quant à lui son roman «Moïse de Casa» (éd. Les Avrils). Dans le cadre d’«Éclats d’une écriture engagée», un hommage sera par ailleurs rendu à Edmond Amran El Maleh avec un retour sur son parcours, son écriture et son imaginaire. La rencontre se déroulera avec la participation du conseiller royal André Azoulay, président de la Fondation de l’Association Essaouira-Mogador, Mohamed Tozy, professeur, chercheur et auteur Simone Bitton, réalisatrice de films documentaires et autrice d’un biopic cinématographique sur l’auteur défunt.
Faisant la part belle à l’illustration et au récit imagé, «Une écriture entre deux rives. Khaliya 3, d’ici et d’ailleurs» mettra en avant le projet de bande-dessinée éponyme, qui se «veut une véritable passerelle entre les cultures et les générations». En collaboration entre le CCME, les fondations Al Mada et Hiba, cette édition troisième édition de l’initiative a rassemblé dix jeunes talents du Maroc, de France et de Belgique pour interroge la notion du «lien sous toutes ses formes : les racines, la transmission, la mémoire collective, la famille, l’amitié et l’altérité sous un prisme créatif et engagé». Cette présentation connaîtra la participation des illustratices Aicha Abouhaj et Ibticem Larbi, ainsi que Amine Hamma, de la Fondation Hiba.
Dimanche 13 avril, une rencontre avec Rahal Boubrik se tiendra autour de son livre «La question du Sahara. Aux origines d’une invention coloniale : 1884-1975» (éd. La Croisée des Chemins). Par ailleurs, romancières, intellectuelles et historiennes participant à l’aventure migratoire apporteront leur lecture de ces intersectionnalités, dans le cadre de la table-ronde «Une féminité entre deux rives ? Quel regard féminin sur la migration ?». L’activité se tiendra en présence de Samira El Ayachi, autrice du roman «Le ventre des hommes» (éd. de l’Aube), Yasmine Chami, autrice de «Casablanca circus» (Actes Sud) et Kaoutar Harchi, qui a signé «Ainsi l’Animal et nous» (Actes Sud).
Au-delà de l’écrit, l’espace du pavillon servira de lieu pour mieux faire connaître d’autres héritages ancestraux du pays. Dans ce cadre, une projection sera prévue de «Caftan Marocain : un voyage à travers les mains de ses artisans» de Yohann Charrin Durée, dans l’auditorium. Le même jour, Salah El-Ouadie présentera son opus «Itinéraire d’un rescapé du XXe siècle» (éd. Centre culturel du livre), en présence de Driss El Yazami.
Par ailleurs, «Éclats d’une écriture engagée» rendra hommage à Mohammed Khaïr-Eddine, avec le soutien du CCME, de l’Académie du Royaume et des éditions Le Fennec, qui viennent de rééditer sept romans et récits de l’auteur défunt.
Des espaces d’interaction alliant échange d’idées et convivialité
Aussi, l’espace dédicaces soutenu par le CCME accueillera de séances de signatures d’auteurs marocains, dont Mohammed Nedali pour «Il fait nuit chez les berbères» (L’Aube) et «L’école marocaine, diagnostic d’un ex-enseignant», Zineb Mekouar pour «Souviens-toi des abeilles», Leïla Bahsaïn pour «Ce que je sais de monsieur Jacques» (éd. Albin Michel), Youssouf Amine Elalami pour «La vie lui va si bien» (Le Fennec), Hajar Azell pour «Le sens de la fuite» (Gallimard), Abdellatif Laâbi pour «L’Anthologie de la poésie gazaouie» (Points) et «L’Espoir à l’arraché, Presque riens» (Le Castor astral), ou encore Rachid Benzine pour «Le silence des pères» (Seuil) et Souad Jamaï pour «La version des fées» La Croisée des Chemins.
Outre ces rencontres, La Grande Dictée fait son retour sous le signe de la découverte. Au Petit Palais, elle sera présentée par Augustin Trapenard et Rachid Santaki. A partir du 11 avril, les passionnés de la langue française vont y relever le défi de textes sur la thématique de la mer. Quatre autrices ayant écrit les trois textes seront présentes : Emma Green, Tatiana de Rosnay et Leïla Slimani. Ces rencontres auront vocation à «célébrer la richesse du français dans une ambiance conviviale», dans la réflexion et le jeu.
Cette programmation se voulant tout public, les passionnés de livres en herbe ne seront pas en reste. Dans l’espace jeunesse du pavillon marocain, vendredi, samedi et dimanche, les jeunes visiteurs auront rendez-vous avec une présentation du jeu «1001 questions sur le Maroc». Porté par la journaliste et productrice Nadia Larguet et l’illustratrice Myriem Chraïbi, il s’agit d’un «projet culturel qui vise à promouvoir la richesse du patrimoine marocain» dans un format ludique et attrayant, avec «une série de questions sur divers aspects du pays (histoire, géographie, art, culture, sport)» permettant de tester la culture générale.
En tout, le Festival du livre de Paris s’étend sur onze scènes, avec «une programmation augmentée» qui «croise les genres littéraires et favorise des passerelles avec d’autres disciplines artistiques telles que le cinéma, le spectacle vivant, les arts plastiques, la photographie ou encore la musique autour de spectacles, d’expositions, d’installations et de performances…». Prônant «un esprit résolument convivial et festif», le rendez-vous se veut un espace pour «toutes les littératures».
En 2024, le festival a accueilli 103 000, dont 45% de moins de 25 ans, d’où la valorisation des publications jeunesse, de la bande dessinée, du manga et Young Adult, «tout en consolidant la place centrale du roman, des essais et de la poésie».